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La CGT vous la voulez comment ?

Publie le mardi 9 mai 2006 par Open-Publishing
8 commentaires

La CGT vous la voulez comment ? (Texte de CHARLES HOAREAU)
Texte de l’intervention que Charles n’a pas pu faire au congrès puisque le bureau du congrès n’a pas voulu lui donner la parole.

...A la hauteur de la colère des salariés...

En 17 ans d’existence du comité chômeurs des Bouches du Rhône nous n’avons jamais été confrontés à une telle montée de la misère et à une telle massification de celle-ci. Non seulement le chômage et la précarité ne diminuent pas mais tout le système d’aide sociale se déglingue et ne peut plus répondre à l’urgence sociale. Dans ce domaine aussi la loi de décentralisation n’a fait qu’empirer les choses.

On a moins de sous pour le social ? Alors on fait la chasse aux chômeurs et rmistes. 30 ans de montée continue du chômage n’en finissent pas de ghettoïser des populations entières mal logées, discriminées, maintenues dans la pauvreté. Pas étonnant dans ces conditions que celles-ci oscillent entre abattement, colère et désespoir.

Pour autant la colère inorganisée et sans perspective peut, nous le savons tous, aboutir à un effet exactement inverse à celui recherché. Le CPE était la soi disant réponse à la colère des quartiers pauvres.

Nous pensons qu’il n’y a rien de plus urgent pour la CGT qu’elle soit présente au quotidien au côté de ceux et celles qui souffrent. Présente et disponible pour la lutte sans donner à celle-ci d’autres limites que la réponse aux besoins. A ceux et celles qui se posent la question de savoir si l’on doit employer dans le document le terme lutte de classe nous rappellerons simplement la phrase de Guillaume Sarkozy, le frère de l’autre, « Si la lutte des classes existe nous la gagnons tous les jours »...

Pour ne prendre qu’un exemple comment peut on aborder la question du statut du salarié sans aborder celle du statut des entreprises ? Imagine-t-on demain une entreprise où des salariés aux parcours différents auraient pour le même travail un statut différent ? De même poser la question de la sécurité sociale professionnelle, idée d’ailleurs reprise allègrement par nos adversaires n’est ce pas admettre comme inéluctable le chômage et renoncer de fait au plein emploi solidaire ? Le chômage n’est pas fatal, les délocalisations non plus.

Quand les salariés d’ ARCELOR voient leur emploi menacé par une opération de spéculation entre capitalistes, la CGT ne devrait-elle pas mener bataille pour la nationalisation de la sidérurgie ?

Poser la question des nationalisations, c’est poser la question de l’Etat nation, non pas pour refaire l’Albanie comme cela m’a été répondu hier en commission, mais plutôt, sans en faire un modèle, s’inspirer du Venezuela, où un peuple se bat face au capitalisme mondial pour se réapproprier les richesses nationales.

Si l’on veut que les plus exploités, les exclus adhèrent en masse à la CGT et en fassent leur outil il faut qu’ils aient le sentiment que celle-ci est un véritable outil de lutte qui ne va pas conditionner son action à des négociations sans fin face à un capitalisme qui ne veut rien négocier ou que cet outil va attendre l’arme au pied une unité d’action basée sur le plus petit dénominateur commun quitte à ne pas répondre aux attentes de ceux et celles qui n’en peuvent plus.

Dès le lendemain du 4 octobre n’y avait-il pas nécessité de poursuivre l’action, de la proposer aux autres et de la mener seuls s’ils ne voulaient pas suivre ? A-t-on tout fait confédéralement pour élargir des conflits majeurs comme ceux du Port, de la SNCM ou de la RTM qui portaient en leur sein la question du choix de société ? Nous ne le pensons pas.

La défense du service public ne passe pas par l’énoncé de vœux pieux mais par des actes.

Si l’on veut rendre l’espoir aux gens il faut dire clairement que le capitalisme n’est pas amendable parce qu’il porte en son sein l’inégalité de la répartition des richesses due au fait que certains vivent et s’enrichissent du travail des autres, il faut dire que rien ne nous sera donné et que tout sera acquis par la lutte ce que l’histoire a montré et montre encore.

Il y a dans la vie et dans les congrès des symboles qui en disent long.

Quand des jeunes étudiants montent sur la tribune du congrès de la CGT et chantent main dans la main avec des dirigeants confédéraux, c’est un symbole fort.

Quand un dirigeant confédéral fait ostensiblement la bise à une ancienne ministre du travail qui a cassé le SMIC et supprimé le fonds social des chômeurs c’en est un autre.

Quand enfin un dirigeant confédéral co-écrit un livre au titre révélateur (changer le travail ensemble) avec un ancien président du MEDEF ce n’est plus un symbole, c’est une dérive.

Pour la 1ère fois depuis 17 ans nous voterons contre le rapport d’orientation et cela ne nous fait pas plaisir...

Messages

  • Epatant !
    pas etonnant que la CGT ait refuse de lui donner la parole ...

  • La CGT vous la voulez comment ?

    Modestement je la veux comme les 82% de congressistes qui ont approuvé le projet d’orientation.

    claude de toulouse .

  • D’abord un grand merci à toi Charles.Tu fais à la CGT ce que j’aimerais qu’elle fasse partout.
    Chapeau bas camarade !!!
    La CGT je la veux combattante,du coté de la classe ouvrière de manière vraie.Je la veux "syndicalisme de masse","lutte de classes" ! Je ne la veux pas trahissant la classe ouvrière comme ce fut le cas avec la SNCM et la RTM à Marseille.Je ne la veux pas comme en 1968 trahissant le merveilleux mouvement en acceptant les accords de Grenelle.
    Je veux une CGT HONNETE sur laquelle les travailleurs(euses)puissent compter.

    Militant cégétiste depuis plus de 40 ans j’ai souvent été écoeuré mais j’en suis toujours et je n’ai pas fini d’ouvrir ma gueule !
    François.

  • Il est vrai que se pose la question de la censure du texte de Charles Hoareau par le bureau du congrès. En effet je ne vois pas en quoi cela est gênant dans un congrès et et ailleurs que l’on puisse échanger des points de vue différents. D’ailleurs la discussion sur ce texte par le congrès aurait évité tout le dégueulis et les insultes versés sur certain site, ou seule l’invective a pris la place à de véritables confrontations de vues.

    Ce texte rédigé par Charles au nom des chômeurs, met l’accent sur l’avis d’un glissement vers des positions réformatrices de notre centrale Cgt, pourtant votées à 82% par les mandants de la famille Cgt.

    Est-ce que ce glissement est de la seule responsabilité de notre confédération ? Cela aussi doit être débattu.

    D’un côté il est facile de dire (moi quelquefois) que notre confédération Cgt « n’est plus le syndicat » qui tape sur la table comme il le fit - certains diront qu’il n’est plus un syndicat s’inscrivant dans la lutte des classes-, et de l’autre côté ignorer l’éclatement et le changement du salariat qui ne se considère plus comme faisant partie de la classe des travailleurs ou pire qui en a honte, la disparition des grosses structures fortement syndicalisées, la peur des salarié(e), l’absence d’effort de ces mêmes salarié(e)s à s’intéresser à la chose politique ou ne la vivant qu’au travers des médias à la solde de nos oppresseurs, le laisser faire des salarié(e)s, d’autres raisons encore et la phrase qui tue : « De toute façon qu’est-ce que tu veux faire, ILS feront ce qu’ils ont décidé ! ».

    Combien de fois l’on m’a asséné cette phrase au final de longs moments de discussion et d’apport d’éléments pourtant clairs et justifiés qui appelaient à une mobilisation. Je veux bien accepter que l’on puisse être un mobilisateur médiocre, mais lorsque d’autres copains « ferraillant » comme on doit le faire dans un syndicat de lutte me rapportent les mêmes conclusions, il est normal de dire que la carence de l’action en riposte aux assauts de nos étrangleurs vient en grande partie du côté des salarié(e)s.

    Comment gérer cette réalité du terrain, même si le syndicalisme rassemblé m’énerve, comment endiguer cet éparpillement d’avis, de propositions et de non-proposition, de positions et de non-position ?

    Le mouvement anti CPE prouve que le rassemblement massif est porteur de résultats, minime certes mais réel. On m’avait reproché il y a quelque temps que je ne parlais sur ce site que du CPE pour mobiliser, j’avais répondu OK sur le site ; mais sur le terrain, chez les salarié(e)s, dès que j’essayais d’engager sur la LPE, le CNE (pourtant), l’accord de Bologne, les intermittents du spectacle etc…la grande partie déconnectait immédiatement pour n’en revenir qu’au strict CPE.

    Le travail des militants Cgt continue d’être sur la base de la lutte des classes, encore faut-il que les classes se reconnaissent et agissent.

    Qu’elles agissent pour montrer qu’elles veulent agir et empêcher par ce comportement un glissement des confédérations vers ce réformisme que je ressens aussi.

    Un bémol tout de même, la Cgt n’a jamais signé d’accord qui tende à asservir le PROLÉTARIAT. Lorsque la CFDT à signé en 2003 l’accord sur les retraites, les militants CFDT lui ont fait payé cher en pratiquant une hémorragie dans ce syndicat. Était-ce une bonne chose ? Je ne sais pas, j’aurais préféré qu’ils restent à l’intérieur et qu’ils influent vers plus de radicalisme, mais ce fut leur choix courageux et non sans pincement au cœur je suppose.

    Le choix de Charles en la matière est significatif pour empêcher les dérives. Je le salue.

    L’exemple de la CFDT devra inspirer nos confédéraux, ils ne sont pas immuables. À ceux qui diront que la Cgt est fermée, veuillez consulter la critique de Charles Hoareau et SUR LE SITE DE CGT 13 !

    Rien ne me fera sortir de la famille Cgt !

    Fraternellement

    Esteban

    • "D’ailleurs la discussion sur ce texte par le congrès aurait évité tout le dégueulis et les insultes versés sur certain site, ou seule l’invective a pris la place à de véritables confrontations de vues."

      Pourquoi ce texte est il passé d’abord sur ce ou ces sites ? Qu’y a t-il a taire qui ne soit pas déjà inscrit dans ce parcours étrange ?
      Deux questions parmis bcp d’autres... mais place à de véritables confrontations aussi...si l’on veut bien accepter que les décisions enregistrées lors de ce congrès auront des répercussions sur l’ensemble du champ des mouvements sociaux ou lutte des classes.

    • Mon modeste avis sur les deux questions :

      1- Parce que la confédération et le bureau du congrès ont empêché qu’il soit débattu, comme d’autres textes. Ce qui est pour le moins ridicule et renforce les casseurs de Cgt au détriment de ceux qui dénoncent honnêtement et qui la veulent existante mais lutteuse.

      2- Rien ne peut être tû, et la seule manière de mettre fin à ce parcours étrange prolongé par les décisions enregistrées lors du congrès est la réaction par l’action en masse des salarié(e)s obligeant les centrales syndicales à garder le cap défini par cette même base.

      les répercussions sur le champ des mouvements en seront de ce fait inopérantes, les centrales seront obligées de rester sur le champ d’un syndicalisme de lutte des classes et non réformiste.

      Esteban

  • Je la veux dissoute et les marins CGT de la SNCM traduits en justice pour malversations et harcellement sexuel comme cela vient d’être révélé !