La Fable

Rappelez-vous en 1991, c’était la guerre du Golfe, la première. L’aviation américaine avait bombardé Bagdad. Ce fut un déluge de feu et d’acier, avec des milliers de morts.

L’Amérique avait profité pour mettre pied en Arabie. Des bases militaires fleurirent partout dans le désert, tout près des puits de pétrole. Cela a duré jusqu’en 1997. Cela faisait désordre. Les opinions publiques arabes ne s’y faisaient pas à cette présence barbare aux portes de Médine et de la Mecque. Même le prince Abdallah, aujourd’hui roi, était exaspéré.

Jusqu’au jour où, à l’occasion d’une escale de Madeleine Albright, la dame qui avait dit que " la mort de dizaines de milliers d’enfants irakiens suite à l’embargo américain contre l’Irak était pour elle un détail " fut interpellé diplomatiquement par le prince.

"Permettez-moi, madame, de vous raconter une fable de chez nous ?" lui dit le prince.

"Mais je vous en prie, majesté. Faites !"

Et le prince Abadallah raconta :

"Un berger avait embauché des chiens pour protéger son troupeau des loups. Mais les chiens coûtaient de plus en plus cher au berger, obligé de tuer des moutons pour les nourrir. Le berger décida donc de se débarrasser des chiens, et de se débrouiller seul avec les loups..."

On raconte que Mme Albright n’avait plus ri de toute la soirée. Que depuis ce jour, les choses se sont envenimées entre Washington et Ryad, au point que les boys ont dû débarrassé le plancher...

Mais ne nous emballons pas trop vite.

Jugeant la réconciliation indispensable, Abdallah a rendu deux fois visite à George W. Bush, en 2002 et 2005. Les morceaux sont recollés, faisant oublier la fable de 1997.

Aujourd’hui, le prince est devenu roi... c’est dit-on dans l’ordre des choses.

Et les chiens errent dans les rues de Bagdad.

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