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La France vue par un Cubain...
Publie le dimanche 20 février 2011 par Open-Publishing12 commentaires
20 février 2011
La France vue par un Cubain...
L’illusion française.
Andrés BANDERA TAMAYO
Depuis que j’ai l’âge de raison j’ai entendu mes parents et professeurs parler de la beauté de ce pays et de la grandeur de ses habitants. Tous parlaient des œuvres extraordinaires de ses auteurs, des artistes plastiques, des musiciens et de la Commune de Paris. Je me souviens qu’un jour mes parents sont arrivés à la maison avec un livre sur la révolution française et qu’ils m’ont incité à le lire. Cet ouvrage me fascina a tel point que je le lus plus de dix fois tout au long de ma vie. C’est là que j’ai appris qu’à la fin du XVIII° siècle, la France avait une superstructure monarchique absolue, que son Roi s’appelait Louis XVI et que la société était divisée en trois classes : le clergé et l’aristocratie/noblesse qui ne payaient pas d’impôts et le Tiers Etat dont le niveau de vie était bien pire et dont les impôts, cependant, faisaient vivre le pays. A la lecture de cette Histoire essentielle de la révolution j’ai découvert que quelques ministres avaient essayé de mettre en œuvre quelques réformes : que les privilégiés payent eux aussi des impôts et qu’il y eut une rébellion du côté des aristocrates et que pour défendre les intérêts du peuple Français de cette époque, ils ont abandonné l’aristocratie, qu’ils ont prêté serment, ont rédigé une constitution et ont mis en place une Assemblée Nationale Constituante.
Ainsi commença la Révolution française bientôt rejointe par le peuple, quelques aristocrates, des membres du clergé, une partie de l’armée et le 14 juillet 1789, les habitants de Paris prirent d’assaut la prison de la Bastille pour protester contre le Roi ; cela provoqua la fuite de nombreux aristocrates. Telle était la France que je connaissais à travers ce livre lu plus de dix fois. La France rebelle et révolutionnaire qui guerroya pour en finir avec l’aristocratie et y arriva en menant Louis XVI à la guillotine et qui par la suite poursuivit la révolution jusqu’à construire un magnifique pays qui nous a fait rêver, par son architecture, ses sculpteurs, ses peintres, pas seulement moi, mais des millions et des millions de personnes et dont rêvent encore des millions et des millions d’hommes. Un pays dont la culture des Victor Hugo, Verlaine, Rousseau, Zola et tant d’autres a été le modèle de la culture Universelle, un pays, aujourd’hui, triste, désinformé et asphyxié par la machinerie infernale de l’impérialisme.
Qu’il est difficile de voir comment la Nation de la Commune de Paris, des Droits de l’Homme, du Siècle des Lumières, se retrouve assombrie par la misère qui pullule dans ses rues, de voir des femmes et des hommes qui ignorent l’Histoire passée de leur pays et les événements historiques, nationaux et internationaux actuels, ainsi que de constater leur passivité face à leur propre pays dévasté, par une société consumériste qui étouffe les villes françaises, partout où je suis allé, sous la carapace des supermarchés et des panneaux publicitaires. La culture, la fameuse élégance, toute l’intelligence française, ont été enterrées sous les miroirs aux alouettes qui attirent la misère dans laquelle les opportunistes et les traitres à leur patrie, sociaux démocrates ont noyé le Pays des Lumières. J’entends par miroir aux alouettes, une société de surconsommation, de gâchis qui entraîne une démesure dans ses slogans publicitaires, tout support confondu. Aucun domaine n’est épargné :
– des loisirs basés sur la consommation avec des complexes, temples du virtuel, de l’abrutissement, conçus sur le modèle étatsunien ;
– un habitat uniformisé et qui ne respecte plus les particularités régionales (surtout dans le grand Sud de la France) ;
– un urbanisme saturé avec une superposition d’infrastructures plus démonstratives qu’efficaces (je pense à la réintroduction du tramway et en particulier sur La Canebière à Marseille. Après avoir supprimé les tramways après-guerre, toutes les villes veulent aujourd’hui leur tramway) ;
– des villes avec leur centre ville encombré et des provinces désertifiées ;
– une politique tout voiture qui conduit à faire payer les autombilistes qu’ils roulent ou qu’ils soient à l’arrêt : carburant à un prix élevé, autoroutes payantes, stationnement payant ;
– une présence policière importante dans les grandes villes avec des contrôles d’identité impressionnants, sans compter la présence d’une armée, mitraillette au bras dans les grandes villes : Marseille, Paris ;
– une agriculture industrialisée, sectorisée, polluée, appauvrissant le sol, détournée de la polyculture ;
– une mode « bio » investie par les sociaux-démocrates estampillés écolos, plus préoccupés de leur nombril que de l’intérêt général ;
– une culture abandonnée aux mains des sociaux-démocrates qui utilisent notamment l’outil de travail arraché à celles des travailleurs pour le vider de son caractère social et économique, pour un devenir de marchandisation grottesque, un affront au monde du travail. Tous les arts sont touchés. Pour noyer « cet immense vide culturel », la social-démocratie table sur un nombre incalculable « d’artistes » qui pour la plupart conçoivent des oeuvres sans aucune règle artistique : musique, vocal, peinture, littérature, sculpture, etc. Tous les arts sont tristement concernés.
Par ailleurs, si la « culture » grand publique » connaît un niveau très bas, il existe des groupements de personnes qui résistent et qui proposent une culture de bonne qualité. Elle fait hélas figure d’élitisme, de réseaux. J’ai été notamment invité par une maison d’éditions à Limoges « Le Bruit des Autres » qui fait un travail sérieux et courageux. Cependant ce milieu est aussi infiltré de pseudo-intellectuels opportunistes.
J’ai parcouru tout un circuit sous la houlette d’une excellente guide, qui connait bien son pays et son histoire. C’est elle qui m’a montré, sans retenue, le meilleur et le pire de son pays sur lequel elle pleure.
Les rencontres, les activités que j’ai faites dans diverses institutions, surtout au Collège Gaulcem-Faidit où j’ai participé à un projet qu’ils appellent « Ouverture sur le Monde, ouverture aux autres » avec les élèves de six classes, qui étudient l’Espagnol, a été pour moi une nouvelle déception. Nous avons été accueillis, Muriel Dichamp, Présidente de l’Association de Solidarité avec Cuba « Corrèze Cuba Estrella », à l’initiative de cette rencontre, et moi par la professeure d’Espagnol et des membres de la Direction avec un abondant buffet. A l’exception de la professeure, le comité d’accueil, poli et courtois, était plus dans la représentation que dans l’authentique : j’en ai connu des plus chaleureux dans la tradition cubaine. D’autre part, lors de la récréation, les professeurs se réunissent dans une salle, aucun d’eux ne s’est adressé à moi. Ce manque de contact et de curiosité est affligeant. Mais ce ne fut pas là le plus triste, ma peine la plus profonde je l’ai ressentie lorsque j’ai rencontré chacune des classes. Ceux qui avaient le moins de connaissances en Espagnol l’étudiaient depuis sept mois et ne savaient pas formuler les questions les plus élémentaires, encore moins comprendre les réponses. En voyant cela, j’ai décidé de poser des questions et d’établir un dialogue en Français. Je me suis rendu compte que ces braves enfants attentifs ignoraient l’histoire culturelle et politique de leur propre pays. Sur cuba, lorsque je leur expliquais ce qu’était Cuba, deux ou trois l’ont associée avec el Che parce que ce héros internationaliste est connu universellement grâce à la vente des casquettes et de T-shits.
Tout le dialogue tourna autour de l’orientation de lectures utiles sans relation avec les moyens que la social démocratie utilise pour noyer dans l’ignorance le peuple Français qui vit aujourd’hui sous un régime qui préfère, par opportunisme, le maintenir dans l’inculture et l’ignorance de sa propre réalité et de la réalité du monde, pour lui escroquer sa liberté. Les questions posées sur Cuba, sur son gouvernement, étaient un autre indice sur la désinformation à laquelle sont soumis, en toute impunité, les Français. Le pire c’est la conscience du mensonge qu’ils ont créée chez eux. L’immense majorité est convaincue que ce que disent les medias est la Vérité ; que les Cubains révolutionnaires et les Français qui ont visité Cuba, mentent. Ils croient que Castro est un dictateur et que les Cubains se sont résignés à leur misère. Nombreux sont ceux qui ignorent et parfois ne croient pas qu’il existe un embargo/blocus criminel qui assassine des enfants, des vieillards, des femmes et des hommes malades, par manque des recours que les USA refusent à Cuba quitte à les jeter à l’eau.
Pendant les quarante jours passées en France j’ai parcouru les principales communes de la Corrèze ; la Basse et la Haute Corrèze, je suis allé à Bordeaux et j’ai visité quelques communes comme Saint Emilion et ses vignobles, à Périgueux capitale de la Dordogne, à Marseille et enfin à Paris et partout, exception faite de Paris, j’ai vu passivité, résignation, conservatisme et même de la peur. Je dis à l’exception de Paris parce que j’y ai respiré un air de solidarité et de combativité lors d’une réunion de haut niveau avec l’organisation de solidarité et d’aide aux Cubains France Cuba, dont le Président André MINIER et presque tous les présents ont exprimé leurs convictions ; Annie ARROYO a apporté une brillante contribution. Muriel DICHAMP a démontré son courage habituel, sa sincérité pleine de talent dans la défense de l’intégrité de l’association. Tous se sont prononcés contre le blocus de Cuba, en faveur de la restitution de la base de Guantánamo à son propriétaire légitime et en faveur de la libération des cinq héros injustement détenus dans les geôles des USA.
J’ai assisté, à Paris, à une pièce de théâtre pleine de courage sur la vie de guérillero du Che qui peut se révéler très utile pour les Français ; mais dans le reste du pays, à de très rares exceptions, les bons discours se prononçaient en cachette. Ce silence m’a déçu. L’admiration que j’avais pour les hommes qui ont fait l’histoire culturelle et politique de ce merveilleux pays est restée en suspens et son avenir se traîne dans la poussière, résignée, triste et soumise. La France est un musée qui s’assombrit sous les regards convoiteurs de la social-démocratie, alliée d’une droite de plus en plus dure et virulente. Et tout cela à cause d’une superstructure sociale qui ne prend pas en compte la pauvreté. Qui ne pense qu’à se gaver d’argent, se damnant définitivement et oubliant les principaux droits de l’homme, bref, l’impérialisme.
L’illusion française traîne triste et misérable dans les rues, dans le métro, sous les ponts avec son cortège de femmes et d’hommes, abandonnés par la société, souffrant de faim et de froid. Elle a même oublié le sens de la Marseillaise.
Andrés BANDERA TAMAYO
acteur cubain
Traduction de F. Candás
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Messages
1. La France vue par un Cubain..., 21 février 2011, 00:36
tres édifiant
1. La France vue par un Cubain..., 21 février 2011, 08:38, par cocodu24
Enfin quelqu’un qui a un regard lucide sur ce que nous sommes réellement.
Bien vu , Monsieur !!!
2. La France vue par un Cubain..., 21 février 2011, 19:21, par 562
Oui très bien par ce monsieur . Il ne lui reste plus qu’a regarder ce qui se passe chez lui . Ce sera certainement plus difficile , car en plus d’y voir a peu près la même chose il n’aura pas le droit d’en parler !
3. La France vue par un Cubain..., 21 février 2011, 20:12, par A.C
M’en parler pas madame Michu..
OUI on pourrait même le fusiller , et avant le torturer dans une prison cubaine..ou l’on se contrefout des Droits de l’Homme..
Guantanamo, c’est le nom ?
en plus affamée la famille mangerait ses restes en se saoulant au mojito !
VIVE la LIBERTE, !
VIVE NOTRE FRANCE laïque !
Vive nos raies publiques . ;
Malheur aux Barbus !!
Comme disaient Pierre Dac et Francis Blanche
http://www.omnibus.tm.fr/malheur-aux-barbus-pierre-dac-L9782258084391.html
A.C
2. La France vue par un Cubain..., 21 février 2011, 08:49
Attention, partout et en France comme ailleurs, "l’idéologie dominante est celle de la classe dominante". C’est pas dans l’enseignement, fief social démocrate, qu’on trouvera une exception à cette règle. Depuis des décennies on y apprends que Hitler et Staline ne sont que les deux faces d’une même médaille, le "totalitarisme". Quand on ne l’occulte pas purement et simplement, Castro n’est qu’un proche parent de Staline, dans le meilleur des cas c’est un "Pinochet de gauche".
Faut donc pas s’étonner si tout ce beau monde a tendance, au premier abord, à mépriser une collègue cubaine "non dissidente". Mais je pense que si l’on tenait compte de cette donnée dans la préparation de ces contacts, cela se passerait mieux, et même éveillerait la curiosité de beaucoup de nos enseignants qui conservent, malgré tout, l’essentiel de l’esprit français à savoir le goût de la critique
3. La France vue par un Cubain..., 21 février 2011, 11:36
Trés caricatural , par exemple le passage sur l’école : ces méchants enseignants vous ont snobés pendant la récréation ? risible.
1. La France vue par un Cubain..., 21 février 2011, 11:54
... "Risible" ???... Pas certain (par expérience) pour ceux qui, "Instituteurs ou Institutrices", ont eu parfois à travailler au sein d’un collège... Ils n’ont guère d’autre choix que de se réfugier dans ce qu’on appelle un "trou de souris"... C’est quand même un peu (beaucoup) dommage !!!... Pas certain non plus que l’appellation de "Professeur des Ecoles" y change grand’chose...
2. La France vue par un Cubain..., 21 février 2011, 12:07
Ouais, tous ces enseignants qui ne connaissent de Cuba que ce qu’en disent le Monde ou Libération sont tellement bien informés que...
4. La France vue par un Cubain..., 21 février 2011, 15:19, par Molinier
Comme dit plus haut l’idéologie dominante est celle de la classe dominante. Et ce militant cubain en est un bon exemple lui qui parait si acritique sur le régime cubain.
Autant il me semble élémentaire de défendre le peuple cubain face aux attaques impérialistes, autant je ne fais aucune confiance aux posts-staliniens de France-Cuba qui nous vantent le "bilan globalement positif" de l’expérience cubaine.
Comment peut-on être acritique sur cette parodie de socialisme et de démocratie ouvrière strictement encadrée par le Parti Communiste lui-même totalement cadenassée par une caste bureaucratique qui profite des avantages moraux et matériels de leur statut de dirigeants et qui n’hésite pas à aller à l’encontre des interets de classes pour les préserver ?
Comment ne peut-on pas constater que si les interets privé de la grande bourgeoisie ont étés balayés, ils ont étés remplacés par un capitalisme d’état contrôlé par la caste de dirigeants ?
Ni Washington, ni La Havane ! Socialisme international !
1. La France vue par un Cubain..., 21 février 2011, 17:38
çà fait déjà longtemps que Fidel a offert sa démission à celui qui serait capable de trouver un compte bancaire à son nom ailleurs qu’à Cuba.....
2. La France vue par un Cubain..., 21 février 2011, 23:04, par richard PALAO
MOLINIER , tu n as certainement jamais mis les pieds à CUBA , ou alors tu es d’une mauvaise foi écrasante ...
des experts américains viennent de remettre à OBAMA un rapport qui indique que CUBA est mieux armé qu’il y a vingt ans pour régler les problèmes économiques et ils en tirent comme conclusion que le castrisme n’est pas près de s’écrouler ...
Cela ne veut pas dire que tout va bien à CUBA , mais lorsque l’on analyse honnêtement le contexte international : le blocus, la fin du camp soviétique , les sabotages menés en sous main par les USA ... on peut en conclure que la marche vers le socialisme à CUBA va dans la bonne direction et obtient des résultats remarquables dans de nombreux domaines : éducation, santé , sport , culture etc ...
MOLINIER il est tout de même curieux que la presse s’empare de la moindre déclaration d’opposants en la prenant pour argent comptant mais que par contre on considère comme mensonger le témoignage comparatif d’un étudiant cubain .
CASTRO déclarant lui même qu’il ne sait pas comment on construit le socialisme , tu devrais éviter de faire de te poser en donneur de leçons et au contraire de t’inspirer de la modestie d’un grand révolutionnaire qui restera dans l histoire comme un des plus grands combattant contre l’impérialisme et le capitalisme .
CUBA SI !!!
5. La France vue par un Cubain..., 21 février 2011, 20:25, par A.C
je reste zen mais comme on commente l’article en parlant de Cuba..j’ai des vapeurs..
C’est l’ami Molinier le responsable..
:))
Voilà de quoi me faire retomber en"sectarisme stalinien"
Je vous prie d’excuser mais ce genre de "NI-NI- je supporte très mal..
C’est de la solidarité de révolutionnaire..droit dans ses..chaussons !
Pas crevant en plus pour qui tenterait de perdre son temps en analyse dialectique.
Ces barbus les barbent, aux Vrais militants..!
Fabius c’est pareil..
"Cuba si..Castro NON"..trépigne le chauve des diamantaires.
.
je vais vous dire ..et si ça vous amuse de me traiter de stalinien , je m’en tape !
Non , CUBA n’est pas un modèle pour moi.
Son "socialisme’" je n’en demande pas un copier coller.
Je suis avec FIDEL..parce que je sais que le peuple cubain, malgré tout ce que je lirai dans Libé, le Figaro..ou même ici., ce peuple admirable, , lui,, il préfère traverser des moments pas simples dans une Révolution compliquée...que de se demander, comme nous, si, en 2012 il va se taper un Nain ou le patron du FMI..!
Je suis de ceux qui ne donneront pas de leçon de Socialisme pur et conforme à "ma" norme.., à un peuple, un Parti et des dirigeants qu’un blocus impérialiste affame sans que .....la 4° internationale ne lève des Brigadistes de par le monde..pour faire reculer
la flotte des mercenaires de Wall Street !
Bise virtuelle mais pleine de fraternité reconnaissante à Danielle Bleitrach
Lisez ses papiers , ses livres..notamment bien sur :
"Cuba est une ile "co écrit avec les potes Viktor Dedaj et Jcques-François Bonaldi
Pour le plaisir, pour que l’Ami molinier et d’autres aient des raisons de penser que je suis un p’tit con...et ne se gènent pas pour l’écrire....cadeau !
:))
http://cubasilorraine.over-blog.org/article-l-egypte-cuba-et-the-wall-street-journal-la-isla-desconocida-67087568.html
Source
http://la-isla-desconocida.blogspot...
Traduit par Manuel Colinas Balbona pour Le Grand Soir
Hasta siempre..!
AC