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de Sébastien Crépel
Extrême gauche . La victoire unitaire du « non » au référendum en 2005 a modifié les équilibres internes au congrès de la LCR qui s’ouvre aujourd’hui.
C’est à un congrès « très ouvert », aux dires d’Alain Krivine, leader historique de la Ligue communiste révolutionnaire, que vont participer, à partir de cet après-midi et jusqu’à dimanche, les quelque 400 délégués attendus à La Plaine-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). De fait, le paysage des tendances qui structurent le parti trotskiste a sensiblement évolué depuis ses dernières assises, fin 2003, qui avaient validé l’accord Lutte ouvrière-LCR aux régionales et aux européennes. Une ligne reconsidérée après la claque électorale qui a vu ces deux organisations perdre tous leurs élus, et la décision de la LCR de « recoller » à la gauche - contre l’avis de son ex-partenaire - en contribuant à la victoire unitaire du « non » de gauche au référendum. Ce sont ces questions, et les leçons à en tirer, qui seront au coeur du congrès.
La dynamique du « non »
Les rapports de forces de 2003 s’en trouvent déjà modifiés. Dans les congrès locaux, la « plate-forme 1 », présentée par la majorité sortante incarnée par Alain Krivine et Olivier Besancenot, a perdu sa majorité absolue avec 48,9 % des voix (57,5 % en 2003). Elle était alliée au dernier congrès à la « plate-forme 2 », incarnant la fidélité au tandem LO-LCR, et qui rassemble 12 % des voix. Leur principale concurrente est la « plate-forme 3 », emmenée par Christian Picquet, représentant la minorité hostile à l’accord LO-LCR en 2003. Celle-ci a obtenu près de 26 % des voix.
C’est autour des deux principales « plates-formes » que devraient se polariser les débats. Au centre des controverses : les prolongements à donner à la dynamique du « non ». Les partisans regroupés autour d’Olivier Besancenot et d’Alain Krivine proposent de « poursuivre l’élan du "non" de gauche dans l’animation des collectifs du 29 mai », mais sans trancher « la question de candidatures unitaires » avec les formations du « non » aux prochaines élections. Tout en reconnaissant « une exigence forte et légitime » à de telles candidatures, ils relèvent que « des divisions existent sur (des) points importants entre les forces politiques engagées dans la bataille du "non" ». Entre autres « divergences », celles rencontrées « avec le PCF tant sur le contenu d’une alternative que sur la question gouvernementale ». Les auteurs de la « plate-forme 1 », qui excluent - point consensuel à la LCR - toute participation à une majorité avec le PS, accusent leurs camarades proches de Christian Picquet de les « sous-estimer ». D’où la proposition que « la LCR se donne déjà les moyens d’être présente lors des prochaines élections, présidentielle et législatives ».
Une issue de congrès incertaine
Une posture que récusent les auteurs de la motion Picquet, qui y voient un renoncement à « modifier la donne politique à gauche » et une tentative « de relativiser l’onde de choc du "non" de gauche ». Eux estiment au contraire possible « une autre dynamique massive à gauche » que « la réédition de la gauche plurielle », en cherchant « une alliance politique qui soit déterminée à exprimer la radicalité sociale ».
À partir de ces deux positionnements fondamentaux, tous les pronostics sont possibles. Si la tendance représentée par Alain Krivine et Olivier Besancenot restera incontestablement le pivot de la future majorité, il lui faudra composer avec l’une ou l’autre des tendances représentées au congrès. Soit les délégués choisissent de reconduire la direction sortante, à l’origine de l’accord LO-LCR en 2003, une option qui serait synonyme de « repli », selon Christian Picquet. Soit la LCR effectue « un pas qualitatif » en approuvant la poursuite de l’expérience victorieuse tentée avec le front du « non » en 2005. Une seconde option qui a ses chances, selon Picquet, avec des militants qui seraient majoritairement favorables à un partenariat électoral à la gauche de la gauche. Reste que le choix de la LCR, annoncé hier par Olivier Besancenot, de s’exclure de la réunion des partis de gauche le 8 février prochain, en dépit du souhait du PCF, rend plus incertaine l’issue du congrès.