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La Patrie et le socialisme ?

Publie le vendredi 15 juin 2007 par Open-Publishing
3 commentaires

Quand on ressort le drapeau tricolore....

Il est une histoire difficile à faire quand on se dit communiste. C’est celle du drapeaux tricolore et de la Marseillaise. Car derrière se cache les mots de nation, de patrie et nationalisme. Pourtant derrière se trouve aussi les mots Révolution, Constituante ou encore guerres révolutionnaires.

Et oui, la patrie continue de travailler les esprits de certains militants . Le nationalisme reste une doctrine qui structure le cerveau des Français.

Pourtant j’affirme qu’il est possible d’être patriote sans être nationaliste. J’affirme qu’il est possible d’être communiste et patriote sans pour autant tomber dans le chauvinisme.

Pour cela je voudrai revenir en arrière. Le nationalisme est une doctrine. Il s’agit de faire de la Nation une façon de penser. En clair, c’est l’affirmation de la supériorité d’un peuple sur les autres. C’est la porte ouverte à toutes les hécatombes. La bourgeoisie, par le passé s’est servie du nationalisme pour ses propres intérêts. La 1ère guerre mondiale en est le pire exemple. Les bourgeoisies françaises, allemandes, anglaises, russes, et autrichiennes n’ont pas hésité un seul instant : elles ont envoyé à la mort des millions de paysans et d’ouvriers juste pour savoir laquelle dominerait l’autre.

Mais revenons à la France de la « Belle Époque ».

Le nationalisme en 1914 avait infiltré, tel un poison, les rangs des socialistes et des anarcho-syndicalistes français. L’Union Sacrée de juillet et août 1914 découle de la trahison des leaders du socialisme français et de leurs camarades allemands.

Et pourtant, tous avaient fait le serment de ne pas s’entredéchirer pour les intérêts de leur bourgeoisie respective. La grève générale devait empêcher la boucherie.

Il y avait un militant qui avait mis en garde tous les socialistes européens. C’était Jaurès. Pourtant il se disait patriote mais non pas nationaliste. Cela provoqué lyre de ses camarades. Voici comment il l’expliquait.

Le patriotisme c’est affirmé que les acquis objectifs de la Révolution doivent être protéger contre toute attaque de l’extérieur. En clair, si l’Empire allemand venait attaqué la République française pour y rétablir un régime monarchique -donc contre révolutionnaire- il fallait défendre la patrie. Par contre, si la bourgeoisie française voulait se lancer dans une guerre d’expansion de son impérialisme, là les socialistes doivent s’y opposer de toute leur force. La patrie française, pour Jaurès, n’est pas supérieure à une autre Nation. Elle ne peut donc prétendre à l‘expansionnisme. Au nationalisme de la bourgeoisie, Jaurès répond que les prolétaires n’ont pas de pays. Face au danger de la guerre, Jaurès répond que l’internationale des travailleurs doit appeler à la paix. Et si la guerre se déclenche, les socialistes devaient alors, appelé avec force à la défaite de leur pays respectif. Car la guerre de la bourgeoisie n’est pas la guerre des travailleurs.

Or, les socialistes hurlaient quand Jaurès affirmé cela. Ils objectaient que l’on ne pouvait prétendre à la fois défendre la patrie contre une agression de l’extérieure et refuser la guerre. Pour eux la patriotisme jaurésien était du nationalisme maquillé !

Certains même en France clamaient que le drapeau tricolore et la marseillaise n’étaient plus que des chants de la « réaction ». A ceux-ci, ils préféraient « l’internationale et surtout le drapeau rouge de la commune de Paris ». Or, ce sont les mêmes qui en Août 1914 vont soutenir la mobilisation générale alors que le cadavre de Jaurès était « encore chaud ».

En fait, ils n’ont jamais rien compris à la notion de patrie que sous-entend l’attachement au drapeau tricolore et à la marseillaise.

Affirmer que la marseillaise est un chant révolutionnaire c’est dire que la Révolution Française fut une étape essentielle dans la lutte des classes. En préserver les acquis -et donc les symboles - c’est lutter contre toute tentative de récupération des emblèmes révolutionnaires. Donc être patriote c’est affirmé que le mouvement « sans-culottes » (sans le magnifié pour autant) est l’un des ancêtres du mouvement révolutionnaire prolétarien. Mais c’est aussi dire que la Constitution de 1793 est l’une des plus démocratiques que la France a eu. Donc les révolutionnaires d’hier et d’aujourd’hui doivent s’en inspirer.

Mais pour Jaurès cette défense des emblèmes de la patrie se couple à une autre notion tout aussi importante à ses yeux : le seul drapeau qui regroupe tous les prolétaires reste le drapeau du socialisme. Le drapeau tricolore et la Marseillaise ne sont que des symboles à conserver. Mais il ne faut surtout pas en faire la base de tout. Sinon, le risque est de tomber dans le chauvinisme. C’est le chemin qui mène au nationalisme.

Donc oui on peut -et l’on doit- être patriote comme Jaurès ! Mais on ne doit jamais oublier que le socialisme est notre programme. Dans un monde socialiste, les nationalismes n’auront pas le droit de citer.

C’est par manque de connaissances historiques que les socialistes de 1914 ont pêché. Leur opportunisme leur a voilé les yeux. Ceux-là même qui ne juraient que par leur « internationalisme » sans jamais le comprendre, sont tombés dans le chauvinisme le pire qui soit : le nationalisme.

Aujourd’hui ce débat semble trancher par les historiens marxistes (ils en existent encore.).

Pourtant au PS et ailleurs, on a ressorti les drapeaux tricolores et la Marseillaise. Mais il semble bien que ce soit un attachement à la Nation -et donc aujourd’hui au valeur du MEDEF- qui prévalent plutôt que celui de la défense des acquis de la Révolution Française. Jaurès aurait-il encore perdu ?

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Messages

  • Le drapeau (Bleu Blanc Rouge) a d’abord été un compromis entre le pouvoir absolutiste de la royauté et la société civile (le bleu et le rouge étaient les couleurs de la garde municipale parisienne qui avait participé à la prise de la bastille, le blanc était la couleur du pouvoir royal).

    Et finalement, le nationalisme a peut-être souvent été cela en France, à l’image du drapeau, un mélange d’absolutisme et de volonté civile. le gaullisme, avant-dernière étape, a été ce symbole d’un pouvoir absolutiste ré-incarné dans un homme , après la IVeme république qui fut l’horreur pour les caporalisateurs, mais tempéré par un paternalisme civil...

    C’était un petit commentaire ironique sur le drapeau, dont le débat Sarko-Royal, sur le sujet, n’a intéressé que 4% des Français, je dis ça pour ceux avides de sondages... Bref tout le monde s’en tape ! Et le drapeau bleu blanc rouge pour la plupart des Français c’est + "et un ! et deux ! et trois zéro !" que les ors de la république !

    Par contre les débats autour des nations, du nationalisme, du patriotisme , sont complexes et très controversés, d’autant plus que les strates les plus hautes de la bourgeoisie mènent tambours battants, et sans prendre le soin de passer des alliances avec d’autres couches sociales, une mondialisation explosive.

    Si j’ai quelque chose à dire sur la positivité ou la négativité de ces termes de nationalisme ou de patriotisme, ça serait en conjugant des notions d’un grand ancien et en squizant Jaures :

    1) On accuse les communistes de vouloir abolir la patrie, la nationalité ; les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut leur ravir ce qu’ils n’ont pas. Comme le prolétariat de chaque pays doit en premier lieu conquérir le pouvoir politique, s’ériger en classe maîtresse de la nation, il est par là encore national lui-même, quoique nullement dans le sens bourgeois.
    Marx-Engels (Manifeste communiste)

    Si l’état est européen, ça sera à ce niveau qu’il prendra le pouvoir. On peut penser également que des batailles internationalistes, voir mondialistes, permettent d’ameliorer un rapport de force .... Mais la dimension nationale n’est prise en compte par Marx qu’en se situant du point de vue de la facilité et l’étape necessaire, non comme de la nation en tant que valeur positive et progressiste (il indique tout le mal qu’il en pense dans les premières phrases.

    2) Un peuple qui en opprime un autre n’est pas un peuple libre. .
    On peut donc également penser qu’un peuple opprimé n’est pas libre logiquement et que son combat d’émancipation dans ce type de cas précis est libérateur pour les populations qui le composent.
    La bataille pour la reconnaissance des droits des peuples opprimés, leurs libertés de choisir leur destin, est donc importante . Dans ce cadre on a souvent tendance à faire très fort quand il s’agit de peuples opprimés ailleurs que de peuples opprimés dans son espace national. La question des colonies en France a été souvent marquée par des errements d’une grande partie de la gauche, qui enfourchait les patins d’une bourgsoisie nationaliste là dessus.

    Au concret actuel, entre les questions nationales (la France), continentales (L’Union Européenne) et mondiales, on peut constater déjà que les cycles en Europe sont très proches les uns des autres, que les batailles sociales et politiques sont des copier-coller partout. Les bourgeoisie mènent une même propagande, dans les détails même parfois, masi surtout là en jouant méthodiquement dans chaque population attaquée sur le mensonge qu’ils sont les seuls à voir des privilèges, etc.

    La question des travailleurs âgés, par exemple, a fait le fruit d’un accord à Barcelone avec Chirac, Jospin, Prodi, etc , pour planifier, à échelle européenne l’allongement des retraites. Et dans chaque pays les attaques ont eu lieu, paraissant avoir, à chaque fois, pour origine, une question nationale locale dans les propagandes dominantes.

    les mêmes arguments ont été utilisés partout, mais les batailles ont été hélas locales face à un adversaire les planifiant à échelle au moins continentale et en en prenant le temps qu’il faut.

    La question du TCE, part du même principe érigé au traité de Nice par les mêmes compères ou presque (le personnel politique ne compte pas tellement là, mais la volonté collective de la bourgeoisie oui), de geler des rapports de force favorables à la bourgeoisie en Europe (prédominance du marché, cassages des services publiques, constitution d’un état induisant une confusion des pouvoirs, maintien des autorisations de violences extremes envers les populations, etc....).
    Une bataille européenne planifiée de la Bourgeoisie mais qui n’a eu essentiellement que des ripostes locales, même si les populations néerlandaises et françaises ont provisoirement bloqué cette offensive réac.

    La liberté, certes , à la population française de décider si oui ou non elle veut une constitution anti-démocratique qui gèle, sans possibilité légale de modification au concret, les rapports de force actuels favorables à la bourgeoisie dans l’union. Mais également mener beaucoup plus intensément des batailles à échelle européenne.

    La bourgeoisie, sans cesse, essaye de diviser les classes ouvrières pour les jeter les unes contre les autres (dumpings sociaux par exemple), organise la concurrence à l’intérieur des espaces qu’elle contrôle (dumpings fiscaux, financiers, règlementaires, cadeaux, etc), etc ....

    Un parti de gauche vise à l’inverse, à la coopération, à l’obtention de normes sociales communes et solidaires, à éviter des concurrences appauvrissantes, elle ne reconnait pas comme ça les frontières héritées ou proclamées, mais les jaugent en fonction des interets des travailleurs en tant que classe.

    On ne fait pas assez en matière de bataille trans-nationale et les faiblesses ne se trouvent pas tant dans la riposte au niveau national que dans nos faiblesses à mener des batailles européennes.

    Ce qu’on gagne localement, ou bloque localement, est sans cesse remis en cause à l’échelle continentale et mondiale.

    A nous d’essayer d’améliorer ce qui est une faiblesse : notre retard dans l’internationalisme et des batailles ouvrières continentales voir mondiales.

    Copas