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La dernière manip de Besson : un boomerang ?! (video)

Publie le mercredi 4 novembre 2009 par Open-Publishing
8 commentaires

de Syola

Ainsi est lancé, dans l’urgence, à dater de ce jour 2 novembre 2009, un vaste débat national sur l’identité française.

Soit ! Voilà au moins de quoi faire vibrionner tous ceux et celles qui ont un nom sur un monument aux morts, qui ont été formatés par l’« Histoire de France d’Ernest Lavisse » (1842-1922), qui ont été émus par « Le Tour de France de deux enfants », qui ont adhéré, comme à un catéchisme, aux hypocrisies des 3e et 4e Républiques, cachées sous des leçons de morale, qui ont sucé quelques mamelles saint-cyriennes ou qui arborent à la boutonnières deux flammes gémellées en faisceau énonçant sans équivoques leur priorité.

Ça fait beaucoup de monde ; peut-être une majorité ? Offrez un gâteau de belle apparence à un enfant gourmand, il ne se posera pas de questions sur ses colorants additionnels, l’authenticité de son goût ou ses risques sur la santé.

L’identité française ! A défaut d’être neuve, cette idée est relativement récente, soit environ un siècle et demi, mais toujours réanimable, telle une autre flamme célèbre et non moins patriotique sous la grande arche. Elle fut allumée la première fois à la fin désastreuse de la guerre de 1870 et contre les Allemands, qualifiés de « Boches » pour la circonstance et pendant les trois guerres. La logique identitaire nationaliste était née.

Elle fut réanimée sous la 3e République par les Monarchistes contre les Républicains ; aux deux époques de Dreyfus et de Pétain, contre les Juifs, qualifiés d’anti-France ; sous VGE déjà, mais surtout actuellement, contre les sans-papiers qualifiés sans distinction de clandestins et contre les bandes de « racailles » des banlieues taxées de communautaristes ; soit les deux catégories actuelles d’ennemis de l’intérieur. Bref ! chaque réanimation de cette flamme, véritable boîte de Pandore, le fut au détriment d’autres, tous ceux et celles qui ne bénéficient pas de cet « honneur d’être Français » qui se monte si bien en neige dès qu’on en a besoin pour se démarquer de la perfide Albion (cf Michelet 1798-1874), des « Boches », des Juifs, des sans papiers, des banlieusards remuants, de ces hommes noirs et autres colonisés qui n’ont eu ni l’opportunité ni le bon goût de monter, comme nous, dans le wagon VIP du TGV de l’Histoire. Cette dichotomie historique a trouvé sans doute son illustration la plus parlante dans la confrontation entre le « national-sécuritaire » de Maurice Barrès et le « social-humanitaire » de jean Jaurès (début 20e s).

Le 31 octobre 2009, le professeur Ghaleb Bencheikh définissait finement l’identité nationale comme une « sédimentation reposant sur une souche-mère ». Le procureur de Montgolfier, dénonçant « la réalité douloureuse, chez nous, pour ceux qui viennent d’ailleurs », présentait cette « souche-mère » comme étant « le socle de l’idéal du vivre ensemble, différents ». On peut donc se proclamer « 1e, 2e, 3e génération, nous sommes tous des sédimentés ». Mais l’important est surtout de définir ce « socle de l’idéal ». Tout le monde s’accordera sans doute à reconnaître là ce qu’on appelle proprement « les valeurs de la France ». Sans les sous estimer le moins du monde, on ne va pas hisser au rang de valeurs les symboles de notre nation, à savoir le drapeau tricolore, la Marseillaise, le béret et la baguette de pain. Ce « socle de l’idéal du vivre ensemble, différents » , allons plus sûrement le chercher dans les Droits de l’Homme de 1789 et 1793, dans les Lumières du 18e siècle, dans la Laïcité de 1905, dans l’Internationalisme humanitaire d’un Jaurès , voire dans le rêve d’exception culturelle qui eut son heure de gloire bien au-delà des frontières de notre hexagone pour sa langue, sa table et sa littérature.

Il me semblerait difficile de ne pas recueillir un consensus sur un tel socle de notre idéal français qui fut admiré et imité ailleurs. Mais difficile aussi de mettre de façon trop prétentieuse ces valeurs au pinacle de l’autel de la Patrie, quand, dans le même temps - le temps actuel- on leur tord le bras de manière scandaleuse. Voyez plutôt ce qui saute aux yeux :

 On trahit les Droits de l’Homme dans la politique de l’immigration, dans nos prisons, dans certaines pratiques de police, dans la politique du logement…

 On affaiblit nos Lumières dans les attaques de l’Education et de la Recherche…

 On oublie nos solidarités, nos responsabilités envers les pays en détresse,

 On abâtardit notre culture dans une mondialisation où c’est l’argent qui prime.

Quelles valeurs ce débat va-t-il donc mettre en avant ?

Curieuse, même inquiétante, cette récupération de notre histoire, par les politiques, dans des lois mémorielles et des déclarations fracassantes ex cathedra. Le chœur quasi-unanime des historiens a beau le dénoncer, c’est en vain ; le bulldozer politique et électoraliste va son chemin sans frein ni contre-pouvoir vraiment républicain.

Vous ne trouvez pas suspect ce débat, dans l’urgence et la précipitation, qui devra se clore fin février, à la veille d’élections majeures ? La ficelle est un peu grosse. Ira s’y pendre qui voudra. Pour moi, je préfère de loin, pour l’honneur de notre douce France, le « social-humanitaire » de jean Jaurès.


Le sketch de l’identité nationale

Messages

  • ça fait partie de l’identité française le droit de grêve, ça va pas lui poser de problême ?

  • En tout cas TOUT ce qui vient d’EUX est inévitablement et à priori SUSPECT !!!

    "On rigolait à l’Elysée

    ...


    Hou Hou Méfions-Nous..."

  • il n’y a pas de signe de nationalité sur les monuments aux morts en alsace, si ses enfants sont morts pour la patrie, on ne signale pas toujours de quel coté

  • Nord de l’Allemagne. Un petit village en Basse Saxe. Au détour d’un chemin creux, derrière une haie, comme dissimulées, des pierres tombales. J’en compte une soixantaine. Des soldats morts sur le front russe pendant la seconde guerre mondiale. L’Allemagne vit encore sa culpabilité en cachant ses victimes. Je ne peux empêcher de songer à ces jeunes hommes embrigadés dans une terrible destinée. Qu’est ce qui les avait fait aller là-bas ? Quel discours avait habillé ces gamins de vert de gris ? Un seul. Celui du nationalisme. Celui de l’indentité nationale triomphante.
    Comme dans un cimetière américain en Normandie, comme sur les tombes des soldats français à Verdun, comme sur tous les lieux de souvenirs de ces guerres, je ne peux m’empêcher de songer à Jaurès, à ces militants internationalistes, à ces hommes courageux qui osèrent se dresser contre le patriotisme abrutissant.
    Besson est plus qu’un traître à cette cause, c’est un va-t-en guerre très proche des pires renégats de notre histoire.

  • Besson aurait-il livré des juifs à la Gestapo, pendant l’occupation ?

    Est-ce cela sa conception de l’identité nationale ?

    (k)G.B.

  • L’ "identité nationale" (accordée volontairement au singulier ?) est bel et bien la négation de TOUTES NOS "DIFFERENCES" ici-bas quelles qu’elles soient... Cette "identité" a évidemment un "profil" unique dont on peut aisément deviner la "couleur" la croyance etc etc... De nationale à nationalisme il n’y a qu’un pas ou un isthme aussi facile à franchir qu’un rubicon...

  • http://www.identiteinternationale.net/spip.php?article1

    Le Gouvernement et le Président de la République, ainsi qu’une majorité de parlementaires, ont décidé qu’il fallait maintenant parler de "l’identité nationale française".

    Le FHaine des Le Pen père et fille, mais aussi d’autres groupuscules dits "identitaires", d’extrême droite, ont immédiatement emboîté le pas pour faire de la surenchère. On n’en attendait pas moins d’eux !

    Nous ne sommes pas surpris non plus par la résurgence des lubies d’une madone du Poitou qui se rêve en Marianne moderne, ni par les chuchotements de pucelle effarée d’une opposition fantoche.

    Tous ceux là ont donc décidé qu’en cette période où le capitalisme international se gave sur le dos de tous les travailleurs, où le capitalisme TUE, où les patrons et actionnaires apatrides pillent, oppriment, suicident, et sont non seulement impunis mais même pas poursuivis, il fallait parler du drapeau tricolore, de la Marseillaise.

    Qu’on devait se demander si pour être un "bon Français", il fallait porter un béret basque plutôt qu’un foulard, une crête, un bonnet ou rien du tout.

    Qu’il fallait parler du "droit du sang" aussi peut être ? Et pourquoi pas, de la "race" ?

     Nous pensons qu’il ne faut pas refuser ce débat, parce que, tout simplement, on ne pourra pas en refuser au moins la médiatisation et la manipulation, et donc qu’au contraire, il faut y entrer à fond.

    Mais pas selon LEURS RÈGLES ni selon LEURS TERMES.

    Ce débat est biaisé si on leur en laisse le monopole, il faut donc le "débiaiser" !

    C’est pourquoi à "l’identité nationale", nous avons, nous, choisi de répondre par "l’identité INTERNATIONALE".

    A la race, à la nationalité, au nationalisme, nous opposons la CLASSE et d’internationalisme.

    Notre nation, sur une planète régie par le capitalisme mondialisé, c’est notre classe, celle des prolétaires, des exploités et des exclus du MONDE ENTIER.

    Notre patrie, c’est la SOLIDARITÉ de classe, la lutte contre le capitalisme et le respect de la dignité de l’être humain, quelle que soit sa couleur, son ethnie, son origine.

    Au drapeau tricolore, nous opposons le drapeau rouge et noir.

    A la Marseillaise, nous opposons l’Internationale.

    Aux départements et au centralisme jacobin, nous opposons La Commune.

    A l’unité de la nation et à l’État bourgeois, nous opposons la fédération, et l’union d’êtres libres en fonction de leurs intérêts réels.

    A la liberté d’aller et venir pour se vendre pour manger ou pour exploiter ses frères, nous opposons la liberté d’aller et venir pour se cultiver, se faire soigner, tomber amoureux ou écrire un roman qui aura le prix Goncourt*.

    A la citoyenneté issue de l’accident de la naissance, nous opposons la citoyenneté issue de la réalité du travail et de la contribution à l’intérêt général d’un peuple, d’une classe.

    A l’Histoire de France lisse et glorieuse qu’un "bon Français" est supposé connaître et dont il faudrait "être fier", cette histoire qu’on pose en référence dans les écoles, nous ajoutons (liste non exhaustive) :

     les camps d’internement des réfugiés espagnols, les 162 manifestants balancés dans la Seine par Maurice Papon, la torture en Algérie, la colonisation et le pillage, jamais achevés, de l’Asie, de l’Afrique noire et du Maghreb, aujourd’hui l’Afghanistan, les camps de rétention, la "jungle de Calais"...

    bref, toutes ces choses hideuses accomplies au nom de "la République", pour lesquelles la grande "Nation française" n’a jamais demandé pardon ni même reconnu ses torts, et auxquelles elle n’a pas encore mis fin.

    Face aux attaques nationalistes, ne BESSON pas notre pantalon et portons haut les couleurs et les valeurs de la lutte de classe, du combat pour la fraternité réelle !
    IDENTITÉ INTERNATIONALE
    des Papiers pour tous ou des Papiers pour personne !

     Renvoyons les 3.000 contribuables fraudeurs d’impôt en charter en Suisse, exilons les "bons Français" de souche qui vivent à Monaco ou au Luxembourg pour des raisons fiscales.

     Interdisons le territoire français aux représentants internationaux des fonds souverains et autres "hedge funds" venus se remplir les poches après avoir dépouillé nos usines.

     Confisquons les avoirs et saisissons les immeubles de tous ces ennemis déclarés du peuple de France et des prolétaires.

     Bannissons les voleurs qui pillent notre pays et réduisent la majorité du genre humain en esclavage.

    Et donnons à Mamadou, Tang, Idriss, Fatima... qui bossent ici, cotisent ici, consomment ici, paient leurs impôts ici, la nationalité française !
    IDENTITÉ INTERNATIONALE
    des Papiers pour tous ou des Papiers pour personne !

    LA PAROLE EST A VOUS A PRÉSENT, HUMAINS AU GRAND CŒUR, DÉFENSEURS DE LA CLASSE DES TRAVAILLEURS ET DES EXPLOITES, ET COMBATTANTS INTERNATIONALISTES !

    *Pour se rafraîchir la mémoire, MM. Besson, Sarkozy, Le Pen et autres "défenseurs de l’identité nationale" :

    Atiq Rahimi, Goncourt 2008, né en Afghanistan

    Andréï Makine, Goncourt 1995, né en Sibérie

    Amin Maalouf, Goncourt 1993, né au Liban

    Tahar ben Jelloun, Goncourt 1987, né au Maroc

    Anna Langfus, Goncourt 1962, née en Pologne

    Vintila Horia, Goncourt 1960, née en Roumanie

    Romain Gary (une deuxième fois sous le pseudonyme d’Emile AJAR en 1975), Goncourt 1956, né en Lituanie..."

    Avec une mention particulière pour Romain GARY/Emile AJAR, de son vrai nom KACEW, qui, en plus d’avoir eu "le mauvais goût" d’être lituanien ET juif, nous a donné ce qui s’inscrit encore parmi les plus belles pages de notre littérature "française" et a été un résistant pendant la seconde guerre mondiale compagnon de la France Libre et de Gaulle dans les FAFL...et qui aurait sans nul doute été révulsé d’horreur par "la France " que vous tentez de nous imposer depuis des décennies.

    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article93613#forum357156