Accueil > La deuxième fois offre une dernière occasion

Traduit de l’italien par karl&rosa
De toute façon, en tout cas, meilleurs vœux au nouveau gouvernement. Le deuxième de Romano Prodi. Il n’y a plus la tronche du Cavaliere et cela, par les temps qui courent, est déjà beaucoup. Encore tous nos vœux.
Mais une fois les vœux formulés, un peu d’incertitude, un peu d’hésitation demeure face à la photo de groupe de nos nouveaux gouvernants. Certains ont commencé à dire qu’il s’agit de la renaissance des partis, dont les équilibres sont évidents dans la photo de groupe.
Je dirais quelque chose de plus, ils sont devenus une fédération de positions politiques et d’intérêts. Ainsi, ce deuxième gouvernement Prodi est aussi le miroir de l’état actuel des partis.
Si on regarde les noms des ministres (en commençant par la triade du président du Conseil et de ses deux vice-présidents), nous avons l’image de l’état de la politique de nos jours. Et peut-être, si jamais il y arrive, du nouveau parti démocrate. Une prévision de parti qui fait venir à l’esprit les fameux vers sur le phénix : "Qu’il y soit chacun le dit, où il est personne ne le sait". D’autant plus que le parti démocrate n’est pas encore là, même s’il semble anticipé par la photo de groupe du nouveau gouvernement.
D’ailleurs, que pouvait-on attendre de mieux ? Les élections des 9 et 10 avril (gagnées de justesse) n’ont été ni une révolution ni rien qui ressemble à la Libération de 1945. Le berlusconisme était au gouvernement et il est encore dans la société italienne ainsi que dans la politique. Le tableau qu’en a fait Mario Pirani dans La Repubblica d’hier saisit d’amples espaces de vérité. Le résultat des élections, même si elles ont été gagnées de justesse, a été significatif et important : l’époque de Berlusconi leader politique est finie, mais le cavaliere est encore dans la société et, donc, il y a encore le risque du vieux dicton, c’est-à-dire que "le mort s’empare du vivant".
Même après la deuxième guerre mondiale et la Résistance, notre pays n’est pas sorti indemne du fascisme. Les choses sont ainsi et il n’y a pas beaucoup à critiquer sur la composition du gouvernement actuel : il est la conséquence de notre hier, nous étions un pays berlusconien et nous en sommes sortis avec vingt cinq mille voix en faveur de ceux qui devraient renverser la tendance. S’il est inévitable que le passé conditionne le présent, il n’est pas inévitable du tout que le mélange de passé et de présent conditionne le futur. Ce que nous nous attendons du président du conseil et de chacun des ministres qui ont porté serment hier est quelque chose d’innovateur, en rupture évidente avec le passé, du courage innovateur.
Il faut que le gouvernement actuel s’engage dans quelque chose de radicalement innovateur par rapport aux cinq années qui viennent de passer et non pas dans l’utilisation du gouvernement pour établir les équilibres (et la politique) du parti démocrate, trop souvent évoqué. Passer du pire au mal (ce qui est le contraire du mal au pire), bien qu’utile, serait décevant et désarmant. Nous invitons à un effort de fantaisie.