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La fièvre monte dans les hôpitaux

Publie le lundi 21 avril 2008 par Open-Publishing
7 commentaires

La fièvre monte dans les hôpitauxClimat social / lundi 21 avril par Olivier Vilain

Le plan hôpital public annoncé par Nicolas Sarkozy jeudi 17 ne va pas calmer la colère grandissante des professionnels de la santé. Au contraire. Des restrictions en série, des lits à fermer, du personnel à éjecter. Un nouveau front social se prépare, après les lycéens.

Le discours de Sarkozy sur la réforme des hôpitaux publics, jeudi 17 avril, annonçant des regroupements et des économies n’a pas diminué la fièvre. Au contraire. Il l’a peut-être envenimée. Le ras-le-bol monte depuis plusieurs semaines dans le secteur de la santé. Les professionnels, en colère, pourraient ouvrir un nouveau front de contestation contre le gouvernement, après les magistrats, les avocats, les étudiants et les lycéens. Les manifestations se sont déjà multipliées en Loire-Altantique, dans le Jura, la Nièvre, etc.

A Carhaix, une petite ville de 7.000 habitants du Finistère, ce sont 10.000 manifestants, y compris des élus, qui se sont rassemblés fin mars. Les bretons s’apprêtent à remettre ça le 17 mai, au niveau du département cette fois. « La mobilisation va être grosse. Très, très grosse ! », prévient Bruno Jardin, l’un des responsables de la CGT au centre hospitalier de Carhaix.

Il est vrai que les cures d’austérité saignent l’hôpital : plus de 100.000 lits ont été fermés depuis 1992 et 200 établissements supplémentaires devraient fermer leurs portes selon les conclusions du rapport Larcher, qui a servi de base au plan annoncé jeudi 17 par Nicolas Sarkozy.

Celui-ci préconise de regrouper les établissements publics, de donner tout pouvoir à leurs directeurs, de rapprocher les statuts de ceux du privé, d’embaucher du personnel avec un statut de droit privé, incluant intéressement du personnel et rémunérations à la performance pour les médecins. Le tout, bien sûr, pour le plus grand bien des usagers.

Plan de rigueur
« L’amélioration de la qualité et la sécurité des soins sont-elles les principales motivations des pouvoirs publics ? On peut en douter », résume Frédéric Pierru, chercheur à l’université Paris-Dauphine [1]. « A partir des années 1990, le discours de la rigueur budgétaire, peu mobilisateur, a été remplacé par celui de la ‘‘qualité des soins’’ », analyse-t-il.

Pour ce chercheur, la qualité des soins nécessite effectivement un seuil d’activité en chirurgie et en obstétrique. Mais les réorganisations doivent se faire dans la concertation avec les personnels, les usagers et en fonction d’une politique des territoires. En outre, cela nécessite des moyens. Or, « depuis les années 1970, la maîtrise des dépenses de santé est devenu l’objectif des pouvoir publics et c’est l’hôpital public qui a supporté prioritairement la rigueur budgétaire. Au début des années 1980, il représente près de 55% des dépenses de soins, contre 44% ces dernières années », relève Frédéric Pierru.

14% des assurés sans soins
Pour le sociologue, Julien Duval [2], les réformes successives des hôpitaux comportent un important non-dit. « Il existe des obstacles économiques et sociaux à l’accès aux soins ». Or, la restriction de l’offre de soin les aggrave. Une étude de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé a indiqué, l’année dernière, que 14% des assurés ont renoncé à des soins faute de moyens. La proportion atteint 24% chez ceux qui gagnent moins de 800 euros par mois et même 32% chez ceux qui ne possèdent pas de mutuelle. En règle générale, ils renoncent aux soins des yeux, des dents, quand ce n’est pas simplement d’aller à consulter un spécialiste.

Des grèves à Paris
Ces restrictions accablent les personnels hospitaliers. Jeudi dernier, 400 délégués de douze hôpitaux de la région parisienne, y compris une intersyndicale de médecins, ont battu le pavé. « A Saint-Antoine, les pertes d’effectifs représentent 200 personnes en cinq ans sur un total de 3000 », signale Régine Linar, une infirmière qui représente la CGT dans cet hôpital. Les suppressions de postes ont été supérieures aux 130 embauches effectuées lors du passage aux 35 heures. Du coup, il n’y a plus assez de personnel pour s’occuper des patients souvent âgés, atteints généralement de plusieurs maladies, dont certaines sont graves. Résultat, Saint-Antoine est en grève depuis un mois.

De son côté, l’hôpital des Bleuet a récolté 4000 signatures de soutien et organise une journée portes-ouvertes le 31 mai avec manif place Jean Jaurès, à Paris. « Pour le moment, il n’y a que les militants, les initiés, qui se mobilisent, mais nous allons diffuser les conclusions du rapport Larcher », promet Régine Linar. Elle s’attend à une montée en puissance de la mobilisation fin mai. « Les rapports sur le service public vont tous dans le même sens : faire plus de place au privé », rapporte Françoise Geng, secrétaire générale de la fédération de la santé au sein de la CGT.

La santé pourrait alors servir de fer de lance aux protestations de l’ensemble de la fonction publique.

Lire ou relire sur Bakchich.info

L’hôpital public à la toise des cliniques privées

[1] Hippocrate malade de ses réformes, Frédéric Pierru, Les Editions du Croquant, Paris, 2007, 256 p.

[2] Le mythe du « ‘trou de la Sécu », Julien Duval, Raisons d’Agir, Paris, 2007, 140 p.

Messages

  • j’espère qu’elle vas monter très très haut, et qu’elle soit la plus forte possible.

    Lolita

    • Idéalement, il faudrait que cette fièvre monte jusqu’à 68... :)

      (k)G.B.

    • Ben dites, si l’Etat impose la "performance" chez les médecins ou les infirmières, on peut craindre le pire pour les malades !

      En effet, la "qualité" en toutes choses ne semble plus être une priorité, des malades iradiés d’un côté, des erreurs d’opérations de l’autre, et dans le commerce des "retours" de plus en plus nombreux de produits mal faits, ou en panne. Voilà à quoi ressemble la France d’aujourd’hui : un chaos général !

      Alors j’espère que les hôpitaux vont sonner le tocsin, pour démarrer une réplique cinglante à l’encontre de ce gouvernement rempli d’incompétents, car si on laisse faire en moins de 5 ans la France pourrait bien passer dans le Tiers-monde ! Comment peut-on encore faire confiance à un type comme Sarkozy, lui qui croyait que gouverner c’était un jeu d’enfant ! NON MECIEU !

    • Il est grand temps que les syndicats prennent leurs responsabilités en prenant le pouls de la france qui n’en peut plus de cette politique c’est-à-dire la france qui travaille, et lancent un

      APPEL A LA GREVE GENERALE !!

      Un enseignant !

    • Je l’appelle de tous mes voeux, pour essayer de réparer le choix débile de certains électeurs sarkozystes. Leur vote se retourne même contre eux, contre leurs intérêts les plus élémentaires. Sarkozy a menti et continue sans complexes. Un comble non ?

    • Mon camarade en ce moment il y a des actions dans l’educ. ton école est elle
      fermée ? Une grève générale,pour qu’elle soit suivie donc efficace,encore faut-il qu’il y ai déjà un mouvement fort à généraliser. Est ce le cas ? Je ne le cois pas
      alors faisons en sorte que les lutte se multiplient dans le pays et on verra.
      Ce qui compte c’est l’efficacité. JP

  • Eh oui pour récupérer tout l’argent nécessaire à renflouer la finance qui joue à qui perd gagne, il faut dépouiller toute la richesse du peuple, enlever l’avenir à ses enfants, mettre en danger et désertifier les campagnes, faire crever nos vrais agriculteurs, et subventionner les OGM qui les ruinent et nous ruinent la santé.

    Mais non cela nous ne le voulons pas, et les Bleuets, symbole de naissance sans violence, ne doivent en aucun cas disparaître