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La finance se souhaite une bonne année, et vous emmerde !

Publie le vendredi 15 janvier 2010 par Open-Publishing
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La finance se souhaite une bonne année, et vous emmerde !
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Les avez-vous vus, ces minus, sauter de joie à l’annonce du “franchissement de la barre symbolique des 4000 points” par leur révéré CAC40, objet de toutes leurs attentions ?

Pourtant, l’année dernière à la même époque, ils la ramenaient moins… Il fallait les sauver, il n’y avait pas le choix, car les sauver, c’était un peu sauver le monde… Quelques voix timides avaient bien émis l’idée qu’il aurait mieux valu sauver les citoyens qui ne pouvaient plus payer leur maison, ou ceux que la crise avait précipités dans le chômage, mais les médias-aux-ordres eurent tôt fait de faire taire ces fâcheux, et la pompe à milliards fut mise en route. Débit maximum.

Oh, bien sûr les plus faibles d’entre eux ont eu quelques remords. Et pour calmer l’opinion, les tartuffes qui nous gouvernent ont arrosé tous les médias du message suivant “Il faut sauver les banques, There Is No Alternative®”. Pire, Sarkozy et Lagarde en tête ont fait mine, malgré la loufoquerie totale du scénario, de fustiger ces salopards qui s’en foutent plein les fouilles, et qui, c’est sûr, n’allaient pas s’en tirer à si bon compte…
Bernanke, “personnalité de l’année” !

Aux Etats-Unis, Time Magazine a eu le même aplomb pour désigner comme “personnalité de l’année 2009” Ben Bernanke, le responsable de la FED (en quelque sorte le Trichet américain). À noter que ce titre n’a pas toujours distingué des bienfaiteurs de l’humanité, puisqu’en plus de la quasi-totalité des présidents américains, Hitler et Staline entre autres figurent au palmarès, tout comme le français Pierre Laval (juste pour dire qu’Eric Besson a toutes ses chances …). L’an dernier, Time n’avait pas pu faire autrement que de distinguer Obama, même si Paulson ou Madoff eussent assurément été de sérieux candidats.

C’est donc peut-être pour se rattraper que Time “honore” aujourd’hui Bernanke, digne successeur de l’impayable Alan Greenspan à la tête de la FED, dont la politique a été de l’avis général un des facteurs responsables de la “crise”. Bernanke est l’un des hommes-clés de Wall Street, le complice de Paulson dans le hold-up de “Wall Street” sur “Main Street”, le “sauveur” de l’assureur AIG, société qui a pompé à elle seule 180 milliards de dollars aux contribuables… En échange, le contribuable américain est théoriquement propriétaire de 80% d’AIG. Sauf qu’il n’a aucun pouvoir, puisque tous les dirigeants responsables de la catastrophe sont restés en place, à l’exception du directeur, remplacé par un ponte de Goldman Sachs, (donc ancien collègue de Paulson) dont une des premières mesures fut de verser 165 millions d’euros de bonus à 360 cadres de la maison en ruine… AIG avait en effet engrangé des milliards sous formes de “Credit Default Swaps”, qui étaient censés garantir les banques contre les risques liés aux défauts de paiement des subprimes. Sauf qu’AIG n’avait pas, loin s’en faut, suffisamment de pognon en caisse pour payer en cas de défauts de paiement massifs et que les bouts de papier qu’elle avait vendus sont devenus ces fameux “actifs pourris”, qui ont essaimé à travers le monde…
Madoff et ses complices

Je souhaite revenir sur l’affaire Madoff à la lumière d’une biographie que je viens de lire (“Madoff : The Man Who Stole $65 Billion” de la journaliste américaine Erin Arvedlund, dont il n’existe pas de version française, mais que l’on peut trouver dans les librairies anglophones comme l’excellentissime Atout Lire à Metz). Bien sûr Madoff est un sinistre gredin qui a monté une escroquerie de grande envergure. Mais il serait ridicule de le considérer comme le responsable de la crise, crise qui l’a d’ailleurs obligé à sortir du bois… Résumons : Madoff a ouvert, lui seul sait quand (entre 1960 et 1990), un “hedge fund virtuel”. Mais il n’investissait pas l’argent de ses pigeons fortunés de clients en achetant et revendant stérilement des “valeurs” (qui dans le cas de hedge funds peuvent être des options et autres “produits dérivés” fumeux) sur les marchés financiers, contrairement à tous ceux que l’opinion considère comme respectables alors que leur inutilité totale est patente. Non, il préférait garder le pognon pour payer ses menues dépenses et payer de juteuses commissions à ses apporteurs d’affaires, et payait les prétendus “intérêts” des anciens pigeons avec les versements des nouveaux. C’est ce qu’on désigne sous le nom de “cavalerie”, de “pyramide” , et plus précisément de “chaîne de Ponzi”
Madoff a endossé la totalité de l’escroquerie, afin de protéger sa famille et ses amis, dont certains ne pouvaient pourtant pas en ignorer les principes. Plaidant coupable, il a évité le déballage et a été le seul condamné. À une peine d’assassin dans une république bananière, 150 ans de prison…
Bien sûr toutes ses victimes n’étaient pas richissimes, certains avaient même sans doute du Madoff sans le savoir… Mais il ne faut pas cacher que la plus grande partie des pigeons qu’il a plumés étaient des cupides richissimes et répugnants qui étaient fiers d’être entrés dans un système qui leur assurait avec une régularité d’horloge suisse entre 10 et 15% d’intérêts par an. C’est drôle, 20% des victimes de Madoff étaient en Floride, repère de vieux riches. À peu près le même pourcentage que ces Français aux comptes suisses, dont 20% habitent les Alpes Maritimes, autre repaire de vieux riches…

Ces gens-là gardaient une discrétion de conspirateurs sur une affaire dont ils ne connaissaient évidemment pas tous les tenants et aboutissants, mais qu’ils percevaient forcément comme sulfureuse, dont ils étaient fiers et flattés de faire partie. Madoff jouait d’ailleurs très bien de ce ressort, puisqu’il faisait mine de se faire prier avant d’accepter du pognon, dont il avait pourtant un furieux besoin pour que l’escroquerie puisse perdurer.

Et à cet effet, il n’hésitait pas à payer grassement une petite armée de rabatteurs à la cupidité sans bornes : il leur ristournait 2,5% des sommes collectées ! Mieux, contrairement à tous les usages de la profession, Madoff ne facturait aucun “frais de gestion”, et ne prenait aucun pourcentage sur les bénéfices générés… Il ouvrait ainsi un boulevard à de gros malins qui ouvraient leur propre fond qu’ils plaçaient immédiatement chez Madoff, promettaient de 8 à 10% d’intérêts, empochaient les 2.5% de commission de Madoff, puis prenaient tous les ans la différence d’intérêts, augmentée de frais de gestion… Ces gens s’intitulent aujourd’hui “victimes” de Madoff, mais sont surtout victimes de leur connerie et coupables d’aveuglement et de cupidité… Ils ne valent à mes yeux pas mieux que Madoff… Certains ont même été assez naïfs pour croire à l’escroquerie, et ont investi leur propre fortune (mal acquise, donc) chez Madoff…

Anecdote gaguesque, j’ai découvert dans le livre que parmi ces intermédiaires floués et victimes autoproclamées, il y a un certain Philippe Junot, affairiste indécrottable, qui fut le premier mari de Caroline de Monaco (mariage qui fut d’ailleurs “annulé” par le pape pour qu’elle pût se marier une seconde fois à l’église, prouvant ainsi s’il en était besoin que l’église catholique ne se rend jamais coupable de favoritisme envers les puissants).

D’autre part, Madoff n’a pas évanoui 65 milliards de dollars (environ 45 milliards d’euros), comme cela a été abusivement dit. Ces 65 milliards sont en fait la somme de ce que les épargnants pigeons pensaient posséder, somme qui était principalement constituée d’intérêts qui n’ont évidemment jamais existé. La somme réelle de pognon confiée à Madoff est pour ce que l’on sait comprise entre 10 et 20 milliards de dollars, à peine 2 ou 3 Kerviels, Kerviel n’ayant en outre eu besoin que de quelques mois pour accomplir son forfait alors que Madoff l’a étalé sur plusieurs décennies…

En plus, comme je l’ai expliqué, ces milliards n’ont pas été perdus pour tout le monde ! Il y a Madoff lui-même, qui a vécu sur un grand train. Il y a ses rabatteurs, et il y a aussi ceux qui ont été assez malins pour sortir du système avec les pseudo-intérêts avant son écroulement… Écroulement qui ne s’est d’ailleurs produit que lorsque trop de pigeons ont voulu sortir en même temps, effrayés par la “crise”… Exactement comme lorsque les prêteurs de subprimes sont venus voir AIG pour toucher leur “assurance défaut”…

Personne ne sait pourquoi Madoff a monté cette escroquerie. Car il était loin d’être dans le besoin ! En marge de son pseudo-hedge-fund, il avait un métier officiel, légal, et lui aussi particulièrement lucratif : il exerçait en effet la profession “honorable” de “broker-dealer”. Cela consiste à gérer un “marché” où l’on vend et achète des valeurs financières, en prenant un petit pourcentage sur chaque transaction. Confortable et rémunérateur, en plus d’être totalement parasitaire. Mais dans la société capitaliste libérale, un parasite est souvent respecté et célébré. Madoff fut aussi un grand promoteur de l’informatique financière, ayant compris qu’aller plus vite que les concurrents permettait de gagner plus d’argent. À ce titre, il dirigea même le marché électronique Nasdaq, gagnant ainsi une totale respectabilité.
La faillite des instances de contrôle

Le plus drôle, si on peut dire, c’est que l’escroquerie Madoff avait été percée à jour par des concurrents, qui l’avaient balancée avec force détails à la SEC, l’organisme théoriquement chargé de contrôler Wall-Street. Pourtant, aucune enquête n’a été ouverte. Trois raisons principales à cette incroyable boulette : d’abord Madoff était tellement connu à Wall-Street, depuis tellement longtemps, qu’il était intouchable. Ensuite, c’est Madoff qui formait les nouveaux embauchés à la SEC ! Enfin, ces derniers étaient tellement mal payés qu’ils ne faisaient que passer, juste le temps d’être recrutés pour 10 ou 100 fois plus chez un client, ceux-là même qu’ils étaient censés contrôler… Quand l’avidité est à ce point généralisée, ceux qui parlent de “régulation” devraient réaliser l’ineptie de leurs propos !

L’affaire Madoff est tout de même révélatrice de l’état d’esprit de la finance américaine, riche à milliards mais qui en veut toujours plus, et dont l’essentiel du “travail” est parasitaire, fait d’achats et de vente socialement inutiles, de commissions, et d’ingénierie abracadabrantesque dans la création d’argent virtuel.
Clinton, l’anti Roosevelt, marionnette de la finance

En 1999, un démocrate, Bill Clinton, dont l’histoire retiendra sans doute davantage les polissonneries avec une stagiaire, supprima en douce sur le conseil avisé de son actuel ministre des finances (là bas on dit “secrétaire d’État au Trésor”) Robert Rubin et du suivant Larry Summers, tout un tas de dispositions qui dataient de … 1933, et qui étaient des mesures de prudence prises par Roosevelt dans le cadre du “New Deal” pour éviter que la crise de 1929 ne puisse se reproduire. Crise de 1929 dont la Goldman Sachs, créée en 1928, et qui inaugura les produits à effet de levier, peut être considérée comme un des responsables. Déjà…

Une de ces mesures était l’interdiction du mélange des torchons et des serviettes entre les banques de dépôt (celles de monsieur ToutleMonde), des banques d’affaires et des compagnies d’assurances. La première entité concernée fut Citigroup, qui n’est rien moins que la plus grosse banque du monde, et qui est directement le fruit de cette mesure. Pour ceux qui veulent s’amuser à fouiller, les mesures de 1933 s’appellent “Glass-Steagall_Act“ et la forfaiture de 1999 “Gramm-Leach-Bliley Act”.

D’ailleurs, comme le monde est bien fait, Rubin, un ancien de Goldman Sachs, prit la direction de Citigroup sitôt après son départ du gouvernement… Sous sa direction catastrophique, Citigroup fut une des premières à se casser la figure en novembre 2008 et dut être partiellement nationalisée pour éviter la boucherie. Rubin a d’ailleurs démissionné début 2009. Mais rassurez-vous, il gardera les 126 millions de dollars qu’il a mis de côté pendant ces 10 ans… La banque, quant à elle, a perdu 65 milliards de dollars. Comme Madoff, tiens !

Je l’ai déjà dit, le plus gros escroc du siècle n’est pas Madoff : c’est Hank Paulson, ministre des finances de Bush, et surtout ancien PDG de Goldman Sachs. Il a d’ailleurs vendu ses parts pour 200 millions de dollars avant d’entrer au gouvernement… C’est lui qui a officiellement volé 700 milliards de dollars (et en réalité beaucoup plus) aux contribuables américains pour les donner à ces “pauvres” financiers.
Obama, marionnette et tartuffe

Ce n’est pas Obama, le grand Obama, Prix Nobel de la guerre, qui laisserait sévir des salopards de cette espèce, des suppôts de Wall Street !

Hein ? Ben si, hélas.

Le successeur de Rubin auprès de Clinton s’appelait Larry Summers. Un comique, celui-là. Avant le gouvernement, il s’était employé à libéraliser les pays pauvres, en tant que que “chef économiste” à la Banque Mondiale. Une fois Bush élu, il retourna dans le civil et devint président de l’université de Harvard. C’est là qu’il fit connaître le fond de sa pensée : il faudrait délocaliser la pollution en Afrique, elle y serait moins gênante qu’aux États-Unis. La pollution provoque le cancer, par exemple celui de la prostate, et c’est un grave problème aux États-Unis. En Afrique, ce serait moins grave, de toute façon les Africains ne vivent pas assez vieux pour attraper un cancer de la prostate…

Obama ne l’a pas nommé ministre des finances, mais à la tête du “National Economic Council”. Il est en quelque sorte son premier conseiller économique…

Un autre favori d’Obama pour le poste fut Jamie Dimon, son banquier préféré. Encore un pilier de Wall Street, qui travailla pour tous les requins, Goldman Sachs et Citigroup notamment. Actuel PDG de la banque JP Morgan Chase, celle qui a mieux supporté la “crise” que les autres, au point de racheter les sociétés en faillite Bear Stearns et Washington Mutual. Les mauvaises langues disent qu’on les a laissés faire faillite pour faire plaisir à Dimon. Ah, détail : en 2006, Dimon a touché plus de 40 millions de dollars de rémunération. Mais seulement 19 millions en 2008, c’est la crise…

Et encore, ils ont eu de la chance qu’Hillary Clinton n’ait pas battu Obama… Car son ministre des finances aurait alors été Lloyd Blankein, le successeur de Paulson à la tête de Goldman Sachs. Plus de 50 millions de dollars de revenus en 2006. Un modeste, assurément : en novembre 2009, il déclara qu’à la tête de Goldman Sachs, il fait “le boulot de Dieu“…
En attendant, d’autres font le boulot pour lui, puisqu’en 2008 Goldman Sachs a versé 10 milliards de bonus, alors qu’elle n’a payé que 14 millions d’impôts sur les bénéfices ! 700 fois moins !
Quant aux pratiques courantes de Goldman Sachs, lisez plutôt !

Voilà qui sont les gens qui conseillent Obama, qui ont financé sa campagne, et qui dirigent de fait la politique économique des États-Unis. Pour la plus grande prospérité de la Wall-Street, et le plus grand désespoir des “petites gens” victimes de la finance, chômeurs, “working poors”, ou expulsés de leur “Sam Suffy”.
La “taxe Obama” ne représente même pas 3 fois l’aide aux restaurateurs français !

Dans ces conditions, l’annonce par Obama d’une taxe sur les grandes banques doit surtout faire sourire… Le ton outré qu’il prend pour parler de la cupidité de ses amis banquiers est aussi crédible que celui de Sarkozy ou de Lagarde !
117 milliards de dollars, c’est certes énorme dans l’absolu, mais c’est sur 10 ans ! On redescend à 11,7 milliards de dollars par an, soit environ 8 milliards d’euros. À peine plus de la moitié du paquet fiscal de Sarkozy, ou si on veut une image plus parlante, même pas 3 fois l’aide aux restaurateurs français ! Rappelons qu’il y a 5 fois plus de monde aux États Unis qu’en France, et qu’il ne s’agit pas de restaurateurs, mais de banquiers.
Autant dire qu’ils doivent bien rigoler, les banquiers, même si Jamie Dimon que j’évoquais plus haut se sent obligé de dire à son ami Obama que “ce n’est pas une bonne idée“…
Et d’ici 10 ans, combien de nouvelles crises ? Combien de nouveaux “plans de sauvetage” ?
Il n’y a pas que les États Unis !

Il semble que le délire financier s’étende, puisque la Chine “communiste” se lance à son tour sur les “options sur indice”, qui sont en gros des paris sur la hausse ou la baisse des indices boursiers. Utilité sociale zéro, et le pire est évidemment à craindre…

Sarkozy, comme Obama, s’est autoproclamé premier pourfendeur de la finance mondiale. C’est du moins ce qu’ont raconté les médias français, qui n’ont pas le droit de rire. Pourtant, on ne répétera jamais assez que Sarkozy a failli (il s’en est fallu de quelques mois) introduire les subprimes en France !
Sarkozy hait tellement les banquiers qu’il était notamment “l’ami intime” du banquier genevois Edouard Stern, celui qui a fini criblé de balles dans une combinaison en latex…

Afin d’accréditer la fable, il a notamment déclenché une mesure de diversion en proclamant la fin des paradis fiscaux. Les médias ont rapporté l’info, toujours sans rire malgré son énormité. Woerth (dont la femme gère la fortune de Liliane Bettencourt, la femme la plus riche de France et même du monde. La proximité du peuple, toujours…), après avoir été rencontrer les fraudeurs résidents français en Suisse lors de la campagne présidentielle pour les convaincre de donner au candidat UMP, leur faisant miroiter une éventuelle amnistie fiscale, fait désormais les gros yeux, et menace de représailles terribles les salauds de fraudeurs dont il a obtenu les noms.

Notons au passage que les noms de ces infâmes tricheurs n’ont pas été donnés de son plein gré par une Suisse désormais exemplaire en matière de collaboration fiscale, mais par un informaticien repenti… Comme dans l’affaire Clearstream (enfin, la vraie). Ben oui, il faut ouvrir les yeux : la Suisse, le Luxembourg, Monaco, Jersey, les Iles Vierges Britanniques, les Iles Cayman, etc… restent des paradis fiscaux. Ou alors il faut changer le sens des mots. Comme la Chine, l’Inde, La Turquie ou le Mexique restent des paradis sociaux (qu’au passage personne ne parle d’éliminer !)

Cette grossière mise en scène est réglée comme un combat de catch ! Les personnages sont caricaturaux, le scénario est écrit d’avance, mais tout est fait pour que le public y croie ! Et pourquoi faire autrement, puisque ça marche ?

Que va-t-il donc advenir de ces “pauvres malheureux” qui vont se rendre en pleurs dans le bureau de l’impitoyable Woerth ? Va-t-il les couvrir de honte, les livrer en pâture à la presse, avant de les jeter au cachot, et leur taxer le grisbi à 50% ? Que Nenni ! Un témoin entendu à la radio parlait d’un accueil discret et déférent, et d’une transaction de 90 000 euros pour passer l’éponge sur 2 millions dissimulés depuis des années…
Gordon Brown, un autre pantin

En Grande-Bretagne, Gordon Brown reprend les bottes de Sarkozy, et se met à faire mine de tonner contre la finance. Oui, le Brown de la City et des Iles Anglo-Normandes. Le digne héritier du menteur historique Blair, qui lui-même n’avait pas remis en cause la politique de la démolisseuse libérale Thatcher. Cette soudaine révolte du “travailliste” Gordon Brown face au monde tout puissant de la finance peut faire sourire ou hausser les épaules. Il suffit de noter que les prochaines élections générales auront lieu en mars prochain… En cela, Brown n’est pas très différent de ses collègues “socialistes” français : il fait mine de se rappeler qu’il est de “gauche” avant les élections, pour mieux l’oublier après…

Les anglais approuvent la mesure. Et la City se marre : les bonus seront taxés… jusqu’en avril 2010. Il suffira donc d’attendre 4 mois pour que ce battage révèle ce qu’il est : du foutage de gueule, une pure mesure de communication.
Lagarde ou l’incompréhensible popularité

Les financiers sont forts, très forts. RTL a eu l’aplomb de faire croire que Christine Lagarde serait la deuxième personnalité la plus populaire de France, derrière l’inévitable Johnny, mais devant l’omniprésent hélicologiste YAB. Plus c’est gros, plus ça passe, comme disait l’autre.

Christine Lagarde vient d’ailleurs d’annoncer la taxation des bonus supérieurs à 27500 euros. Ce qui concernerait 2500 banquiers. Moins ceux qui trouveront une bonne combine pour y échapper. Arnaque bien démontée par Juan de Sarkofrance. Aux États-Unis, pour lutter contre une mesurette analogue, les banques distribueront moins de bonus à leurs employés “méritants”. En échange, ils auront plus de salaires…

Quand on pense que Christine Lagarde a passé une quinzaine d’années dans le monde des affaires aux États-Unis à la tête d’un cabinet d’avocats international, chaque affaire impliquant forcément un banquier, et qu’elle a même récemment poussé le comique jusqu’à s’outrer des indemnités de Domenech, alors qu’elle en touchait probablement bien plus tous les ans…

Par contre, on ne sait pas si Christine Lagarde a prévu de taxer le salaire correspondant à son emploi fictif d’élue municipale du XIIe arrondissement de Paris, puisqu’elle n’a pas mis les pieds à une seule séance. 49200 euros annuels (environ 3 Smics), qui s’ajoutent à son traitement de ministre. Oh, cela ne lui permet sûrement pas d’arriver à la cheville du salaire délirant de sa vie d’avant, il ne reste pas moins que ce mandat municipal est une honte et une escroquerie ! Et la place d’une telle info n’est pas sur Bakchich ou SuperNo, elle est au 20 heures des JT de TF1 et France 2 !
Pourtant curieusement à la télé il n’y en a que pour la “populaire” Christine qui gronde les banquiers, les pétroliers ou la grande distribution… Quelle mascarade !
L’AMF, aussi ridicule que la SEC

On a vu que la SEC a complètement failli aux États-Unis. En France, c’est l’AMF (Autorité des Marchés Financiers), qui s’appelait auparavant COB, qui est chargée de contrôler la finance. Sa présidence a été confiée au traître “socialiste” Jean-Pierre Jouyet, éphémère Secrétaire d’État aux affaires Européennes de Sarkozy.
Cette honorable institution vient de faire la preuve de son incompétence et/ou de sa corruption en osant cette ahurissante conclusion : aucun des cadres d’EADS ou de Lagardère qui ont vendu leurs stock-options juste avant la révélation publique du retard du programme Airbus A380 ne s’est rendu coupable de délit d’initié… Même un débile profond se rend compte de l’énormité du mensonge ! Il n’y a rien à attendre d’un organisme aussi corrompu et manipulé. Si, de l’argent pour ses dirigeants, puisque suivant l’exemple de Sarkozy, Jouyet a négocié à son arrivée une hausse de salaire de 50% par rapport à son prédécesseur…
La refondation du capitalisme est reportée sine die

Elie Cohen, un des téléconomistes de la terre-plate dont les sempiternelles interventions pontifiantes me font tempêter, a pourtant trouvé une image très réaliste pour commenter la situation : la finance s’est redressée tellement vite que toutes les incantations, toutes les mesures drastiques envisagées (“refondation du capitalisme” et autres foutaises dont les auteurs ne se sont servi que comme manœuvre dilatoire, sans en penser le premier mot), vont être enterrées avant même d’avoir été ébauchées, avec la conclusion que tout va redevenir comme avant… Jusqu’à la prochaine fois.

On l’aura compris, quelles que soient les grandes déclarations qui ont pu être faites sur le sujet, non seulement la “crise” n’a pu être partiellement épongée que grâce au vol éhonté de l’argent public, mais rien, absolument rien n’a changé dans le milieu sordide de la finance qui continue à dominer le monde de toute son illégitime insolence et tirer les ficelles de la politique. Dans ces conditions, le décor et les acteurs de la prochaine “crise” sont déjà en place. La question n’est plus de savoir s’il y aura une nouvelle crise, la question c’est “Quand ?”.

Il est plus facile de répondre à l’autre question : “Qui va payer ?”. Tous les autres, pardi. Les con-tribuables, les chômeurs, les propriétaires expulsés… Tous ceux qui vont devoir subir les “plans de rigueur” destinés à résorber les déficits. Et tous leurs enfants, petits-enfants…
Solutions radicales indispensables et urgentes

Face à cette tragique situation, ce ne sont pas les mesurettes et taxounettes des Obama , Brown ou Sarkozy qui changeront quoi que ce soit. La solution n’est pas dans une “refondation” pipeau, la solution est dans la neutralisation, le démantèlement et le retour à la juste proportion de la finance.

Le montant total des “produits dérivés” en circulation dans le monde était fin 2007 de 596 000 milliards de dollars (cinq cent quatre vingt seize mille), soit plus de 10 fois le PIB de la planète. Vous vous rendez compte du délire ?

Aux États-Unis, la finance totalise désormais plus de 50% des bénéfices de toutes les sociétés privées. 50% ! C’est hallucinant ! C’était 16% entre 1973 et 1985, entre 20 et 30% dans les années 90 et 41% au début des années 2000.

Il faut comprendre que la finance est un cancer, qui est en train de bouffer le monde, d’y semer irrésistiblement ses métastases.

Il faut revenir aux fondamentaux : l’argent n’est qu’un moyen d’échange de marchandises et de services. La banque sert à financer l’économie socialement utile, à prêter de l’argent dans la mesure de ses moyens, sans risque, sans but lucratif, et à un taux raisonnable. C’est par nature un établissement de Service Public.

Il ne faut pas avoir peur des mots “nationalisation”, “confiscation”, “spoliation”. Il faut faire redescendre sur terre cette bande mafieuse de suceurs de sang.

La partie n’est pas gagnée, l’opinion que je viens de livrer est archi-minoritaire. Bercés par la propagande médiatique, la plupart des gens ont avalé l’explication sarkozyste de l’obligation absolue du sauvetage de la finance.

Serons-nous alors assez cons pour laisser en place les complices de cette forfaiture et nous laisser à nouveau plumer sans rien dire ?
[PS : La plupart des chiffres donnés dans ce billet sont issus du livre d’Éric Laurent “La face cachée des banques”, qui est très intéressant, mais dont le titre est de nature à induire en erreur, puisque c’est en fait un récit très documenté de la “crise” aux États-Unis]

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