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La gauche radicale espère rester dans une dynamique

Publie le mercredi 1er juin 2005 par Open-Publishing

de Rodolphe Geisler

Et maintenant : qu’est-ce qu’on fait ? Surtout : y a-t-il une ou plusieurs gauches ? C’est, en substance, autour de ces deux questions que devaient débattre à huis clos hier soir les vingt-cinq membres du comité exécutif national du PCF et les vingt-cinq autres membres du bureau politique de la LCR. Mais chacun de leur côté. Car, après avoir fêté main dans la main la victoire du non place de la Bastille, chacun s’en est retourné chez soi. « Cette nouvelle situation, nous l’avions pressentie. Mais maintenant, confie Alain Krivine, tout cela demande beaucoup de discussions. » Façon, pour le porte-parole de la LCR, de faire remarquer diplomatiquement que la mise en place d’un « pôle de radicalité » de gauche avec le PCF n’est pas gagnée...

C’est que, si tous, du PCF à la LCR, assurent vouloir poursuivre la dynamique unitaire engagée durant la campagne référendaire, des divergences de vues stratégiques, sur les suites à donner au « mouvement du 29 mai », persistent entre les deux frères ennemis. Pour Alain Krivine, toujours, « le PCF ne veut pas rompre les ponts tout de suite avec le PS et réfute toujours l’idée qu’il y a deux gauches... ». Or, poursuit l’ancien leader estudiantin de Mai 68, contrairement au Parti communiste, la LCR est pour une autre gauche : une « gauche de rupture », dans laquelle « des libéraux comme Fabius » n’ont pas leur place !

A l’inverse, le PCF appelle à une « dynamique de rassemblement et d’union populaire » la plus large possible et « sans exclusive ». Bras droit de Marie-George Buffet, Patrice Cohen-Seat assure que, à travers le référendum « le peuple s’est exprimé » : « la gauche entière doit l’entendre », dit-il. Et d’ajouter : « Contrairement à ce que l’on peut entendre, nous ne sommes pas sur la ligne d’un pôle de radicalité qui opposerait une gauche à une autre ». En gardant à l’esprit les échéances de 2007 ­ « le scrutin d’hier a montré que 60% du PS était derrière le non », observe-t-il ­, le responsable communiste plaide pour un grand débat populaire afin de créer les conditions d’une alternative à gauche et battre les politiques libérales françaises et européennes.

Dans cette perspective, poursuit Patrice Cohen-Seat, les anciens tenants du oui au PS ont « aussi » leur place dans ce débat. En revanche, « la question de créer une structure organisée autour d’un cartel de partis ne se pose pas » encore. Sur ce point, il rejoint la LCR : la dynamique unitaire doit se poursuivre à travers les collectifs unitaires, créés par la Fondation Copernic, à l’occasion du référendum. Il est vrai que Marie-George Buffet a su en jouer habilement tout au long de la campagne. En partageant ses estrades avec la plupart des partisans du non réunis autour de « l’appel des 200 » (lancé par la Fondation Copernic), elle a permis au PCF de renouer avec sa fonction tribunitienne qui, autrefois, savait séduire les masses.

Président de la Fondation Copernic, Yves Salesse a conscience du rôle joué par les collectifs dans la victoire du non. Et entend poursuivre l’expérience : « Cette victoire nous donne une grande responsabilité », dit-il. Du coup, les 900 collectifs unitaires, créés pour le référendum à travers toute la France, vont à nouveau se réunir localement pour dresser un bilan et évoquer leur avenir. « D’ores et déjà, la volonté de continuer ensemble s’est exprimée au travers de diverses déclarations. Pour la Fondation Copernic, l’engagement citoyen et le rassemblement unitaire doivent être préservés et poursuivis pour l’avenir », a expliqué hier Yves Salesse.

Le Figaro