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La globalisation... et les murs

Publie le samedi 21 octobre 2006 par Open-Publishing
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A peine plus de 15 ans après la chute du Grand Mur, le Rideau de Fer, les murs en tous genres sont de retour.

Pourtant ce n’est pas faute d’avoir célébré le bonheur de vivre dans un monde libre, sans freins, un monde de fraternité et de libre circulation, enfin uni... Il faut croire que cette aspiration humaine à la liberté n’est qu’un fantasme qui ne peut survivre à sa propre réalisation.Après avoir inlassablement oeuvré pour un « monde libre » (libre surtout d’être pillé par leurs hommes d’affaires en tous genres), les Etats-Unis changent radicalement de tactique et se ceignent de murs mécaniques et électroniques... désormais effrayés d’être à leur tour pillés par toute la misère du monde dont ils sont en partie responsables : un mur physique contre les vagues d’envahisseurs basanés venus du Mexique, ce pauvre pays limitrophe de la première puissance économique mondiale pendant des décennies et qui n’a pas profité d’une miette ; un mur électronique contre les missiles en tous genres des pays de l’Axe du Mal dont la liste officieuse (suivant le principe « you’re either with me or against me ») s’allonge de façon vertigineuse ; des murs administratifs dans tous les aéroports dissuadant les étrangers de venir chez eux disséminer une parole dissidente (sans doute..., quelle autre raison ?). Le chantre de la globalisation, du libéralisme économique, de la démocratie... n’est décidément plus ce qu’il était. Mais il est vrai que la globalisation c’est bien quand on est celui qui en profite.

Quand on cesse d’en profiter, on commence à envoyer des militaires à la place des hommes d’affaires.L’autre mur que l’on a tous à l’esprit bien sûr, c’est le mur israélien. Aux dernières nouvelles, les israéliens luttent contre les tunnels que creusent les palestiniens sous le mur pour acheminer des armes... (no comment !). La Renaissance a opté pour la lumière en perçant de grandes fenêtres dans les murailles de ses châteaux forts devenues inutiles face à l’évolution des techniques de bombardement. On se demande comment au XXIème siècle, des états raisonnables peuvent espérer se protéger derrière ce type de défense, à moins de croire que leur hostile voisinage est cultuellement et techniquement médiévalisé.

Cela dit, entre les seigneurs du château et leurs envahisseurs extérieurs, on sait lesquels avaient accaparé les richesses, mais lesquels étaient les plus moyenâgeux ?Les possédants du monde d’hier sont acculés à devoir partager ou à tout perdre. C’est en fait le seul choix qu’ils ont. Et toutes les barricades derrière lesquelles ils pourront s’enfermer n’y changeront rien. Plus encore : ceux qui ont déjà construit les murs ont aussi déjà perdu. Leurs murs sont la preuve de leur incapacité à s’adapter, et comme Darwin a su si bien le démontrer dans sa théorie de l’évolution, celui qui ne s’adapte pas, disparaît.

En revanche, pour tous ceux qui commencent à être tentés par cette voie, la voie de l’auto-incarcération, il est encore temps de contribuer positivement à la réorganisation du monde qui est de facto en cours, plutôt que de bâtir un mur autour d’un simulacre d’ancien régime.L’Union européenne, entre sa tentation de super-frontière et/ou de retour à la région, à l’état-nation d’une part, et son attirance naturelle pour un monde nouveau et multipolaire d’autre part, a encore le choix.

Et, compte tenu de sa taille d’acteur mondial, sa décision aura un impact significatif sur le cours que prendront les transformations géopolitiques mondiales. Une giga Euro-frontière, c’est l’assurance d’un monde couvert de murs (et de ce qui va avec : obscurité, guerres, mort...). Que nos gouvernements y pensent lorsqu’ils gouvernent, et que nos citoyens y pensent lorsqu’ils votent
Masha Loyak

NEWROPEANS MAGAZINE

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