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La mobilisation s’intensifie pour les otages français en Irak

Publie le lundi 30 août 2004 par Open-Publishing

La mobilisation des autorités françaises s’est intensifiée à l’approche de l’expiration de l’ultimatum des ravisseurs de deux journalistes français en Irak, qui réclament le retrait de la loi sur le port des signes religieux, dont le voile islamique, à l’école.

L’Armée islamique en Irak, qui a revendiqué l’enlèvement de Christian Chesnot et de Georges Malbrunot, disparus il y a dix jours, a donné samedi soir quarante-huit heures aux autorités françaises pour annuler la loi sur la laïcité.

Au soir de l’appel "solennel" à la libération des otages lancé par le président Jacques Chirac, le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, est arrivé dimanche au Caire, en Egypte, première étape d’une tournée diplomatique au Proche-Orient.

Le chef de la diplomatie française a appelé à la libération des deux journalistes, "notamment parce que le respect de la vie humaine est sacré".

Le ministère des Affaires étrangères a annoncé lundi matin que le secrétaire général du Quai d’Orsay, Hubert Colin de Verdière, était parti pour Bagdad.

Lundi matin, le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a réuni à Matignon les dirigeants des principaux partis politiques, de la majorité et de l’opposition, en présence notamment des ministres Dominique de Villepin (Intérieur), Michèle Alliot-Marie (Défense) et Renaud Donnedieu de Vabres (Culture).

Dès dimanche, Jean-Pierre Raffarin avait appelé à "l’unité nationale" face à la crise des otages français.

Dominique de Villepin avait de son côté réuni place Beauvau les représentants du culte musulman en France pour un appel commun à la libération des otages et la réaffirmation du principe de laïcité.

Interrogé lundi matin sur Canal Plus, le ministre délégué à l’Intérieur et porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé, a affirmé que la loi sur la laïcité à l’école serait "appliquée" jeudi, "comme prévu", pour la rentrée scolaire.

Fouad Alaoui, secrétaire général de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), opposée pendant la discussion sur la laïcité à un dispositif législatif, a souligné lundi matin sur RTL qu’une loi votée devenait "la loi de la République" et a jugé que le seul débat qui pouvait avoir lieu devait porter sur "l’application de la loi" mais "pas sur la loi".

UN CONTACT ÉTABLI AVEC LES RAVISSEURS ?

Pour Jean-François Copé, "au-delà de l’indignation que nous ressentons tous, c’est l’heure de la mobilisation" et "ce qui ressort de ces dernières heures, c’est le sentiment d’une France unie et rassemblée".

Deux manifestations étaient prévues lundi en fin d’après-midi, la première devant le siège de Radio France, la seconde sur le parvis des droits de l’homme, au Trocadéro.

Jean-François Copé a ajouté que "naturellement" il reste un espoir de voir les deux journalistes libérés. "Et tous les contacts qui peuvent être susceptibles de permettre la libération de nos compatriotes sont pris. La mobilisation est très forte", a dit le porte-parole du gouvernement.

La ligue pour la défense des droits du peuple irakien affirme ainsi avoir réussi, par le biais de son association à Bagdad, à établir un contact avec les ravisseurs de deux journalistes français et avoir obtenu "un accord de principe" pour que leurs vies soient épargnées.

Dans un entretien accordé dimanche au Monde et publié lundi, Mouzhar Al-Douleïmi, président de la ligue, affirme avoir réussi à établir un contact avec le groupe de l’Armée islamique en Irak, qu’il a exhorté à "ne pas nuire aux deux journalistes et à les libérer, en raison de la position honorable du gouvernement et du peuple français envers l’Irak".

Il assure qu’il a obtenu "un accord de principe" pour que soient épargnés Christian Chesnot et Georges Malbrunot.

Le Monde précise que Mouzhar Al-Douleïmi est membre de la tribu des Al-Douleïmi, dont certains cheikhs ont joué un rôle efficace dans la libération d’otages étrangers en Irak.

Dans une interview également accordée dimanche au Monde ainsi qu’aux correspondants de plusieurs journaux étrangers, dont le Washington Post, le Sunday Times et le Corriere de la Serra, le Premier ministre irakien, Iyad Aalloui, estime que "la France ne sera pas épargnée" par le terrorisme.

"Les gouvernements qui décident de rester sur la défensive seront les prochaines cibles des terroristes. Les attentats se produiront à Paris, à Nice, à Cannes ou à San Francisco", affirme-t-il.

"Les Français, ainsi que tous les pays démocratiques, ne peuvent pas se contenter d’adopter une position passive. Les Américains, les Britanniques et les autres nations qui se battent en Irak ne se battent pas seulement pour protéger les Irakiens, ils se battent aussi pour protéger leur propre pays", souligne Iyad Allaoui.

"Laissez-moi vous dire que les Français, malgré tout le bruit qu’ils font - ’nous ne voulons pas la guerre’ - auront bientôt à combattre les terroristes", ajoute-t-il. (Reuters)

http://www.reuters.fr/locales/c_newsArticle.jsp?type=topNews&localeKey=fr_FR&storyID=6101731