Accueil > La paix sans la Palestine ?
« Mieux vaut tard que jamais », dit l’adage. Certes ! Car il faut bien arriver à fixer une échéance à un dossier qui perdure depuis 60 ans. Aussi, toute proposition de paix est toujours la bienvenue. Mais de quelle paix parle M.Netanyahu qui se dit disposé à « négocier » avec les Palestiniens ?
Négocier quoi, si ce n’est de l’échange de la paix contre les terres. Ce qui ne semble guère être le cas, à entendre les déclarations des principaux responsables du Likoud israélien. De fait, « magnanime », le leader du Likoud, Benjamin Netanyahu, se souciant du sort des Palestiniens, en guise d’Etat, veut « améliorer » leurs conditions de vie, tout en les assignant dans les bantoustans et ghettos que sont devenus les territoires palestiniens occupés. Or, la venue de Netanyahu - responsable du gel, en 1995, de l’application des accords d’Oslo entre l’OLP et Israël - à la primature israélienne, risque surtout de faire tomber le conflit israélo-palestinien dans l’inconnu. Aussi, à juste raison, les Palestiniens réclament-ils du nouveau gouvernement israélien des actes, les paroles, ils n’en ont cure, d’autant qu’ils sont payés pour savoir le crédit à accorder aux déclarations de « paix » israéliennes, alors que perdure depuis de longues années le conflit sans que les concessions faites par les Palestiniens fussent suivies des effets attendus.
Bien au contraire, plus les Palestiniens font montre de souplesse, plus Israël conforte sa présence dans les territoires palestiniens, notamment en Cisjordanie où les colonies juives de peuplement sont en constante expansion. De fait, chaque négociation annoncée a été suivie par la consolidation de l’implantation israélienne en territoire palestinien. Aussi, les approches de Netanyahu sont trompeuses et ne sont qu’un leurre, comme le confirme la radio de l’armée israélienne qui affirmait hier que le Premier ministre israélien pressenti, Benjamin Netanyahu, a conclu un accord secret avec le parti « Israël Beiteinou » (extrême droite nationaliste) prévoyant l’extension de la colonie de Maalé Adoumim, en Cisjordanie, aux fins de convaincre ce parti d’extrême droite de rejoindre la coalition. Dès lors, les déclarations de Netanyahu affirmant sa disponibilité à négocier « la paix » avec les Palestiniens doivent être prises avec beaucoup de réserve tant que les pourparlers ne s’inscrivent pas clairement dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et des accords déjà signés avec les Palestiniens. Cela dans l’optique de la création d’un Etat palestinien doté des attributs de la souveraineté, avec Jérusalem-Est pour capitale. Le moins qui puisse être dit est que nous n’en sommes pas là. D’autant que les Israéliens, outre de gagner du temps, travaillent avec acharnement à judaïser Jérusalem-Est et la Cisjordanie.
Donc, loin de donner des gages susceptibles d’ouvrir sur de véritables négociations de paix, Israël fait tout pour rendre de tels pourparlers caducs. D’ailleurs, le président américain, Barack Obama, a admis mardi que la « nouvelle donne » gouvernementale israélienne n’allait pas rendre « plus simple » la paix avec les Palestiniens, affirmant néanmoins son engagement à essayer de mettre fin à un conflit en stand-by depuis 60 ans. « Ce n’est pas plus simple que cela n’était, mais je pense que c’est tout aussi nécessaire », a déclaré M.Obama. En fait, tant qu’Israël n’adhère pas pleinement et sans équivoque au principe universel de l’échange de la paix contre la terre, socle sur lequel ont été construits les accords de paix d’Oslo en 1993, la paix demeurera impossible et toute offre israélienne dans ce sens restera sans objet.
De la simple propagande sans effet sur le retour à la paix et à la sécurité pour les peuples de la région, y compris le peuple palestinien.