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La prochaine bombe financière qui va engloutir des dizaines de milliards d’euros.

Publie le dimanche 23 novembre 2008 par Open-Publishing
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Dexia, une bombe financière.

Une banque creuse un trou gigantesque, sans faire de bruit. Cette banque, belgo-luxembourgo-française, c’est Dexia. Elle a été sauvée de la faillite fin septembre 2008 par une injection de 6,5 milliards d’euros, dont 1 milliard d’euros injectés par l’Etat français, 2 milliards d’euros injectés par la Caisse des Dépôts et Consignations (250 millions en provenance du Livret A !). Sans compter une garantie sur les emprunts de 145 milliards d’euros, assurée par la Belgique et par la France.

Depuis lors, sa capitalisation boursière s’est effondrée de 60 %. La perte de valeur pour la France est déjà de 4 milliards d’euros. Ce n’est qu’un début. Le risque est énorme.

L’arrivée de Pierre Mariani, proche de Sarkozy, à la tête de la société, et le recentrage vers les activités classiques : rien n’y a fait. Dexia s’enfonce inexorablement. Elle vient d’annoncer une perte de 3 milliards d’euros pour le second semestre 2008. Quel média a crié au scandale ?

La moitié de cette perte est liée à la cession de la filiale américaine FSA, un rehausseur de crédit (société qui garantit la bonne qualité des créances d’autres sociétés sur ses fonds propres). Logique, car c’est par FSA que Dexia avait connu ses plus grosses pertes. Hélas, le robinet reste ouvert. « Pour trouver un acheteur de ce canard boiteux, Dexia a dû s’engager à conserver les mauvais risques de sa filiale. » précise un proche du dossier.

La France et la Belgique ont dû apporter une garantie de 16,5 milliards d’euros, dont un tiers pour la France, qui sera inscrite dans le projet de loi de finances rectificatif pour 2008. « Le portefeuille de FSA est si pourri que c’est une quasi-certitude de payer » assure François Goulard, député UMP du Morbihan. La perte potentielle pour l’Etat français pourrait atteindre 8,5 milliards d’euros. Plus de la moitié du coût du Crédit Lyonnais !

Bien sûr, le management de Dexia a été sanctionné. Le Belge Axel Miller a dû démissionner. Bruno Deletré, énarque français, chargé justement du rehausseur de crédit, a rejoint l’Inspection des Finances à Bercy. Mais leur stratégie n’a pas pu échapper aux autres membres du conseil d’administration de Dexia. On y trouvait la fleur de l’élite française : Augustin de Romanet, directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations, Dominique Marcel, aujourd’hui à la Compagnie des Alpes, Denis Kessler, patron de la Scor, Anne-Marie Idrac, alors présidente de la SNCF. Et même François Rebsamen, maire de Dijon et numéro deux du Parti Socialiste.

Qui leur demandera des comptes ?

Emmanuel Lévy, Marianne, 22 novembre 2008, page 60.

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