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La réception mensuelle des chômeurs par l’ANPE : au mieux une farce, au pire une bombe

Publie le lundi 5 décembre 2005 par Open-Publishing
17 commentaires

de Madame Rose

Quand ça pète dans les banlieues, on décrète que l’ANPE recevra les jeunes. Les conseillers de l’ANPE, ceux qui sont au front, ont déjà reçu beaucoup de jeunes cet été, puis cet automne les minima sociaux. Ils se préparent pour janvier la totale : réception mensuelle de tous les demandeurs d’emploi, en banlieue, en ville et en campagne, et par le même conseiller, s’il vous plaît.

On rêve : il faut savoir que l’ANPE n’a même pas pu réaliser le suivi semestriel des chômeurs instauré par le PARE en 2001 (qui a généré la montée des radiations pour absence à entretien). Le pire, c’est que l’ANPE ne sait pas comment faire pour mettre en place cette usine à gaz. Elle se décharge sur les agents dans le style "on vous donne les objectifs et vous vous débrouillez" en habillant le bébé avec des mots ronflants comme "responsabilisation" ou "temps autogéré" - et une petite prime en carotte avant les coups de bâtons.

Et il va proposer quoi, le conseiller, à 150 ou 200 demandeurs par mois (les estimations sont très floues) ? Ce qu’il a en magasin, c’est à dire ni les emplois que le « client » attend ni les formations qu’il espère, ni aucune nouvelle perspective professionnelle. A qui il va en vouloir, le client, à votre avis ?

Il n’y a pas assez d’emplois pour tout le monde et l’argent de la formation finance les besoins du patronat. Les agents du front sont très exposés, désignés à la colère des chômeurs, soumis à un stress important, pressés pour faire du chiffres, bien peu respectés par l’établissement, bien mal payés pour ça.

Les conditions de travail ne prédisposent pas à la disponibilité qu’il leur faudrait à tous pour mieux accueillir les gens. Ils reçoivent des chômeurs dont les problèmes les touchent dans leurs convictions profondes (professionnelle, morale, éthique, citoyenne, politique...) et pour lesquels ils n’ont que trois bouts de ficelle pourrie en magasin, et pas assez de temps pour l’écoute et le conseil.

A un travail difficile s’ajoute une réputation détestable : « ils ne foutent rien à l’ANPE » - c’est ce qu’un certain Jacques Marseille, expert en je ne sais quoi, à dit en substance et de façon très méprisante sur la Cinq pendant l’émission C dans l’air de Calvi, qui n’a rien relevé. Il y avait là matière, au moins pour « une certaine catégorie de personnel », à aller en justice pour diffamation, et au minimum à obtenir un droit de réponse. Ce qu’elle « fout », l’ANPE, Monsieur Marseille, c’est obéir aux ordres. L’ANPE a perdu son utilité publique au profit de son utilisation politique. Elle formate et cravache les agents pour qu’ils fassent baisser les chiffres du chômage. Le facteur humain est ignoré, qu’on soit agent du front ou chômeur.

Question facteur humain, la réception mensuelle d’un demandeur d’emploi par un même agent pourrait être une excellente idée. Il fut un temps où les conseillers professionnels pouvaient faire de vrais « suivis », avec travail d’orientation, mise en place de parcours... où les conseillers à l’emploi avaient le temps de soutenir et guider les demandeurs dans leurs recherches... C’est bien ce que souhaiterait bon nombre d’agents et de chômeurs.

Làs ! Ces compétences et cette éthique ne sont plus d’actualité. La consigne à l’ANPE c’est : contrôles et flicage à tous les étages, et faites de bons chiffres ! Les quelques milliers de nouveaux recrutés, sur des profils commerciaux, vont être rapidement « playmobilisés » et jetés au front. Il y aura de la prestation en magasin, que l’agent du front sera sommé de fourguer manu-militari - du style « stages » de Techniques de Recherche d’Emploi, souvent humiliants, voire vexatoires. Ou Plate-forme dite de « vocation » qui te persuade que tu serais un bon maçon ou un bon serveur, s’il y avait des offres convenables... Les chômeurs sont exaspérés à juste titre. Que leur colère ne se retourne pas trop vite contre les agent-es de l’ANPE ! Laissez-leur le temps d’organiser la résistance.

Les agents de l’ANPE sont des facteur-es humain-es. Dans tous les groupes humains, vous avez des profiteurs, des aigris, des zélés, des ambitieux, des tire-au-flanc, des agressifs. Chez les chômeurs aussi et chez les députés et chez les patrons, il y en a partout. On pourrait passer sa vie à les traquer et à les dénoncer. N’y a-t-il pas mieux à faire ?

Les radiations pour absence à entretien ou à convocation sont de loin les plus nombreuses. On peut facilement imaginer qu’elles vont exploser. Que cette explosion n’en entraîne pas d’autres, pires, n’est pas de la seule responsabilité des agent-es de l’ANPE.

Rose

Messages

  • Laissez-leur le temps d’organiser la résistance.

    hum... Je crains que résistance et ANPE ça relève de l’oxymore. Et puis,les 150€ de prime vont probablement gommer les cas de conscience hypothétiques, trés hypothétiques...

    J’ai rendez-vous demain à l’ANPE. J’essayerai de penser à ce message pendant que le conseiller, en face, fera tout son possible pour me radier... J’essayerai de me dire : c’est un(e) profiteur, un aigri, un zélé, un ambitieux, un tire-au-flanc, un agressif... Y’en a partout... Moi-même, d’ailleurs.... J’essayerai d’oublier que, chaque fin de mois, à l’ANPE, des primes sont distribuées aux plus méritants... J’essayerai de ne pas penser que, bien que me radiant et touchant la prime de mérite, celle-ci, en somme, est une prime de ...résistance.

    Mais je garantis rien.

    • Je suis en CDD à l’Anpe pour 1300 euros net par mois et je peux te dire que :
      1/ le cadet de mes soucis, c’est bien de radier un "demandeur d’emploi" car justement, je sais bien ce que c’est que le chômage (5 mois la dernière fois avec un bAc + 4 et aucun employeur qui ne voulait de moi...) ;
      2/ justement aussi, à force de voir des gens nous critiquer, nous dire qu’on est tout un paquet de fainéant, notre vision peut changer car il y a aussi des branleurs inscrits au chômage qui cumulent boulot au noir et indemnisation Assedic...
      3/ l’Anpe n’est pas là pour trouver du boulot aux gens, elle est là pour servir d’intermédiaire entre l’offre et la demande. J’en ai assez de tous ces gens en position d’assistés qui nous reprochent de "ne pas leur trouver de travail" alors que l’Anpe ne recueille que la moitié des offres réeeles d’emploi. D’autre part, les offres d’emploi diffusées (à l’Anpe et hors Anpe) ne représentent que la moitié des offres réelles (50% des offres sont cachées>marché gris).
      4/ oui il y a résistance dans les esprits des agents de l’Anpe qui ne sont pas des petits robots lobotomisés façon "commercial".
      Beaucoup de conseillers sont surdiplômés, issus de l’immigration (plus de conditions de nationalité au concours de cette année et pas de condition de nationalité pour les contractuels qui sont très nombreux), issus d’autres milieux professionnels.
      Nous ne sommes pas des machines à radier et les plus anciens, syndiqués et/ou plutôt remontés contre le contrôle qu’on va leur demander d’opérer ne sont pas d’accord avec ces mesures.
      Voilà, à vote disposition pour vous parler de l’intérieur.
      La Mouche du Coche

    • 1/Pourquoi un "demandeur d’emploi" et pas un "privé d’emploi" ? Quant à ce "cadet de (t)es soucis" oui ou non existe-t-il à l’ANPE des primes pour ceux qui ont, entre autre, bien radié ?

      2/ En somme, puisqu’il y a des connards qui osent vous traiter de fainéants (ce n’est pas mon cas, je te signale) tout ce que tu trouves à dire c’est, à peu prés, "c’est-çui-la-qui-dit-ki-yé"

      3/ C’est l’engrenage : apres les travailleurs au noir voici les assistés...Ben dis donc...

      4/ Les ANPE fourmillent de Jean Moulin, ce sont de véritables nids de résistants. Et ils sont tellement clandestins que, pour ma part, je n’en ai jamais rencontré aucun. C’est sans doute parce que je vis en province ? Tellement clandestins même que pas un n’est syndiqué (je parle pas des syndicats collabos) : dans ma sous’préfecture de 50000 âmes aucun agent de l’ANPE n’est à la CGT (qui est le seul syndicat un peu de lutte de la région) Quant à des "conseillers issus de l’émigration" je n’en ai jamais vu la queue d’un... Aucun conseiller en CDD non plus, d’ailleurs, mais de vénérables fonctionnaires, solidement assis et qui n’ont, le plus souvent, que mépris pour qui ne l’est pas (assis). Chaque fois que je les vois je pense au poème de Rimbaud :

      "- Oh ! ne les faites pas lever ! C’est le naufrage...
      ...................................................................
      Rassis, les poings noyés dans des manchettes sales,
      Ils songent à ceux-là qui les ont fait lever

      ................................. etc

    • C’est pas marqué sur le front des conseillers à l’accueil s’ils sont ou non en CDD.
      Il est vrai que la majorité des précaires, les tempo, les contrats "aidés" (contrats d’avenir, CAE) sont plutôt dans l’arrière boutique.

      Il existe un système de primes individuelles à l’initiative du directeur d’agence pour "la qualité du service rendu". Si de DALE (directeur d’agence locale pour l’emploi) est un radieur, il récompensera les radieurs. Pour le moment je n’ai pas entendu parler d’objectifs individuels de radiations.

      En revanche, il y a des primes collectives qui récompensent la réalisation d’objectifs au niveau d’une agence ou d’un bassin ou même d’un département. Et parmi ces objectifs figure en bonne place la baisse du nombre de certains publics (chômeurs de longue durée, femmes, jeunes, cadres, ASS...). Comme il n’y pas assez d’emplois et bien peu de formations, la meilleure façon pour faire baisser les chiffres est en effet la radiation, et prioritairement celle pour absence à convocation.

      Le total des primes, pour un agent du front, équivaut à peine à un 13è mois. Pour la hiérarchie, elles sont nettement plus attractives.

      Le conseiller de base radie peu. Il a chaque jour une liste de gens à recevoir. Il pointe les absents et transmet "à l’arrière" où sont déclenchées les procédures de radiation. Comment pourrait-il empêcher ça ? En enregistrant un entretien bidon, en bidouillant la "catégorie" ? Ca marche, mais l’agent prend des risques !

      La majorité des radiations échappent aux conseillers, elles sont générées automatiquement par le système informatique. Cependant, tous les avis de radiations sont signés par le DALE ou son représentant... A bon entendeur, salut !

      PAVLOV
      Pour Abroger Vite Les Ordonnances Villepin

    • Bien envoyé !

      Pôv’ z-agents de la neu peu neu...

      Ben oui. Eux aussi, comme les chômeurs, comme les autres salariés, comme la majorité des citoyens, sont méprisés, disqualifiés, playmobilisés. Et c’est vrai, pas beaucoup de Jean Moulin dans tout ça.

      Quoique.

      Rose

    • 1300 euros net par mois, plus que le smic. 5 mois de chomage, c’est quoi comparer à des années. La radiation c’est le cadet de tes soucis, cela veut dire que tu t’en fou que des hommes, des femmes et des enfants dorment dehors, ne mangent pas a leur faim.......tu dois penser que ce sont des fainéants eux aussi. Vu ton discours ne te plaint pas d’etre critiqué...........Réfléchi

    • non, nous n’avons pas de prime mensuelle à la radiation.
      non, 152 euros ne peut nous motiver à faire plus de radiation.
      nous travaillons comme tout un chacun et devons comme tout salarié faire le travail pour lequel nous sommes (mal) payés et pour lequel nous avons été recruté par concours. car nous ne sommes pas nés à l’ANPE. Quand nous étions dans le privé la prime de rendement ou d’intéressement n’était pas de 152 euros mais éait de 1000 à voire 7500 euros et + pour certains, si les objectifs étaient dépassés.
      ce que nous la base regrettons c’est que notre direction n’exerce pas son droit de réponse.
      il est vrai qu’il faut un bouc émissaire.
      alors essayer de voir plus loin que le bout de votre nez.

    • pour dire ce que tu dis, tu ne dois pas connaître beaucoup de conseillers de l’anpe
      notre travail n’est pas de radier, mais dans un contexte on ne peut pas plus difficile
      d’essayer de trouver pour chacune et chacun, une solution. nous ne créons pas d’emploi
      nous n’embauchons pas, nous ne faisons pas de formation, mais c’est nous qui sommes
      en première ligne. au lieu de prendre le conseiller comme un ennemi, je t’invite à tenter
      d’avoir une démarche constructive pour toi.

    • Dans la mesure ou il est possible de connaitre les salaires d’une administration avant d’y entrer , si le salaire ne vous convient pas , ne passer pas le concours et rester dans le "privé" .
      Merci

  • Il y en aurait à dire, sur cette "réception mensuelle"... Il y en aurait à dire aussi, sur les agents de l’ANPE, sur le pouvoir politique, sur le monde dans lequel on vit aujourd’hui. Les résistances, qu’elles soient internes à l’ANPE, ou externes (associations de chômeurs, syndicats...) ne sont pas légion. Tant qu’on s’occupe du chômage, on ne tape pas sur les salariés, et chacun espère que la baffe ne lui tombera pas dessus, alors on regarde ailleurs...
    Non, il n’y a pas de "prime à la radiation" dans les ANPE. Mais il y a des pressions, tout le temps sur les agents, comme dans beaucoup d’entreprises il y a des pressions sur les salariés. Et la pression, ça use, et tout le monde n’a pas la même résistance. C’est plus globalement que le problème se pose. L’ANPE est un épiphénomène, même si je comprends que ce soit, pour les chômeurs, le bouc émissaire le plus accessible. Comment, en effet, s’en prendre à l’Unedic, au patronat, aux syndicats, au monde politique ? C’est plus facile de tirer à vue sur l’agent de l’ANPE, qu’il soit ou non sympa, qu’il soit ou non concerné, qu’il ait ou non quelque chose à vous proposer...
    Il n’y a de sens qu’à l’action collective. Mais laquelle ? Il y a peu de syndiqués à l’ANPE, c’est vrai, mais les syndicats ont fait long feu (c’est bien pour ça que ce site existe, il me semble !), et le syndicalisme n’a pas le monopole de la résistance. J’ai vu, il y a quelques années, des actions collectives, chômeurs et salariés de l’ANPE, c’était bien, c’était efficace, ça faisait remuer dans les chaumières... Mais aujourd’hui, que voyons-nous ? Des chômeurs laminés, qui tapent sur des agents ANPE laminés, et personne n’y a rien gagné, sauf ceux qui se réjouissent de ce manque de résistance : les politiques, qui vont pouvoir se gargariser de la baisse du chômage, pour être réélus confortablement, avec leur salaire pharaonique et leurs avantages hallucinants. Allons-nous leur donner ce plaisir ? Qu’attendons-nous pour nous unir et leur mettre une claque ?
    Wapiti - Agente ANPE au bord de l’énervement !

  • Bonjour,

    Je suis journaliste à Montpellier et cherche des agents anpe de Montpellier ou sa région qui seraient prêts à me parler de leurs problèmes sur "la réforme du suivi de la recherche d’emploi" (le contrôle des chômeurs quoi). Vous pouvez me contacter par mail : jac34@free.fr. Discrétion assurée.

    En espérant qu’il reste encore des gens qui n’ont pas trop peur.

    A bientôt, j’espère.

    • Pour alimenter le débat....
      (un agent ANPE syndiqué à la CGT)

      Paris, le 12.12.2005

      La CGT ANPE
      À
      Monsieur le Premier Ministre

      Vous avez décidé d’octroyer à tous les Agents de l’ANPE une prime de 152 euros net en Décembre. Vous déclarez que cette prime est destinée à féliciter les agents publics de l’excellent travail qu’ils ont effectué entre Juin et Décembre 2005 et à les encourager à mettre en place le suivi mensuel de tous les demandeurs d’emploi dès janvier 2006.
      Permettez-nous de vous rappeler que les Agents de l’ANPE n’attendent pas après vous, et surtout pas sous cette forme, pour savoir si le travail qu’ils effectuent est de qualité ou non. Au passage nous soulignons que l’Agence existe depuis 1967, et que cela fait donc quelque temps que nous remplissons nos missions de service public, que l’on nous en donne les moyens ou non.

      Vous êtes satisfait du travail effectué parce que vous pouvez claironner sur les médias que les chiffres du chômage sont en baisse. Rétablissons les faits : la baisse ne concerne que certaines catégories d’inscription et globalement il n’y a aucune reprise de l’emploi. Les radiations sont très largement à l’origine de cette baisse relative et nous vous alertons sur le fait que, pour les collègues de l’Agence, le fin du fin n’est certes pas d’être félicités pour avoir « bien » participé aux opérations de radiations. Cela est dégradant et insultant par rapport à la conception, qui existe dans nos services, de délivrer une mission de service public répondant aux attentes et besoins de nos usagers.

      Si vous pensez, par ailleurs, vous attirer la sympathie des agents par rapport à leur problème de pouvoir d’achat, vous êtes franchement à côté. Même et surtout en cette période de fin d’année, cette prime ne peut faire oublier que votre gouvernement refuse de revaloriser les salaires de la fonction publique en augmentant la valeur du point d’indice, seule réponse possible au problème des rémunérations. La CGT continue de réclamer une augmentation de la valeur du point égale à l’inflation prévisible, des mesures de rattrapage de la perte des salaires (en cinq années moins 5,5% ce qui correspond à un mois et demi de salaire) et une refonte de la grille indiciaire.
      Nous réaffirmons notre opposition à toute prime et à des mesures financières clientélaires. De plus, cette aumône ne sera pas perçue par tous les personnels travaillant à l’Agence, puisqu’en sont exclus les agents temporaires, les collègues sous contrat de droit privé et tout agent non présent du 01 juillet au 01 décembre 2005.

      D’autre part, nous trouvons cette prime scandaleuse parce qu’elle vient à point nommé pour tenter de faire baisser la grogne et les inquiétudes légitimes qui existent par rapport au suivi mensuel. Ce suivi va totalement dénaturer les relations que nous avons avec nos usagers, les demandeurs d’emploi qui se déroulent en tant que de besoin à leur initiative. Toutes les semaines, deux fois par mois, une fois tous les quatre mois… (au passage cette logique est transposable pour l’offre valable d’emploi). Et ils doivent pouvoir venir nous trouver sans avoir obligatoirement de rendez-vous. Or, l’organisation décidée par votre gouvernement, afin de répondre aux injonctions du MEDEF, met en place une convocation systématique mensuelle (pouvant même être bi-mensuelle). Si les usagers ne viennent pas, les Agents de l’ANPE devraient mettre en place toute une batterie d’éléments coercitifs, qui pourront aller des réductions d’allocations jusqu’à la radiation.
      De toute façon, même si nous forcions les chômeurs à venir tous les jours, cela ne changerait pas la réalité du marché du travail, 2/3 des offres enregistrées sont des CDD de moins de 6 mois, sans parler des offres en CNE ! Sans compter que les offres d’emploi bien rémunérées, qualifiées sont de plus en plus rares aujourd’hui.

      De plus, ce suivi mensuel va générer une intensification des charges de travail des Agents de l’ANPE, qui ne sera compensée ni par les 3200 renforts de postes, ni par la suppression du flux. Le profilage statistique induit par le suivi mensuel dès le premier entretien (conduit par l’ANPE ou les ASSEDIC) a pour finalité de « normer » les chômeurs. Cette segmentation se fera en fonction de leurs risques de chômage de longue durée, évalués d’après un profil personnel dans lequel rentrent en ligne de compte la nationalité, l’indemnisation, le sexe, la qualification, etc !
      D’après cette évaluation, le demandeur d’emploi sera enfermé dans un parcours, dont le pire est celui qui exclut l’usager de l’emploi en l’orientant autoritairement sur des prestations « sociales ».
      Avec le PARE, le nombre de radiations administratives a doublé entre 2001 et 2003. Avec le suivi mensuel les risques de radiation sont encore plus importants.

      Pour toutes ces raisons, les Agents publics de l’ANPE sont opposés à ce suivi mensuel et vivent comme une atteinte à leur dignité les 152 euros que vous leur attribuez.

      La CGT-ANPE

  • Mon Dieu que je suis d’accord !!!
    Votre article Madame Rose est très évocateur et réaliste qui plus est ! Je connais bien la "boutique" ANPE pour y avoir travaillé près de 3 ans... (en CDI). Maintenant je suis parti (démissionné) pour suivre une formation d’assistant social afin d’avoir plus de temps pour écouter les gens en situation précaire et dans une démarche globale et pas seulement sur le champ du professionnel. Je pense qu’il ne sert à rien de vouloir mettre les personnes dans des petites cases si elles ne le correspondent pas et si elles ne sont pas prètes (soucis de santé, divorce,...). C’est pourquoi j’ai fait ce pari de changer d’orientation car l’établissement, hélas n’était (et n’est) pas dans cette orientation. Les agents de l’ANPE sont des "otages" dans ce processus d’intégration forcée... Ils ne sont que des exécuteurs et leurs avis ne comptent pas ! Pourtant leur vision serait importante pour changer sensiblement la conjoncture économique...
    Maintenant la question est : Comment sensibiliser les pouvoirs publics dans cette démarches ???
    J’attends vos lumières car les miennes sont quelque peu éteintes...

  • bonjour,

    je n’avais pas pris le temps de cliquer sur l’adresse envoyée par un camarade cégétiste ANPE

    Mon petit commentaire :

    Ils ont tous les pouvoirs (institutionnels) et ils s’en donnent à coeur joie... et en face, on minaude, on tergiverse, on décrit, on commente, on rouspète, mais ne désespérons pas,
    toutes les consciences sont loin de là lobotomisées.... malgré le formatage médiatique, le réel qu’on voit et qu’on vit tous les jours nous donne tous les courages de se mobiliser encore et toujours.

    Oui, le suivi mensuel, c’est une imposture de plus, une farce kafkaienne, et entre les mains de gens sans repères politiques que ceux véhiculés par les médias dominants, ça risque fort d’être une monstruosité... et puis tout simplement administrativement, ça sera une belle machine à radier.
    amicalement Jacky un syndiqué CGT ANPE