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La révolte des universitaires menace Sarkozy

Publie le mercredi 11 février 2009 par Open-Publishing
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Le gouvernement doit lâcher du lest face au mouvement sans précédent. Les réformes sont-elles encore possibles en période de crise ?

de Sylvain Besson

En France, l’inquiétude des gouvernants se mesure souvent au nombre de véhicules de police déployés dans les rues. A en juger par le flot de cars de CRS qui ont envahi, mardi, le quartier de la Sorbonne, le mécontentement qui monte dans les universités préoccupe grandement le pouvoir. Hier, 17 000 étudiants et enseignants ont défilé dans Paris, selon la police, malgré un temps épouvan­table.Ce mouvement ne ressemble pas aux poussées de fièvre qui s’étaient emparées des universités françaises en 2006 et 2007.

Les syndicats étudiants et l’extrême gauche n’y jouent qu’un rôle marginal. L’âme de la contestation est composée d’augustes professeurs de droit, d’enseignants et de personnels administratifs qui, d’ordinaire, ne se mobilisent jamais.Le texte qui a mis le feu aux poudres est un projet de décret permettant d’imposer un nombre d’heures de cours accru aux enseignants dont les travaux de recherche seraient jugés insuffisants.

« Il y a des enseignants qui ne font pas de recherche du tout et sont trop payés pour le peu de cours qu’ils donnent, estime un mathématicien. Ce sont des gens qu’on ne voit jamais et qui sont réapparus en grand nombre au début du mouvement. »

Olivier Beaud, juriste à l’Université parisienne d’Assas, devenu l’un des leaders de la contestation, reconnaît au gouvernement le mérite d’avoir voulu faire bouger les choses, « alors qu’auparavant, la gauche comme la droite avaient laissé l’université se détériorer ». Mais, selon lui, le projet de décret est tellement mal fait qu’il en devient inacceptable. Pourquoi punir les étudiants en leur infligeant plus d’heures de cours avec des enseignants jugés paresseux ? Comment évaluer le nombre de ces derniers – les estimations vont de 1% à 20% sur un effectif de quelque 60 000 personnes ?

Un bon chercheur se mesure-t-il uniquement au volume de ses publications ?Selon Olivier Beaud, le décret ne répond pas à ces questions. Il menace aussi de placer les enseignants sous la coupe des présidents d’université, qui contrôleront leur activité, leur avancement et leur salaire. Or ceux-ci sont déjà chiches : « Je suis payée 2700 euros [environ 4000 francs] après quinze ans de carrière », confie Valérie Robert, germaniste à l’Université Paris III et membre du collectif Sauvons l’université. Un professeur débutant ne gagne guère que 2000 euros (3000 francs).

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/122...

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