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La stratégie du choc

Publie le mardi 26 août 2008 par Open-Publishing
8 commentaires

La montée d’un capitalisme du désastre
Naomi Klein

Qu’y-a-t-il de commun entre le coup d’état de Pinochet au Chili en 1973, le massacre de la place Tiananmen en 1989, l’effondrement de l’Union soviétique, le naufrage de l’épopée Solidarnösc en Pologne, les difficultés rencontrées par Mandela dans l’Afrique du Sud post-apartheid, les attentats du 11 septembre, la guerre en Irak, le tsunami qui dévasta les côtes du Sri-Lanka en 2004, le cyclone Katrina, l’année suivante, la pratique de la torture partout et en tous lieux - Abou Ghraib ou Guantanamo, aujourd’hui ?

Tous ces moments de notre histoire récente, répond Naomi Klein, ont partie liée avec l’avènement d’un « capitalisme du désastre. »

Approfondissant la réflexion entamée avec son best-seller, No Logo (Actes Sud, 2001) Naomi Klein dénonce, ici, documents à l’appui, l’existence, depuis plus d’un demi-siècle, de stratégies concertées pour assurer la prise de contrôle de la planète par les multiples tenants d’un ultralibéralisme qui a systématiquement mis à contribution crises, désastres ou attentats terroristes - et qui n’a pas hésité, du Chili de Pinochet à Guantanamo - à recourir à la torture sous diverses formes pour substituer aux acquis des civilisations et aux valeurs de démocratie la seule loi du marché et la barbarie de la spéculation.

Rédigée dans une langue efficace, tonique, directe, traquant les zones d’ombre, identifiant responsables et bénéficiaires d’une marchandisation de la terreur dont les conditions peuvent, le cas échéant, se voir créées de toutes pièces, cette histoire secrète du libre marché souligne l’inquiétant avènement d’un « capitalisme du désastre ».

Messages

  • Un bouquin que tout le monde devrait avoir lu pour comprendre la politique US des 50 et + dernières années.

    Et si on le lit avec un analyse dialectique marxiste, (Naomi Klein est plutôt Keynesienne que Marxiste), c’est encore bien plus clair. Tout y est.

    G.L.

  • Tout - ou presque - y est.

    Mon nouveau livre de chevet. :)

    (k)G.B.

  • Il est vrai que ce bouquin est absolument indispensable pour avoir une approche différente de la stratégie du capital à l’encontre des Etats et de la politique en générale.

    De plus, il est très agréable à lire - ce qui est assez rare dans ce genre de littérature !

    Un tout petit reproche (certainement dû à la traduction) : les mots "corporation", "corporatisme" doivent ici être entendu dans le sens d’ "entreprise", ou "firme" etc.

    Mais l’essentiel est remarquable de clarté et... d’éclairages !

    La Stratégie du Choc (La montée d’un Capitalisme du Désastre) Naomi KLEIN Edit : Séméac/Actes Sud 25 €

  • Elle sera présente à la fête de l’huma, au stand pcf le dimanche à 11 heures pour en débattre.
    Babeuf42

  • Tous les coups tordus qu’elle dénonce l’ont été en leur temps par les partis vraiment à gauche. Il y a plein de bons bouquins d’histoire sur ces questions.

    Le contenu vraiment important du bouquin c’est justement la tentative de remettre au gout du jour le keynsianisme (et d’autres le font aussi : bernard maris entre autres).

     Elle commence par expliquer que le capital actuel adhére aux concepts de "crise salvatrice" de Friedmann et que c’est la principale cause de tous nos malheurs. Mais elle n’explique pas bien pourquoi Friedmann & Cie que tout le monde considérait comme des psychopathes dans les années 50-60 sont soudain devenus des génies pour tous les dirigeants du monde dans les années 70 (prix nobel de Friedmann en 76).

     Pour explication, Elle prétend que ces théories sont en adéquation avec les intérets des grandes compagnies. sauf que de 45 jusqu’au millieu des années 60 on trouve beaucoup de discours parfaitement keynésiens dans la bouche des dirigeants de grandes entreprises et des politiciens de droite plus ou moins modérés (dont de gaulle). Ils y voyaient un moyen de calmer le mécontentement et de faire payer certaines choses dont ils bénéficaient (trains, téléphone, employés en bonne santé...) par toute la société. (COMME L’A DIS NIXON : "Nous sommes touts keynesiens maintenant")

    -EN fait, ce changement dans l’attitude des dirigeants mondiaux repose sur des processus bien concréts aux quels les politiques keynesiennes n’ont pas pu s’opposer.

     La prospérité d’après guerre repose sur la domination du monde par les états-unis qui ont à leur disposition des matières premières en quantité et pour pas trop cher. Cela rends possible le plan mashall et l’exportation des techniques de production (chaines de montage qui s’automatisent de plus en plus) dans tout le monde occidental, avec l’augmentation du taux de proffit que cela implique.

     Les mesures "sociales" du keynésianisme pourront alors (seulement alors) entrer en application et faire remonter le niveau de vie d’une bonne partie des travailleurs.

     Quand les taux de proffit ont recommencés à baisser à partir de la deuxième moitié des années soixantes cette augmentation du niveau de vie a commencé à subir un coup de frein (d’ou grosse mobilisation de la classe ouvrière en 68-72).

     en ne travaillant pas plus cette question, Klein peut tenter de faire passer l’idée que le marxisme n’est qu’un symétrique de l’extrèmisme de Friedman & Cie. Ce qui laisse le champ libre aux bonnes vieilles politiques kéynésiennes si seulement tout le monde voulait bien être raisonnable. Mais pourquoi un milliardaire serait "raisonnable" si tout ce qu’il risque en ne l’étant pas ce n’est pas une révolution mais une simple tappe sur les doigts ???

     Pour alimenter son idée elle prétend qu’en Afrique du Sud, l’ANC à été "trompéé" par les leaders blancs pour accepter des points qui avaient l’air mineurs lors de l’émancipation des noirs mais qui ont garantis la domination du capital international.
    1° Ca ne fait que souligner le caractére nationaliste des politiques keynesiennes (Keynes a d’ailleurs essayé de vendre son système aux nazis à un moment).
    2° L’ANC savait très bien ce qu’elle faisait, dès 1956 il y a dans les discours de mandela des références au développement d’une "classe bourgeoise non européenne prospére".

     D’ailleurs, elle ne discute jamais la question des partis politiques qui ont permis de porter les coups politiques (les "shocks" dans l’éditions anglaise) qui ont servis à mettre en place les politiques néo-libérales. Pourtant (en restant dans les éxpériences qu"elle évoque) :
    1° Quand Allende s’est fait virer en 1973,dles éléments de gauche damandaient depuis des mois que la classe ouvrière puisse être armée pour se défendre contre un coup que l’on sentait venir, il l’a toujours refusé.
    2° avant ca, Roosvelt aussi voulait "sauver le capitalisme de lui-même", ses mesures n’ont pas marché (contrairement à la légende répandue, la crise de 38 aux états-unis à été une catastrophe qui ne s’est estompée qu’avec la production d’armes pour la guerre qui se préparait.

    A lire sans l’acheter, si vous avez du temps.

    • La question n’est pas de savoir si Naomi Klein est marxiste ou pas.

      Son bouquin ne tire aucune conclusion de ce qu’elle énonce, même si elle donne son opinion sur les sujets traités.

      L’importance de cet ouvrage va bien au delà.

      En effet il recence toute une série de fait que personne n’avait eu l’idée jusqu’à ce jour de mettre en concurrence d’une manière scientifique et dialectique.

      Même s’il est vrai que pas mal de coups tordus des USA sont connus des militants, dire que TOUT est connu, et surtout analysé par rapport aux événements actuels est totalemnt érronné.

      Je voudrais bien savoir combien de militants du PCF connaissent seulement le nom de l’opération MK Ultra, ou de COINTELPRO... Ou Northwood. Et bien d’autres saloperies usaméricaines.
      Et surtout qui est capable de faire la liaison avec des événements actuels.

      Parce que ça n’est pas dans la presse communiste qu’on a pu lire quoi que ça soit sur le sujet. Et j’ai passé 40 ans à la fabriquer et surtout à la lire et la diffuser.

      On pourrait d’ailleurs se demander à juste titre pourquoi ces carences qui ne peuvent être que volontaires.

      Que NK soit Keynesienne, ou pas, sont bouquin est d’une haute valeur informative. Et ça n’est pas innocent.

      Comme elle le précise bien : "La connaissance de cette stratégie par le grand public est de savoir qu’elle peut être mise en oeuvre sur n’inmporte qui, n’importe où, et n’importe quand. Et développer cette connaissance est en soi une façon de désarmorcer les effets dévastateurs de cette stratégie lorsqu’on y est confronté.

      Et rien que pour ça ce bouquin est d’une valeur inestimable car il est à la fois une encyclopédie géopolitique et un manuel de compréhension des faits. Et on ne demande pas à un encyclopédiste, ou à l’auteur d’un livre technique ce qu’il est ou pas politiquement. Seuls les faits comptent.

      G.L.

      Et comme je l’ai déja écrit sur le sujet sur un autre post, la seule chose qui m’interpelle c’est : "Pourquoi ce bouquin n’a-t-il pas été écrit et édité par un, ou des, Communistes et des Marxistes travaillant dans des structures officielles ?"

      Et là... J’ai peur de la réponse qui risque de ressortir de la question.

    • N’ai pas peur, la peur tue l’esprit.

      Va jusqu’au bout du raisonnement, ce sont les bourgeois qui se satisfont d’un raisonnement à moitié fait parce qu’ils ne s’intérressent qu’au profit immédiat qu’ils peuvent en tirer.

  • Naomi Klein me semble décrire les contorsions d’un capitalisme au stade avancé où, ayant développé maximalement ses forces et ancré sa doctrine dans les esprits, il se dirige vers quelque chose qui est sans doute l’aboutissement final de la division du travail et de la confiscation, ou propriété privée, des moyens de production : l’esclavage.

    Elle ne parle pas de luttes des classes, n’étant pas marxiste, je crois, parce qu’elle se centre sur son propos, le choc. Malgré tout, la lutte des classes apparaît en filigrane. C’est parce qu’il y a luttes, parce qu’il y a des classes antagonistes que le "choc" économique s’accompagne du choc dictatorial.

    Je crois comprendre qu’un régime de gauche partout, même s’il nationalise, s’il redonne la propriété des moyens de production aux travailleurs, ne peut faire l’économie de changer structurellement, fondamentalement, la direction d’un pays, ni laisser les médias privés constituer le coeur de l’information.

    Les chocs que Naomi Klein décrit me semblent résulter de cette faute, de cet impasse des gauches partout où elles oeuvrent, dans leur reappropriation des leviers d’un pays.

    Ca n’est sûrement pas définitif, mais ça pose un grave problème, d’autant que les chocs décrits montrent à quel point le capitalisme est prêt à dévoiler son ultime et mortifère figure, celle d’un ennemi de la démocratie.

    Le problème étant, donc, que des avancées mêment fortes ne semblent pas pouvoir espérer déboucher sur un socialisme réel, si la lutte n’est pas menée et victorieuse sur les fronts économique, politique (au sens des structures de pouvoir hiérarchiques à subvertir et refondre) et "symbolique" (médias à repenser, rénover dans le sans d’une information/culture au service des intérêts du coeur actif de la population : le prolétariat).

    Soleil Sombre