La vie rêvée d’Abou, régularisé"

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20 Minutes : "La vie rêvée d’Abou, régularisé"
20 Minutes | édition du 18.07.06

« Franchement, c’est un grand soulagement. Aujourd’hui, je me sens libre », sourit Abou. Depuis douze ans, cet Ivoirien, marié et père de quatre grandes filles, vivait à Paris sans papiers. Douze années clandestines, passées « la peur au ventre », ses deux enfants vivant en France risquant à tout moment d’être arrêtés à l’école ou dans la rue. Jusqu’au 23 juin, date du rendez-vous à la préfecture. Remplissant tous les critères définis par la circulaire du 13 juin, Abou et les siens obtiennent une carte Vie privée et familiale.

Finie la vie sans papiers, sans logement bien à eux, sans vrai travail, sans être retournés au pays pour voir le reste de la famille. « C’était comme si j’étais enfermé dans un trou », se souvient Abou, ne s’exprimant qu’à l’imparfait pour évoquer la période d’« avant-papiers ». Depuis deux semaines seulement, il commence à « construire une vie » et à conjuguer le futur.

Lui et sa femme travaillent désormais « avec un vrai contrat. On en est tellement fiers. » Ils cherchent un appartement, alors qu’ils vivaient jusque-là chez un ami. Surtout, Abou va pouvoir retourner en Côte d’Ivoire, pour voir ses deux aînées restées au pays. « Je ne sais même pas comment elles vivent au quotidien depuis plus de dix ans. Ça me fait peur de les retrouver. Mais dès que j’aurai de l’argent, j’achèterai mon billet. »

Avec les papiers sont aussi venus les rêves. Abou aimerait être naturalisé un jour, car il se sent « plus français qu’ivoirien ». En Afrique, il est comme un « étranger ». Finie donc l’inquiétude, et la colère ressentie ces dernières années face à sa situation. « Les papiers, ça change tout », répète-t-il dans un sourire.

Laure de Charette

Source : http://www.20minutes.fr/articles/20...

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