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Le MRAP ne défend pas le voile islamique, ni les pro-voiles.
Publie le jeudi 30 octobre 2008 par Open-Publishing5 commentaires
Le MRAP ne défend pas le voile islamique, ni les pro-voiles.
Il arrive au MRAP de devoir défendre juridiquement des musulmanes voilées simplement en application de la loi française contre la discrimination raciale. Cela ne doit pas laisser entendre que le MRAP défend les musulmanes voilées plus que les musulmane non voilées. Cette action du MRAP ne signifie pas la défense EN SOI du voile islamique et de ses variétés diverses.
Et, c’est encore autre chose que de défendre - par inadvertance - un islam réactionnaire. Certes, il n’y a pas un trait d’égalité systématique entre voile et intégrisme ; mais bien souvent derrière le voile on trouve islamisme radical. A tout le moins celles et ceux qui partagent mon pont de vue estiment que ne devrait pas être favorisé au sein du MRAP les initiatives "pro-voile".
Ceci dit, il y a ensuite des divergences d’appréciation . De nombreux camarades dans le MRAP, sont favorables à des incitations "pédagogiques" à l’abandon du port du voile ; soit pour la personne voilée elle même, soit pour soi même parce que l’affirmation ostentatoire constante du religieux est pénible à certains, notamment dans les lieux collectifs comme les lieux de travail, et dans tous les lieux ou l’on peut être durablement contraint d’être en voisinage durable avec un symbole religieux ostentatoire. Du coup, certains approuvent même la proposition de loi dite "de Françoise HOSTALIER ".
Le MRAP est pour tous un mouvement qui depuis sa naissance en 1949 et plus encore depuis 1977 lutte contre toutes les formes de racisme. Parmi les dernière formes de racisme apparues figure le racisme contre les musulmans. Il ne s’agit pas de s’abstenir de critiquer l’islam, ni même d’interdire le blasphème . Là n’est pas le racisme islamophobique, sauf quand cette critique globalisante sert en fait à stigmatiser l’ensemble des musulmans et in fine à abonder dans le sens de la thèse du Choc des civilisations. Le fait d’appartenir à une religion, l’islam, suscite des comportements de haine et d’exclusion apparentés tant par les lois que par l’analyse des mécanismes en jeux à du racisme. Cela est avéré. Pour autant tout ce qui relève de l’islam n’est pas un absolu qu’une société laïque doit respecter absolument. D’ailleurs la récente position de la HALDE par rapport à la demande de l’ANAEM confirme cette position quoique de façon timide.
Les musulmanes doivent respecter aussi les principes de la laïcité en France et sur le continent européen. D’ailleurs il faut bien signaler qu’elles le font pour la plus grande majorité d’entre elles. Seule une minorité, certaines consentantes, d’autres pas, plus une frange "activiste pro-voile", persiste à s’opposer aux conquêtes du droit des femmes et à ce que l’on peut appeler la mentalité laïque (affichage discret de sa religion) On le sait. Ce n’est pas au MRAP, mouvement laïc, à encourager les pratiques réactionnaires en soutenant naïvement la "liberté" de de voiler.
Christian Delarue
BE et CA du MRAP s’exprimant à titre personnel
Messages
1. Le MRAP ne défend pas le voile islamique, ni les pro-voiles., 30 octobre 2008, 02:06
« Le MRAP ne défend pas le voile islamique, ni les pro-voiles. »
Ce titre de Christian Delarue répond plus à un souhait de nombreux militants du MRAP qu’à une orientation de la direction nationale du mouvement.
En effet les liens privilégiés affichés par la direction avec les secteurs pro-voile conduisent beaucoup d’adhérents à nourrir quelques inquiétudes.
Dernière manifestation de ces inquiétudes, la réaction de 9 comités du MRAP suite à l’annonce d’une journée d’étude ainsi dénommée "examen d’identité"
Pour aider les adhérents dans leur réflexion, la direction nationale du MRAP fait sous-traiter l’animation de sa formation par quatre intervenants pro-voile. La partie féminine de ces intervenants étant représentée, de façon exclusive, par deux intervenantes voilées elle-mêmes.
Outre qu’il est surprenant d’aborder le thème de l’identité au travers du seul filtre communautaire musulman, ce panel d’intervenants procède des pires stéréotypes en enfermant les musulmans dans la problématique du voile, de plus il donne de la parité homme-femme une version voilée plus proche des lieux de culte que d’une association antiraciste laïque.
Les militants de ces comités ont des positions nuancées lorsque des faits divers voilés font la une de l’actualité (avec il est vrai un fort coup de projecteur donné par le MRAP lui-même !) mais tous refusent le prosélytisme pro-voile des intervenants choisis pour former les adhérents.
Cette situation a conduit nos comités à publier la déclaration ci-dessous :
LA DIRECTION NATIONALE DU MRAP DELEGUE LA FORMATION
DE SON SECTEUR EDUCATION
AUX INDIGENES DE LA REPUBLIQUE ET AUX MILITANTES ISLAMIQUES
La Semaine de l’éducation contre le racisme est un événement fort de la vie du MRAP qui permet de diffuser un message pédagogique humaniste et universel.
C’est avec effarement que nos comités ont pris connaissance du programme proposé pour la journée du secteur éducation national. (voir pièce jointe)
Les quatre personnes à qui la direction nationale confie le soin « d’aider à produire un outil pour les militant(e)s qui vont sur le terrain dans le cadre de l’éducation à la citoyenneté, notamment auprès des jeunes ! », sont quatre militants liés à la mouvance « indigènes de la république » et aux secteurs de l’islam politique.
On notera que si ces intervenants répondent au critère de parité, il s’agit dans le cas présent d’une parité exclusivement voilée.
Alors qu’il s’agit d’une journée de formation à vocation éducative contre le racisme, le MRAP national, avec ce type d’intervenants, se soumet au communautarisme religieux le plus caricatural.
Dans une France riche de la diversité des origines de ses citoyens, la sélection de deux intervenantes musulmanes voilées pour aborder la question des identités relève d’un choix politique.
S’agissant d’un secteur qui entend procurer une aide à ses militants pour intervenir en direction de la jeunesse, on mesure alors la nature idéologique du message apporté par de tels intervenants liés à l’islam politique.
En invitant ces quatre « formateurs », la direction du MRAP ne respecte pas les fondamentaux de l’intervention antiraciste dans les établissements scolaires. Cette intervention exige en effet la diffusion d’un message universel et laïque qui se situe aux antipodes des théories communautaires des 4 formateurs pro-voile concernés.
Nos comités dénoncent la mise à disposition des moyens internes provenant des cotisations et des subventions publiques au profit d’intervenants liés à l’islam politique
Nos comités assurent leurs partenaires de la communauté scolaire qu’ils continueront à consacrer leurs moyens propres au service exclusif d’un combat antiraciste et laïque.
Leur intervention se fera donc en toute indépendance d’un MRAP national qui délègue la
formation des militants et sympathisants à une chapelle politico-religieuse dont les théories n’ont pas leur place dans l’école publique.
La fédération des Bouches du Rhône comprenant les comités de :
Aix en Provence
Fos sur Mer
Marignane
Marseille
Vitrolles
La fédération des Landes comprenant les comités de
Mont de Marsan
Mimizan
Les comités de
Largentière
Aubenas
Le comité de Montpellier
2. Le MRAP ne défend pas le voile islamique, ni les pro-voiles., 30 octobre 2008, 21:55
Un foulard sur la tête, c’est :
– Un vêtement ? (qui vaut bien un string qui dépasse du jean, non ?)
– Un signe extérieur de soumission à un homme ? (qui vaut bien un string qui dépasse du jean, non ?)
– un signe de soumission à des préceptes religieux édictés par des hommes ? (qui vaut bien un serre-tête vert-foncé, non ?)
Une race... ça va pas non ?
Faire de la défense d’une femme voilée, une affaire de discrimination "raciale", c’est entretenir la confusion entre "race", disons couleur de peau ?, et religion. C’est exactement ce que font les sionistes, quoi.
1. Le MRAP ne défend pas le voile islamique, ni les pro-voiles., 31 octobre 2008, 08:06
Le voile islamique comme agression
Il y a le choc des civilisations qui pose Bush contre AL Quada . Là je suis non campiste à priori et ma position dépend de l’analyse de la situatio. Il ya le choc des civilisation revu à la mode Fillon récemment qui portent contre les musulmans. Foin de nuance ! Il y a eu son titre de ministre dans une pochette surprise pour à son niveau dire cela ! Dans cette version élargie, je suis en général du coté des musulmans mais pas parce qu’ils sont musulmans. Parce qu’ils sont sous domination impériale et /ou coloniale. Mais sur la question du voile le choc est inverse. Explication.
Les deux grandes significations du voilage.
Le voile est préconisé par le Coran et ses interprètes aux jeunes femmes et aux femmes adultes pour des motifs de maitrise de la séduction et du désir. On comprend évidemment que pareille imposition s’adresse aux musulmanes même si le voile-emblème ne vient que tardivement du fait de la pratique.
Il s’agit donc bien de significations lourdes et massives, historiques et géographiques, qui prend racine dans une certaine configuration des rapports de genre.
1 - D’abord, "protéger la femme de tout regard impur ou superficiel".
Trois versets coraniques sont généralement invoqués par les adeptes du voile. Le port du voile trouve son fondement en 33,59. "O Prophète, dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de se couvrir de leurs voiles (jilbâb, plu. Jilâbîb = vêtement qui descend jusqu’en bas, tunique) : c’est pour elles le meilleur moyen de se faire connaître et de ne pas se faire offenser". Il y a dans ce verset deux raisons invoquées pour le port du voile : se distinguer des autres femmes et une protection vis à vis de l’extérieur. Ce n’est pas explicitement le voile ici, mais plutôt la tunique ample qui prend tout le corps. Le dictionnaire Mounjed donne comme définition : une chemise ou une tunique ample.
Le verset 24, 31 - "Dis au croyantes de baisser leur regards, d’être chastes, de ne montrer de leur parure que ce qui en apparaît, de rabattre leurs voiles (khimâr, pl. khumur ou akhmira - "ce avec quoi la femme se couvre la tête/ un voile en général" d’après le Mounjed) sur leurs poitrines !" - précise que ce voile doit couvrir la poitrine et ne montrer que "ce qui apparaît de leur parure". (L’expression est assez floue, elle est en général interprétée comme : le visage et les mains. Certains juristes plus rigoristes y perçoivent l’imposition du "Nikâb", voile qui ne laisse entrevoir que les yeux). Le but est de protéger la femme de tout regard impur ou superficiel.
Le verset 24,60 : "Il n’y a pas de fautes à reprocher aux femmes qui ne peuvent plus enfanter et qui ne peuvent plus se marier de déposer leur étoffe (thaoub, plu. thiyâb), à condition de ne pas se montrer dans tous leurs atours ; mais il est préférable pour elles de s’en abstenir - Dieu est celui qui entend et qui sait" est parfois traduit "de déposer leurs voiles" (Denise Masson par ex.) et est parfois utilisé comme un argument en faveur du voile. Mais le terme désigne habituellement une tunique ou un vêtement.
Quant au mot hijâb, il est employé dans le Coran pour définir le voile de séparation entre les hommes et les femmes à partir de la puberté : 33,53 "Quand vous demandez quelqu’objet aux épouses du prophète, faites-le derrière un voile, cela est plus pur pour vos cœurs et pour leurs cœurs" ou 19,17 "Elle plaça un voile entre elle et les siens" mais aussi le voile qui isole Dieu des mortels "il n’a pas été donné à un mortel que Dieu lui parle si ce n’est par inspiration ou derrière un voile ou bien encore en lui envoyant un messager à qui il est révélé, avec sa permission, ce qu’il veut - il est très haut et sage" (42,51) ou les élus des damnés, (7,46) ou les croyants des incroyants (17,45).
2 - Ensuite, drapeau de l’islam
Par déformation il en est venu à désigner, très tardivement (apparition en Egypte vers les années 30), le voile que portaient les femmes musulmanes comme emblème de leur identité religieuse.
Aujourd’hui il n’y a effectivement que des musulmanes à porter constamment le voile du matin au soir. Pas toutes les musulmanes loin de là.
Ce qui me choque profondément
Ce sont ces deux significations. Elles se renforcent l’une et l’autre.
La première prends les hommes pour des rapaces, incapables de se maitriser. Cela me choque d’emblée. Cela se conçoit dans certains pays ou partout dans certaines situations mais des progrès, des conquêtes importantes ont été faites pour qu’une autre conception du corps et de la séduction puisse remplacer la conception rigide et archaïque.
Cette conception a plusieurs inconvénients :
1 - elle essaie d’interdir le désir et la séduction charnelle en ne valorisant que les rapports froids ou les rapports d’amitié.
2 - elle stigmatise la séduction chez les autres les occidentales (des jupons). Ce n’est pas systèmatique mais çà arrive très souvent, y compris avec des termes grossiers (d’ou un texte : nous sommes toutes des putes !)
3 - elle déresponsabilse les hommes du rapport agressif même si certains pas tous loin de là essaient de ne pas charger uniquement la femme. Mais à partir du moment ou c’est elle qui doit se voiler le propos apparait comme un artifice destiné à combler ll’inégalité structurelle.
4 - elle renforce l’attrait sexuel qu’elle veut précisément chasser, car on en finit jamais avec la séduction ou alors il faut aller jusqu’au bout de la logique et bâcher intégralement les femmes.
5 - elle induit nécessairement des comportements d’ignorance et des préjugés sur la sexualité quand celle-ci est autorisée.
6 - elle favorise la répression contre les femmes si ces dernères se découvrent. Les cas ne manquent. Et les peines ne sont pas légères.
7 - Les peines ne sont pas rien, elles sont la vérité d’un système hypersexiste et hyperpatriarcal.
Inutile de me dire que le sexisme existe ailleurs, ni de me donner des chiffres et des analyses, car les ppro-voiles m’innondent de cela. C’est leur argument majeur ! Il ne porte pas car je critique aussi le sexisme ordinaire, les viols et les inégalités hommes-femmes.
Christian
3. Le MRAP ne défend pas le voile islamique, ni les pro-voiles., 5 novembre 2008, 10:49
"Et, c’est encore autre chose que de défendre - par inadvertance - un islam réactionnaire". Il en existe un qui ne serait pas "réactionnaire" ?
1. Le MRAP ne défend pas le voile islamique, ni les pro-voiles., 20 novembre 2008, 22:17, par Christian D
Ma vision de l’Europe (ici brièvement)
http://www.bellaciao.org/fr/spip.php?article74733#forum279201
Elle n’est pas originale mais elle ne se comprends bien que si on a à l’esprit que je suis membre d’ATTAC et membre du MRAP et que les débats dans ces deux organisations sont très différents. Je fais souvent un écart entre l’un et l’autre.
1- On ne peut évoquer l’Europe aujourd’hui sans faire état de la laïcité.
* C’est assez commun de remarquer que n’est pas tout de critiquer la finance mondiale et européenne et de penser dans la foulée l’Europe sociale, l’Europe écologique, l’Europe démocratique et donc les trois grands piliers de la transformation sociale profonde de l’Europe libérale. Cela est évidemment nécessaire et même très important . Mais on ne saurait oublier la laïcité tout comme d’ailleurs le droit des femmes. Face à la montée du religieux, pas spécialement progressiste voire franchement réactionnaire - et je ne pense pas là uniquement à l’islam même si nombre de débats auquel je participe ailleurs tourne sur ce point - la laïcité et le droit des femmes sont deux volets essentiels.
2 - La laïcité, un élément fondamental dans la perspective de l’élargissement.
* Si l’élargissement de l’Europe à la Turquie est jugé comme un axe politique majeur alors la laïcité est un préalable nécessaire. Il ne s’agit pas de poser une laïcité visant subrepticement à l’exclure mais au contraire pour la recevoir dans un cadre laïc et dans la perspective plus lointaine de participer ainsi à une transformation des relations nord-sud de la région arabo-musulmane et au-delà du monde.
3 - Le lien avec d’autres rapports nord-sud.
* Si la laïcité est fermement affirmée alors il ne faut alors pas négliger de vouloir d’autres rapports nord-sud. Quel rapport entre la laïcité et et d’autres rapports nord-sud ? Si l’on évoque la laïcité et les droits des femmes dans ce contexte, il faut en contrepartie de l’effort d’intégration demandé évoquer de nouveaux rapports nord-sud et pour l’Europe ainsi qu’un engagement fort face au peuple palestinien. Autrement dit si comme militant antiraciste engagé ces dernières années sur le terrain contre l’islamophobie comme racisme, je juge aussi qu’il est temps d’être ferme sur la laïcité et le droit des femmes . Mais dans la foulée je juge aussi - et tout se tient pour moi - qu’il faut fermement engager une sortie de l’Europe de son impérialisme viscéral (renouvelé depuis Cotonou).
4 - Le contrat est le suivant :
* Il faut donner des gages clairs sur la question palestinienne, sur la liberté de circulation et d’installation des migrants, donc de très gros changements politiques internes et externes à l’Europe. Politiquement on voit que ce n’est ni la droite ni la gauche de droite qui va mener ce changement beaucoup trop important mais combien nécessaire . Imaginons ces conditions réunies, alors l’enclenchement d’une guerre ferme et sans concession contre la burka et autre "prison mobile" des femmes ainsi qu’aux mariages forcés e à l’excision comme aux tabassages des jeunes femmes qui fréquentent des non musulmans. Ce qui se nomme clairement "double discrimination" sexiste et raciste. Disant cela, je n’ignore pas que les violences contre les femmes sont universelles mais certaines sont légitimées ce qui les renforcent. Elles font partie d’une normalité sociale. Il faut renverser cette norme. Une fois la norme renversée la tâche ne sera pas finie pour autant. Je renvoie ici à ce que disent les féministes depuis longtemps.
Christian Delarue