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Le PC parie sur l’effet Guy Môquet

Publie le mardi 16 octobre 2007 par Open-Publishing
24 commentaires

de Christine Mateus

A L’HEURE où le président de la République appelle les enseignants à lire dans leurs classes, le 22 octobre, la lettre d’adieu de Guy Môquet, les communistes ont choisi ce symbole de la résistance pour inciter les citoyens à adhérer au PCF dans le cadre d’une campagne nationale d’affichage.

Dans les communes tenues par des élus communistes, soit 12 communes val-de-marnaises sur 47, le visage du jeune homme fusillé par l’occupant allemand le 22 octobre 1941 se propage sur les murs et suscite moult réactions de la part des habitants.

« Ce n’est que justice. Guy Môquet a été tué pour ses activités au sein du Parti communiste, il ne faut quand même pas l’oublier. Il ne s’agit pas de s’accaparer son histoire et de l’estampiller PCF, mais bon... Depuis quelque temps, j’ai la mauvaise impression que Guy Môquet sert d’attaché de presse à Nicolas Sarkozy », fulmine un « sympathisant » ivryen de 56 ans. « Tous les partis se l’arrachent parce qu’il incarne des idéaux qui vont bien au-delà de l’idéologie politique.

Je m’interroge quand même sur cette mode, même si elle a permis de faire connaître aux gamins, et à certains adultes, qui était Guy Môquet. Quel message fait passer cette affiche ? Que seuls les communistes peuvent mourir pour leurs convictions ? » se demande Guy, de Villejuif. « Pour moi, c’est de la récupération, à l’heure où le Parti communiste est moribond, s’énerve Michaël, étudiant en biologie de Vitry-sur-Seine. Guy Môquet, c’est la superstar du moment. Pourtant, parmi les fusillés, il y avait aussi des démocrates chrétiens... » « Bientôt, tous les héros de la résistance française auront une étiquette politique, se lamente Hervé, d’Ivry.

On utilise Guy Môquet comme un produit pour faire monter le nombre d’adhésions au PCF comme en son temps le Front national avec Jeanne d’Arc. Ils sont à l’opposé de l’échiquier politique mais ils se comportent de la même manière. C’est très dommageable car c’est ainsi qu’on oriente l’Histoire. Jeanne d’Arc n’appartient pas au FN et Guy Môquet n’appartient pas aux communistes, ni à l’UMP. »

Le Parisien du 16 octobre 2007

http://www.leparisien.fr

Messages

  • Il n’empêche que Guy Moquet était membre des jeunesses Communistes et que ses compagnons fusillés à chateaubriand étaient membres et dirigeants du PCF.. ; Cela peut déplaire, mais les communistes ont le droit de rappeler leur histoire.

    • Et en plus il a était arreté parce qu’en pleine occupation il distribuait des tracts du Parti Communiste. Chez moi à Arras il y a le mur des fusillés .218 résistants executés dont plus de 200 mineurs communistes Le plus jeune Julien Delval avait 16 ans et demi communiste lui aussi

  • .... y doit être beau le petit poid qu’il a dans la tête cet étudiant en biologie .... le parti c ommuniste répère.... des communistes...
    il ne se pose pas la question quant à l’attitude de sarko !!

    le problème de la france, de la plitique, du monde, c’est juste qu’à notre époque les gens ont un QI de 0,5 et la jeunesse de 0... avec ça les générations futur vont avoir un avenir radieu

  • Guy Môquet était jeune communiste fils de député communiste déporté en Algérie par des français membres du gouvernement de l’époque.

    Le 22 octobre 1941, 27 résistants tombaient sous les balles des pelotons d’exécution hitlériens, dans la carrière de Châteaubriand. Dans les mêmes heures tragiques, à Nantes, au Mont Valériens, à Souges près de Bordeaux, puis le 15 décembre à la Blissière, de nombreux otages furent éxécutés.

    Les "27 de Châteaubriand", étaient tous communistes, certains élus du peuple, d’autres dirigeants de fédération syndicales CGT et parmi ces 27 Raymond Laforge, Raymond Tellier (tous deux Montargois) ainsi que Guy Môquet 17 ans, lycéen, jeune communiste, fils du député communiste Prosper Môquet alors déporté en Algérie.

    Ils avaient été poursuivis, emprisonnés par le gouvernement de la France, qui les envoya à la
    mort à la demande des occupants nazis.

    Leur combat pour la libération de la France et de l’Europe est toujours vivant car c’est le combat de la dignité de l’Homme, pour la République, pour la liberté. Lucie Aubrac célèbre résistante disait : « Résister se conjugue au présent. »

    Ce combat nous le poursuivons aujourd’hui.

    Le sang versé par nos aînés reste une grande leçon d’honneur et de courage.

    Leur sacrifice n’aura pas été inutile, il a permis que la France redevienne la Terre de Liberté,
    d’Égalité et de Fraternité. Il permet aujourd’hui que, contre les reculs de civilisation que certains
    voudraient nous faire subir, notre peuple sache s’unir, se rassembler dans sa diversité pour dessiner et construire un avenir de progrès et de bonheur.

    Fraternellement Salut à tous.

    Le Renard Rouge

  • Le PCF a toujours un train de retard. Comment, on a osé s’en prendre à une icône ? S’en offusqué ’est louable mais c’est plus douteux d’en faire un tel pataques (300 000 tirés à part, affiches, soirées...) alors qu’il n’existe pas même un tract duparti contre les tests ADN ou même sur ce ministère de l’immigration et de l’identité nationale, pourtant de facture pour le moins pétainiste. Moi cela me gêne qu’ons’émeuve que Sarko se soit emparé du symbole mais qu’on s’émeuve beaucoup moins sur les victimes des controles et des expulsions des immigrés.. Combien de défenestrés déjà ? Je n’ose pas croire que c’est en raison du côté bien français de Guy Moquet.
    "Fais en un monument" aurait dit Duclos à Aragon, selon le supplément de l’Huma, à propos des fusillés de Chateaubriand, en 42. En "faire des tonnes" donc. Ce qui s’appelle de la propagande. A trop vouloir en faire, prouver, faire pleurer dans les chaumières, cela devient rapidement equivoque quand dans l’actualité, ce que l’on vit ts les jours, il y aurait de quoi ...prendre les fusils.
    MP 37

    • C’est le genre d’article digne du "parisien".

      Qui a mis en scéne Guy Moquet ?Sarkosy.

      Que je sache jusqu’a cette récupération personne ,à part nous,rendait hommage aux 27.

      Mais les 27 étaient tous communistes,et c’est incontournable au grand dam de tous les réacs qui voudraient bien se les approprier.

      Et rappeler que les amis de Sarkosy,les grands patrons,les banquiers étaient TOUS SANS EXCEPTION DES COLLABOS et qu’ils se sont enrichis en faisant des affaires avec les nazis et en exploitant les camps de concentration.

      Tellement collabos que De Gaulle devant les recevoir s’exclama"on ne vous a pas beaucoup vu à Londres ces derniéres années" et que pour créer le CNPF ils furent obligés d’aller chercher un petit patron imprimeur resistant de la région lyonnaise comme président.

      C’est ça que nous devrions rappeler en permanence et non pas commenter un article d’un journal que je veux même pas mettre dans mes chiottes et écrit par une journaliste torche cul de Sarkosy.

      Jean Claude Goujat

      Militant PCF

    • michel de toulon : L’article du journal le parisien est a vomir .Le PC a toujours commemorer chaque années les fusillés de CHATEAUBRIANS .Cette année parce que le roi de FRANCE a descidé de s’accaparer du symbole que représente MOCQUET( il n’a pu touver chez les ancetre de L’UMP l’équivalent,vu qu’ils étaient dans leur immense majorité de bon collabos) alors on trouve encore des articles infames pour attaquer le PC.Comme la si bien dit FRANCOIS MAURIAC ( homme de droite) ,seule la classe ouvriére a sauver l’honneur de la FRANCE. Le journaliste qui a écrit cet article ne fait vraiment pas partie de cette classe la.

    • michel de toulon : L’article du journal le parisien est a vomir .Le PC a toujours commemorer chaque années les fusillés de CHATEAUBRIANS .Cette année parce que le roi de FRANCE a descidé de s’accaparer du symbole que représente MOCQUET( il n’a pu touver chez les ancetre de L’UMP l’équivalent,vu qu’ils étaient dans leur immense majorité de bon collabos) alors on trouve encore des articles infames pour attaquer le PC.Comme la si bien dit FRANCOIS MAURIAC ( homme de droite) ,seule la classe ouvriére a sauver l’honneur de la FRANCE. Le journaliste qui a écrit cet article ne fait vraiment pas partie de cette classe la.

    • Oui c’est d’ailleurs domage qu’a la Kermesse du Zenith avec Adjani icone de la lutte contre les test ADN on ait oublié d’inviter et Marie Georges Buffet et Besancenot et Arlette Laguiller et les orgas qui luttent depuis des années contre le racisme. AH petit monde de bien pensant bien propre sur eux
      Moi je connais des cocos qui chaque jour participent dans des associations aux distributions de repas aux migrants à Calais pendant que les bobos parisiens du Zenith viennent a Calais rendre visite au migrant a 11h00 et courrent pour ne pas rater le TGV de 16hoo
      Eh camarade Bobo ici dans le Pas de Calais on est pas au zoo.
      Et je me souviens que dans les camaradeS de la FTP MOI nombreux étaient communiste comme Henri Krasucki déporté à l’age de 16ans

    • Le "monument" c’était à propos de Manouchian (encore un coco), pas de Chateaubriant !

      CN46400

    • reviens sur terre, camarade
      je te verrai bien en bobo , passant du col MAO au rotary

    • michel de toulon : LA LOUVE personne a comparer DE GAULLE A SARKOSY. D’abord une question , y-a-t’ils encore des gaullistes a L’UMP ? .

  • "Vous tous qui restez, soyez dignes de nous, les vingt-sept qui allons mourir". C’est le dernier vœu écrit par Guy Môquet, jeune communiste parisien, juste avant de tomber sous les balles nazies.

    Mr Sarkozy, en mal de reconnaissance de la jeunesse, ose de nouveau s’approprier le nom de celui qui avec le Colonel Fabien restera dans le coeur de générations de militants.

    Mr Sarkozy insulte la mémoire de la Résistance en se référant à Guy Môquet alors qu’il institue dans la foulée un "ministère de l’immigration et de l’identité nationale"... qui rappelle étrangement le "commissariat aux questions juives" de sinistre mémoire.

    Mr Sarkozy nous invite à rêver ! Alors rêvons un instant que Guy Môquet ait échappé aux balles de ses fusilleurs..

    De quel côté serait-il aujourd’hui ? Dans le camp de ceux qui bradent depuis des années le programme du Conseil National de la Résistance et de ses avancées sociales ? Dans le camp de ceux qui massacrèrent des partisans de la paix en Algérie au Métro Charonne ? Dans le camp de ceux qui font voter des lois liberticides ? Dans le camp de celui qui envoie la police arracher les enfants immigrés des écoles de la République ? Dans le camp de celui qui soutient l’impérialisme US dans sa volonté de régenter le monde ?

    "Soyez dignes de nous...." Oui Guy Môquet, notre dignité, c’est de continuer ton combat de jeune communiste, de vouloir construire une société nouvelle, un monde de paix. La démagogie éhontée de Mr Sarkozy ne nous fera pas plier.

    Jacques
    http://www.bonjour-etampes.com/spip.php?article308

  • "Soyez dignes de nous...." ...au moins une qui n’a rien compris, ou qui fait semblant !
    Raison de plus pour que TOUT les enseignants ré-apprennent quelques pages d’histoire aux ignares !!

    le Morvandiau

    • Que les enseignants qui doivent lire la "lettre de Guy Môquet" aux élèves en profitent pour faire un peu d’histoire sur le communisme et même un "mini-débat", histoire de sonder les jeunes esprits. Et si les parents se plaignent d’une certaine propagande, qu’ils s’en prennent d’abord à Sarkozy et à Darcos.

      Il est un fait que Sarkozy a une idée machiavélique derrière la tête en exigeant qu’il soit lu aux élèves une lettre d’un communiste, donc de donner une occasion de faire de la propagande politique à l’école. Pourquoi ? Pour discréditer les enseignants, l’école ? Et dans les écoles privées religieuses c’est idem ???

    • Pour comprendre cette affaire, il faut avoir vécu ce que vivent les communistes depuis la fin des années 70 !

      Cela fait presque 30 ans que l’on sert que les cocos ne sont entrés en resistance , qu’après l’entrée des Allemands en URSS , c’est à dire cocos pas français , à moscou, en bref !

      Alors tous les historiens savaient que cela était faux , mais le mensonge continuait . Alors vous imaginez le plaisir des cocos de voir la verité enfin reconnue à la lumière de lettre de guy Moquet !

      Sarko , c’est comme a Denis Kessler l’ancien gaucho, à force de nous voir mort , ils font parfois quelques fautes tactiques !

      boris

    • Tu sais pourquoi il y a polémique Morvandiau ?parce que pour certains Guy Môquet a une tare,pour eux indélébile:IL ETAIT COMMUNISTE !

      S’il avait été gaulliste,socialiste ou sans parti cela n’aurait posé aucun probléme et il n’y aurait aucune polémique.

      Mais qu’elle horreur il était communiste alors il faut tout faire pour réduire son rôle.

      Mais j’ajoute un bémol:c’est vrai il n’y a pas eu que des resistants communistes,il y a eu des gaullistes,des socialistes,des démocrates chrétiens.

      De Berthie Albrecht à d’Estienne d’Orves Jean Pierre Bloch,Emmanuel d’Astier,Jean Pierre Lévy,Max Dormoy et bien d’autres.

      MAIS QUI,A PART LES COMMUNISTES,EST CAPABLE DE CITER LEUR NOMS ?

      Jean Claude Goujat

      PCF Landes

    • michel de toulon : jean-claude les noms que tu cites ont fait de la résistance a titre individuel ,mais les partis de droites de l’époque ainsi que le patronnat ont bel et bien collaborés avec l’occupant n’en déplaise a certain c’est la réalité historique. Ce fut pour eux une revanche sur les années du front populaire et tous les acquit sociaux obtenus pendant cette periode.Cité moi un partie de droite de l’époque qui a appeler a résister face a l’envahisseur . DE GAULLE l’a fait a titre individuel,mais il ne représentait pas un parti de droite .

    • Aragon, le Témoin des martyrs
      « Fais en un monument. » C’est en substance ce qu’aurait fait dire Jacques Duclos - qui anime la direction clandestine du PCF - à Aragon en lui transmettant les renseignements recueillis sur place et les lettres des internés de Châteaubriant.
      Ce texte, imprimé en tracts répandus dans toute la France en 1942, a été lu à Radio-Londres et Radio-Moscou. La presse alliée
      l’a publié. Ces pages bouleversantes ont fait le tour du monde. Elles étaient signées « le Témoin » par celui qui, animant la Résistance intellectuelle de la zone Sud, adopta aussi le nom de François la Colère. Nous en publions de très larges extraits.
      Je ne sais qui lira ce qui va suivre. Je m’adresse à tous les Français et aussi simplement à tous ceux qui, au-delà des limites de la France, ont quelques senti-
      ments humains dans le coeur, quelles que soient leurs croyances, leur idéologie, leur nation. Peut-être seront-ils retenus de m’accorder créance, parce que je ne signerai pas. J’atteste qu’il n’est rien au monde que je voudrais autant pouvoir faire que d’avoir l’honneur de signer ceci. C’est la mesure de l’iniquité et de la barbarie qu’aujourd’hui nous ne puissions dire notre nom pour appuyer une cause aussi juste, aussi généralement considérée comme noble et élevée, qu’est la cause de la France. Ceux qui meurent pour elle dans notre pays meurent anonymes ; le plus souvent, on ne dit même pas qu’ils sont morts, et tout ce qu’on ose écrire, c’est qu’un individu a été exécuté. Je partage ici le glorieux anonymat de tant de morts que vous ne pouvez plus vous étonner de cet anonymat. Si j’élève une faible voix, c’est parce que certains des morts me l’ont demandé, c’est en leur nom que je vous parle. Ils sont tombés sous les balles allemandes. Ils sont morts pour la France.
      On dira que c’étaient
      des communistes
      Les faits sont simples et personne ne les nie. le 22 octobre 1941, 27 hommes ont été exécutés par les Allemands à côté du camp de Châteaubriant (Loire-Inférieure) pour des faits datant de quelques jours, dont ils étaient notoirement ignorants, pour l’acte d’hommes qu’ils ne connaissaient pas, sans s’être solidarisés avec ces hommes, mais livrés à l’occupant afin d’être exécutés, et cela par le ministère de l’Intérieur d’un gouvernement qui se dit français, qui en avait lui-même dressé la liste. Pris dans le camp où ils étaient détenus par une simple suspicion ou passibles de toute façon de peines moindres, ils ont été passés par les armes sur l’avis de ceux qui prétendent assurer la police dans le pays, y donnant ainsi l’exemple révoltant du crime.
      On dira : c’étaient des communistes. Est-il possible que des Français, est-il possible que des hommes, unis à d’autres hommes, à d’autres femmes par les liens de la chair, de l’affection, de l’amitié, puissent se satisfaire d’une phrase pareille ? Tous ceux qui diront, croyant se débarrasser ainsi de la chose : c’étaient des communistes, n’entendent-ils pas que cela n’excuse pas le crime allemand, mais que cela honore
      les communistes ? Ces hommes étaient prisonniers pour leurs idées, ils avaient défendu leurs croyances au mépris
      de leur liberté. Ils s’étaient refusés à suivre l’exemple de ceux qui, se reniant par lâcheté ou par intérêt, sont passés dans le camp de ceux qu’ils combattaient la veille. S’ils avaient voulu les imiter, ils auraient pu, comme certains, revêtir l’uniforme allemand et être libres, collaborer aux journaux, aux organisations que l’Allemagne contrôle, et être libres. Ils ne l’ont pas voulu. On les a envoyés à la mort. Il y a eu dans le monde des hommes comme ceux-là, et même ceux qui ne croient pas en Dieu, ceux qui haïssent l’Église dont ils sont martyrs ne sont jamais à ce point entraînés par la violence anticléricale qu’ils ne reconnaissent pas la grandeur, la noblesse, la beauté du sacrifice des chrétiens jetés aux bêtes, qui chantaient dans les supplices. Vous pouvez haïr le communisme, vous ne pouvez pas ne pas admirer ces hommes.

    • Vous pouvez haïr le communisme, vous ne pouvez pas ne pas admirer ces hommes. Écoutez ! Châteaubriant, 20 et 21 octobre… Au camp de Châteaubriant, il y avait, en octobre 1941, un peu plus de quatre cents prisonniers. On sait ce qu’est la vie dans ces camps, on ne sait pas assez le courage qu’y déploient des hommes et des femmes démunis de tout, mais qui ne paraissent se préoccuper que de maintenir le moral de tous. À Châteaubriant, ils préparaient des divertissements communs, ils faisaient des cours pour mettre en commun le savoir particulier de chacun. Le 20 octobre, un lundi, on y apprend qu’un officier allemand vient d’être tué à Nantes. Vers une heure de l’après-midi, un officier de la Kommandantur confère avec les directeurs du camp. Il s’agit de désigner des otages. deux cents dossiers environ sont remis par le camp au chef de cabinet du sous-préfet qui les portera à Paris, au ministère de l’Intérieur, où seront choisis les otages. On ne peut s’en tenir à l’exposé nu des faits. Depuis qu’il y a des guerres, les belligérants ont considéré comme otages des hommes, des notables désignés d’avance pour porter les conséquences des actes de leurs concitoyens contre l’ennemi. Ici, c’est après l’acte que sont choisis de prétendus otages et parmi les hommes qui ne peuvent matériellement en être solidaires. Quels hommes ? Des notables dont la perte aura un caractère retentissant ? Non ! Des hommes qui portent le poids de leurs idées, qui sont choisis par ceux-là qui prétendaient assurer l’ordre, leurs ennemis politiques qui y trouvent l’occasion de vengeances personnelles. Parmi eux, il y a des étudiants, des ouvrières. Quelques-uns sont presque des enfants. Ce n’est plus le bourgmestre qui répond de ses concitoyens comme jadis. - Otages ? - Non. - Martyrs ? - Oui. Ce même 20 octobre, les troupes allemandes prennent la garde du camp, à la place des gardes mobiles français. Les prisonniers sont consignés dans les baraques jusqu’au lendemain 9 heures. Vers 9 heures du soir les sentinelles tirent dans le camp, croyant voir une ombre ; une balle entre dans la baraque 10 et siffle aux oreilles d’un prisonnier couché. Le lendemain, la garde allemande est relevée. Des rumeurs circulent. les prisonniers apprennent le départ pour Paris du chef de cabinet du sous-préfet avec les dossiers. On prétend que trente otages doivent être désignés dans le camp. Dans la baraque 19, il y a vingt et un hommes : une indiscrétion a fait savoir que c’est de cette baraque que viendra le gros du contingent exigé. Vers 9 heures du soir, les soldats allemands reprennent la garde (…) Voici les vingt-sept enfermés dans la baraque 6. Chacun reçoit une feuille et une enveloppe pour écrire ses dernières volontés. Kerivel est autorisé à faire ses adieux à sa femme internée dans le même camp. J’ai sous les yeux le récit des mêmes heures fait par un autre interné qui se trouvait dans la baraque 10. Il traduit aussi cette angoisse sourde et montante des deux journées, les bruits qui courent, encore incertains, les signes précis d’un événement qu’on croit deviner sans en être sûr. Puis l’arrivée de l’officier et des gendarmes. « Quand s’ouvre la baraque 10, le sous-lieutenant Touya lance sans hésitation, avec un sourire pincé, un seul nom : Guy Môquet. Le nom est un couperet qui tombe sur chacun de nous, une balle qui perce chacune de nos poitrines. Il répond d’un seul : présent ! Et comme sans réfléchir, droit, plus grand que jamais, notre Guy s’avance d’un pas rapide et assuré, dix-sept ans, plein d’inconscience et de vie ! À peine éveillé aux premiers rêves de l’amour, il est parti, notre Guy, comme serait parti un peu de nous. » On cherche à se persuader dans les baraques que la partie n’est pas jouée ; cependant, suivant un autre témoignage, les otages étaient si sûrs de leur sort que Timbaud avait décidé de liquider toutes ses provisions en un bon repas et demandé à deux de ses camarades d’écrire à sa femme et à sa fille s’il lui arrivait quelque chose. D’autres camarades faisaient remarquer à Pesqué qu’il serait prudent de fumer tout de suite ses trois paquets de tabac. Quant à Poulmarch, il se faisait disputer après le repas de midi pour ne pas avoir fait chauffer l’eau du thé : « Dépêche-toi au lieu de dormir ; nous n’aurons même pas le temps de boire le thé. » En effet, l’eau du thé est restée sur le feu. La Marseillaise Maintenant, dans les baraques, on attend. Chaque porte, chaque fenêtre a été condamnée avec un lit dressé contre les parois. Ils voient le curé de Béré entrer dans le camp. Cela en dit long. Le curé de Châteaubriant s’est récusé. On voit passer Mme Kerivel, autorisée à voir son mari. L’espoir disparaît. C’est à 14 h 22 que le prêtre sort de la baraque 6. Cinq minutes plus tard, des camions allemands apparaissent sur la route. Alors, de la baraque, un chant monte : la Marseillaise. Tout le camp P1 reprend le chant à son tour. Oh ! les avez-vous jamais bien entendues, ces paroles françaises : « Ils viennent jusque dans nos bras Égorger nos fils, nos compagnes ! » À 15 heures, les camions sont rangés devant la baraque 6. Voici les termes mêmes du récit d’un des rescapés. « Le lieutenant ouvre la porte et commence le dernier appel. À l’annonce de son nom, chacun d’eux se présente. Les gendarmes fouillent, vident toutes les poches et leur attachent les mains, puis les font monter dans les camions. Chaque camion prend neuf camarades, ceux-ci n’arrêtent pas de chanter et nous font des signes d’adieu, car ils nous voient à la fenêtre. Ténine interpelle l’officier allemand : "C’est un honneur pour nous, Français, de tomber sous les balles allemandes." Puis, désignant le jeune Môquet qui n’a que dix-sept ans : "Mais c’est un crime de tuer un gosse…". » Préparatifs de départ Il faudrait tout citer, chaque récit, car ils s’éclairent l’un l’autre. Dans cet autre, il y a des larmes aux yeux de ceux qui assistent impuissants au drame. Le geste instinctif de se découvrir quand éclate la Marseillaise des condamnés. Ah ! Ce n’est pas César qui salue ceux qui vont mourir, mais la France, mais l’avenir du pays pour lequel ils meurent. Comme ils reconnaissent les voix lointaines, celles de Timbaud, de Môquet ! Après la Marseillaise, il y a le Chant du départ et comment lire, dans ce texte d’un homme simple, sans en avoir les yeux humides, cette remarque : « Qu’ils sont beaux, ces vers : Un Français doit vivre pour elle ! Pour elle, un Français doit mourir. » Puis vient l’Internationale. Et une voix seule, jeune, fraîche, entonne la Jeune Garde. C’est Môquet, pour sûr, le benjamin des otages. On ne peut pas couper ce récit-là. « Par la fenêtre, nous voyons des ombres s’agiter à travers les interstices de la palissade. Nous devinons que nos camarades prennent place dans les camions. Nous nous massons aux fenêtres, côté nord, pour voir le départ de nos héros. Les gendarmes sont toujours là, impassibles, postés de dix mètres en dix mètres. Plus loin, sous le mirador, on distingue les silhouettes sombres des soldats allemands casqués et armés. Une voiture à cheval entre. Elle ne va pas loin. Un gendarme arrête le cheval par la bride et lui fait faire demi-tour. Le temps est superbe, le ciel d’une pureté exceptionnelle pour un 22 octobre. Pas une âme qui vive. La consigne est parfaitement respectée dans notre quartier. Seul Kiki, notre petit fox-terrier, se roule dans l’herbe, heureux de s’étirer et de s’ébattre au soleil. À côté de la 9e, des pas martèlent le plancher. Enfin la Marseillaise, une fois de plus, s’élève de l’autre côté des palissades. Les moteurs sont mis en marche. Les camions vont partir. La Marseillaise s’envole des camions, irrésistible, gagne tout le camp, baraque par baraque. Les gendarmes rendent les honneurs militaires à nos camarades quand ils montent dans les camions et au moment où ceux-ci s’ébranlent… » Alors, mus par le chant qui les a gagnés, ceux dont les camarades viennent de partir pour le supplice, tous se trouvent soudain - hors des baraques. Ils sont quatre cents à chanter. Deux couplets, deux refrains de la Marseillaise. Le silence tombe sur les bourreaux Le lieutenant Touya, qui tout à l’heure serrait les mains de l’officier allemand qui venait prendre livraison des vingt-sept martyrs, est bien embarrassé, mais il montre aux détenus la sentinelle allemande, et déjà il siffle. Eux, les détenus, sur un mot d’ordre qui circule parmi eux, se taisent et le silence tombe sur les bourreaux. Il faudra bien que le lieutenant consente quelques renseignements. De groupe en groupe, on se les passe, ainsi que la liste des otages. Touya leur a déclaré qu’ils seront fusillés dans une heure, à 16 h 15. Aussitôt, on décide de se rassembler à cette minute-là. L’heure est lente et lourde à passer dans les baraques. C’est pendant cette heure-là que, pieusement, dans la baraque numéro 6, certains vont recopier les instructions laissées par les condamnés. Les planches où ils ont marché, qu’ils ont touchées, sont découpées et mises à l’abri comme des reliques. À 16 h 15, les voilà tous rassemblés comme pour l’appel, tête nue ; en silence, trois cents hommes réunis par camp. Dans chaque camp, l’appel est fait. Au nom des fusillés, un camarade répond : « Fusillé ! » Une minute de silence. Cérémonial simple, sobre, spontané. Ils l’ont naturellement inventé. Et peut-être inaugureront-ils, pour la suite des temps, la commémoration qui fera du 22 octobre de chaque année un anniversaire pour tous les Français, le deuil, l’orgueil aussi, parce que vingt-sept Français sont morts comme on sait mourir chez nous. De la soirée qui suit, que rapporter ? Seulement le courage de Mme Kérivel. Cette femme admirable, quand elle est venue à la cellule des condamnés embrasser son mari, prise de pitié à la vue du jeune Guy Môquet, a proposé aux officiers de prendre sa place. On le lui a refusé. Maintenant, son calme fait l’admiration de tous. Elle se promène sur la piste avec ses amis. « Pourquoi se frapper ? Nous ne sommes pas ici pour cueillir des fleurs, la vie continue. » Et elle dit aux femmes : « Surtout, faites votre fête dimanche, rien n’est changé ! » Elle tiendra ainsi toute la soirée, ce n’est que dans sa baraque que la fièvre s’emparera d’elle. Mais le lendemain la retrouvera debout, courageuse. Les yeux non bandés, les mains libres C’est le lendemain que l’on apprend les détails de l’hécatombe. C’est dans une carrière de sable, à deux kilomètres de Châteaubriant, qu’ils ont été fusillés. Ils avaient traversé la ville en chantant la Marseillaise dans les camions. Les gens se découvraient sur leur passage. On imagine l’émotion qui régnait dans la ville. À la ferme voisine de la carrière, les paysans étaient consignés par les Allemands, portes et volets clos, une mitrailleuse braquée sur leurs portes. Par un raffinement singulier, l’exécution a eu lieu en trois fournées. Il y avait trois rangées de neuf poteaux dans la carrière. Les exécutions ont été faites en trois salves : à 15 h 55, à 16 heures et à 16 h 10. Les vingt-sept condamnés ont voulu aller à la mort les yeux non bandés et les mains libres. Ces hommes, en tombant, ont étonné leurs bourreaux, ils ont chanté jusqu’à la dernière minute. Ils criaient : « Vive la France ! Vive l’URSS ! Vive le Parti communiste ! » Le docteur Ténine a dit à l’officier allemand qui commandait le peloton : « Vous allez voir comment meurt un officier français ! » Et le métallurgiste Timbaud, avec cette décision qu’il a toujours montrée dans la vie, a choisi pour sa dernière parole un cri bien particulier qui risque de rester comme un souvenir dans le coeur des hommes qui ont tiré sur lui, Français : « Vive le Parti communiste allemand ! » Il avait demandé du feu à un gendarme pour fumer une dernière cigarette. Au départ, dans le camion, il a dit quelques mots sévères au lieutenant Touya. Il est mort comme il a vécu. C’est une image qui restera de l’ouvrier français, notre frère. Les gendarmes ont rapporté la montre de l’un, une lettre de l’autre, l’alliance d’un autre. Ils ont dit aux détenus ce qui se disait dehors. Eux-mêmes partagent l’émotion du camp et de la ville. La municipalité a refusé d’enfermer les corps dans les cercueils ignobles que les autorités allemandes avaient apportés. Les corps ont passé la soirée au château de la ville. On les dispersera le lendemain dans les divers cimetières de la région. Les familles pourront y aller, mais elles ne sauront pas quelle tombe est la leur, car les cercueils ne porteront pas de noms, mais un numéro correspondant à un registre, pour plus tard… et c’est tout. À la carrière, les gens du pays se sont rendus nombreux en pèlerinage ; on voyait encore les poteaux, le sang sur le sable. On sait maintenant que le même jour, à Nantes, vingt et un otages étaient tombés dans des conditions semblables. Quarante-huit en tout pour la journée du 22 octobre. Le dimanche suivant, plus de 5 000 personnes ont défilé dans la carrière, et déposé des fleurs. C’est d’un garde mobile que l’on tient les détails de l’exécution. Cet homme déclare que les vingt-sept victimes lui ont donné une leçon de courage ineffaçable. Dans le pays, on se répète les mots des martyrs. Le jour de la Toussaint, les défilés ont recommencé, une gerbe de fleurs a été déposée à l’emplacement de chaque poteau dans la carrière tragique, des bouquets ont été portés dans les cimetières. Les autorités allemandes ont interdit les défilés et ont fait une enquête pour rechercher « les coupables » qui avaient apporté des fleurs. Un détail terrible : lors de la mise en bière, l’un des cadavres (on frémit de le reconnaître) était trop grand pour la caisse. Un Allemand prit une barre de fer pour l’y faire entrer. Comme le fossoyeur municipal qui était présent protestait, l’autre cria : « Kommunist, pas Français ! » Ce mot-là, oui, il faudra qu’aucun Français ne l’oublie. Les brutes qui sont venues chez nous, jusque dans la mort, disposer de la nationalité des nôtres, d’un enfant de dix-sept ans, nous apprennent par là même ce qui nous unit contre eux. Il est seulement étrange et monstrueux que le mot de cette brute, il puisse se trouver parmi nous des gens pour le reprendre. Nous n’oublierons pas qui a envoyé au poteau cet enfant et ses vingt-six camarades, qui tranquillement, d’un bureau d’un de nos ministères, a jeté aux balles allemandes ceux qui devaient mourir la Marseillaise à la bouche et la France au coeur, parce qu’il pensait, comme les bourreaux : « Communistes, pas Français ! ». Quelques détails sur les victimes Comment ne pas marquer à leur tête le député Michel qui portait, aux yeux des autorités françaises, le seul crime d’avoir voté contre la guerre, contre cette guerre à l’Allemagne : voici qu’il est tombé sous les balles allemandes, désigné par les autorités françaises. Il laisse une femme et deux enfants. À côté de lui, Poulmarch, secrétaire de syndicat à Ivry ; sa femme reste avec un enfant de six ans et deux personnes à sa charge. Voici le métallurgiste parisien Timbaud qui laisse une femme avec un enfant de treize ans, et deux jours de travail par semaine. Voici Vercruysse, de Paris, mutilé de la face de lguerre, qui laisse une femme sans ressources avec un enfant de huit ans. Les soldats du Kaiser n’avaient pu que le défigurer, ceux de Hitler lui ont donné le coup de grâce. Voici Granet, de Vitry ; sa femme fait des ménages pour élever un enfant de onze ans. Barthélemy, de Tours, retraité des chemins de fer, cinquante-sept ans, dont le fils est marié, mais la femme de ce fils a été emprisonnée à Niort. Bartoli, qui avait cinquante-trois ans, une femme et un enfant. Bâtard, d’Angers, lui, n’avait que vingt et un ans ; une mère le pleure. Bourhis, dont l’ordre de libération est arrivé le soir même de l’exécution, instituteur à Saint-Brieuc ; il laisse une femme institutrice et un enfant de six ans. Laforge, instituteur, devait comme lui être libéré. Il laisse une femme, professeur de lycée, et un enfant de dix-sept ans. C’est Lalet, étudiant de vingt et un ans, déjà marié, dont la libération est arrivée pendant qu’il écrivait ses dernières volontés ; cela ne l’a pas sauvé du poteau. Lefèvre, d’Athis-Mons, nous laisse une femme et quatre enfants. Le Panse, de Nantes, laisse une femme malade avec deux enfants de cinq et trois ans. Môquet, notre Guy, comme disaient les camarades, le martyr de dix-sept ans, avait à sa charge sa mère et son jeune frère de dix ans, son père étant lui aussi emprisonné. Pesque, docteur à Aubervilliers, cinquante-six ans, laisse un enfant. Pourchasse, trente-trois ans, laisse une femme sans ressources avec deux enfants de dix et quatre ans ; sa soeur a été arrêtée. Renelle, ingénieur de Paris, laisse une fille de vingt ans qui devra faire vivre sa grand-mère. L’artisan imprimeur Tellier, d’Armilly (Loiret), quarante-quatre ans, veuf. Le docteur Ténine, trente-cinq ans, celui qui dit : « Vous allez voir comment meurt un officier français ! », médecin à Antony, fils d’un chauffeur de taxi qui, sans travail, était à sa charge, venait de perdre son fils de huit ans, quelques jours plus tôt. Voici Kerivel, dont la femme eut le triste privilège, prisonnière à Châteaubriant, de l’embrasser à la dernière heure. Voici Delavaquerie qui avait dix-neuf ans et en paraissait quinze. Houyn-Kong-Ha, Annamite, dont le pays a été livré aux Japonais tandis que lui était livré aux Allemands et que sa femme était jetée en prison à Rennes. Voici David, Grandel, Gueguen, Gardette… Tous des gens pauvres qui vivaient de leur travail. Est-ce bien la France ? Est-ce bien la France, direz-vous, où se passent des choses pareilles ? Oui, c’est la France, soyez-en sûrs. Car ces vingt-sept hommes représentent la France mieux que ceux qui les ont désignés aux bourreaux allemands. Leur sang n’aura pas coulé en vain : il restera comme une tache indélébile au visage de l’envahisseur. Ce sang précieux, c’est le rouge de notre drapeau qu’il a reteint et qui, mieux que jamais, se marie au blanc et au bleu de la France pour marquer l’unité de notre pays contre l’ennemi installé sur notre terre et la poignée de traîtres pourvoyeurs de ces bourreaux. (…).

    • Un patriotisme inséparable du combat communiste
      Pour l’historien Roger Martelli le combat de Guy Môquet s’inscrit dans le prolongement direct du combat antifasciste du Front populaire visant à réconcilier la Marseillaise et l’Internationale.
      Ce qui frappe dans la mort de Guy Môquet, outre sa jeunesse, c’est sa détermination dans son engagement. Dans la lettre qu’il adresse au président de la Chambre des députés, Édouard Herriot, pour qu’on lui rende son père déchu de son mandat fin 1939, il dit son amour de sa patrie et de la France. Ce langage est-il surprenant pour un jeune homme qui a seize ans en 1940 ? Pour un jeune communiste de l’époque ?
      Roger Martelli. En 1940, le langage national est devenu une part intégrante de l’univers mental des communistes. Le tournant s’est fait en 1935, quand s’impose définitivement l’orientation stratégique du Front populaire, qui pousse à une synthèse originale donnant un nouvel élan au patriotisme républicain. La date clé est celle du 14 juillet 1935, à l’occasion de la première grande manifestation du Rassemblement populaire. Ce jour-là, Jacques Duclos invite les communistes à « réconcilier le drapeau tricolore de la Révolution française et le drapeau rouge de la Commune de Paris », de même que la Marseillaise et l’Internationale. Contre le fascisme niant en bloc l’héritage de 1789, le PCF se décide à revaloriser, dans le même mouvement, l’acquis démocratique plébéien et la nation républicaine. Le point culminant de cette démarche s’observe en 1939 : lors des cérémonies qui entourent les cent cinquante ans du grand événement révolutionnaire, la commémoration communiste est l’une des plus actives et des plus innovantes. Le sans-culotte, le jacobin, le bolchevik, le communiste se confondent dans une même exaltation de l’événement fondateur, que l’on rattache à l’expérience du Front populaire et que l’on oppose à l’ordre nazi. En 1940, le jeune Guy Môquet, qui a connu les grandes réunions militantes et festives du Front populaire, utilise spontanément les ressources de ce qui est devenu une véritable culture politique.
      Est-il légitime, historiquement parlant, de séparer comme le fait Nicolas Sarkozy le patriotisme de Guy Môquet de son engagement politique ?
      Roger Martelli. Pour l’époque cela n’a vraiment aucun sens. Le patriotisme des communistes est éminemment politique. Ce à quoi l’on se réfère dans ces années de crise et de reclassement politique, ce n’est pas la « France éternelle » de la tradition monarchique, mais la nation citoyenne de Valmy. Les limites se feront plus floues dans les années qui suivent et, après 1942, la brutalité du combat de civilisation qui oppose fascisme et démocratie va pousser les communistes à reprendre une part de la thématique d’une France un peu intemporelle et populaire, constituée comme telle dès les temps les plus reculés. En 1940-1941, ce n’est pas encore le cas. La France que saluent les communistes est bien celle de la nation citoyenne soudée par la Révolution française. Dans l’imaginaire mental des communistes, les images de la « Grande Révolution » et celle de l’Octobre russe se confondent absolument, pour le meilleur et pour le pire. Comme l’écrira plus tard l’historien communiste Jean Bruhat, « par-dessus les carmagnoles des sans-culottes apparaissaient en surimpression les blousons de cuir des combattants du Palais d’Hiver »… Séparer la dimension nationale et la dimension communiste dans ces années-là est une erreur de perspective monumentale.
      Après la signature du pacte germano-soviétique, la destitution des députés communistes votée par l’ensemble des groupes parlementaires, le PCF semble au ban de la vie politique nationale. Cela n’est pas sans entraîner quelques hésitations ni errements d. Mais les liens sont-ils profondément rompus du peuple communiste avec le peuple et la nation française ?
      Roger Martelli. Les premières années de la guerre sont d’une extrême complexité. Officiellement, l’Internationale communiste considère depuis le pacte germano-soviétique que la guerre qui s’est déclenchée en septembre 1939 n’est pas « sa » guerre, qu’elle n’est qu’une guerre impérialiste dans laquelle la France et le Royaume-Uni n’ont pas un plus beau rôle que l’Allemagne hitlérienne. Les communistes français, qui voient au départ dans la guerre contre Hitler une continuation du combat des années précédentes, se font durement rappeler à l’ordre, Maurice Thorez hésite, manifestement décontenancé. Mais l’URSS et Staline ne peuvent qu’avoir raison. Le PCF, Thorez en tête, se plie donc à la ligne stratégique de « guerre impérialiste » et se tient à elle jusqu’au début de 1941. Pendant quelques mois, le discours communiste officiel critique de façon indifférenciée « les » impérialismes. Dans les tout débuts de l’occupation, il n’est donc pas question de faire de la lutte directe contre l’Allemand une priorité immédiate. Pas question, dit-on chez les dirigeants communistes, de se mettre à la remorque de l’Angleterre… En même temps, la culture de l’antifascisme est trop forte en France pour disparaître, même chez les cadres les plus importants. La nouvelle ligne prônée par Moscou au début septembre de 1939 ne sera pas intériorisée avec la même portée que dans d’autres PC. La situation française maintient de fait la référence culturelle des années précédentes. On n’appelle pas au combat contre l’occupant, mais on porte les feux contre le régime qui, dès octobre 1940, décide de s’engager dans la collaboration avec l’Allemagne. Position de l’Internationale ou pas, le régime de Vichy est l’héritier de la contre-révolution, l’émule des nobles émigrés (les « Coblençards ») qui trahirent la France à partir de 1789. On ne s’attaque pas ouvertement à l’occupant au début de l’automne 1940, quand Guy Môquet est arrêté, mais on dénonce dans l’administration française installée en zone Sud le pouvoir des « traîtres de Vichy »…
      Non seulement des adversaires politiques du PCF mais des historiens ont écrit que Guy Moquet n’était pas « communiste », qu’on ne peut pas l’être à dix-sept ans, et que son sacrifice avait été en quelque sorte reconstruit postérieurement par le Parti communiste pour antidater son entrée en résistance. Qu’en pensez-vous ?
      Roger Martelli. On peut toujours expliquer que l’engagement de la jeunesse manque de maturité, de capacité à formuler de façon savante le sens de l’engagement. Mais la jeunesse a depuis toujours soif d’engagement éthique. C’est encore plus vrai dans les phases de crise aiguë, de perte de repères, de traumatisme national. La Résistance n’a bien sûr pas été le fait exclusif de jeunes. Mais, dans ces années de cataclysme moral qui ont suivi l’effondrement militaire de la France, la dominante résistante a été incontestablement jeune et ce n’est pas un hasard si le triomphe résistant, après 1945, sera la source d’un des plus formidables renouvellements du personnel politique français, comme l’avait été la période de 1789-1799. Du point de vue communiste, n’oublions pas non plus que l’URSS de l’époque n’a pas épuisé sa vertu mythique, qu’elle est une réserve d’utopie et d’engagement total, comme l’a été aussi le combat pour l’Espagne républicaine.
      Sans doute y a-t-il eu, très vite, un travail conscient du PCF autour de l’image belle et pure du jeune martyr. Mais l’embellissement inévitable à toute légende ne se trompait pas sur l’essentiel. Le tout jeune Guy Môquet, « biberonné » dans le communisme de l’âge héroïque, est bien un militant dont la foi communiste est absolue et pour qui, comme pour tous ses camarades, le combat pour l’héritage démocratique et plébéien national et le combat communiste sont deux faces d’un même rapport au monde, des valeurs pour lesquelles il vaut la peine de s’engager, jusqu’au sacrifice.
      À Châteaubriant la liste des prisonniers à fusiller est dressée par un envoyé du gouvernement de Vichy, et c’est un officier de l’armée française, le lieutenant Touya, qui désigne les victimes. C’est une trahison. Pourtant, ni cet officier ni quasiment personne ne sera jamais inquiété pour cet acte. Pourquoi ?
      Roger Martelli. Ce n’est pas tout à fait exact. En 1944, l’ancien ministre de l’Intérieur de Vichy, Pierre Pucheu, a été condamné à mort et exécuté à Alger. Cet homme qui avait été longtemps au service du patronat avait été l’instigateur des Sections spéciales créées pour juger en urgence les « terroristes » et ce sont ses services qui ont communiqué aux Allemands une liste d’otages communistes « pour éviter de laisser fusiller cinquante bons Français » : dix-huit emprisonnés à Nantes, vingt-sept à Châteaubriant et cinq Nantais emprisonnés à Paris. Après 1942, il essaie de se rallier aux Américains quand il prend conscience que l’Allemagne ne gagnera pas la guerre. Mais les gaullistes et les communistes n’accepteront pas ce nouvel « allié » peu ragoûtant…
      Il est vrai que Pucheu a payé finalement pour beaucoup d’autres, car son cas n’a pas été généralisé, loin de là. Bien des acteurs importants de la collaboration ont échappé à la justice et certains ont poursuivi de belles carrières. Maurice Papon, hélas, n’a pas été une exception.
      En juillet 1940, Pétain obtient les pleins pouvoirs à une large majorité du Parlement (1). Il fait adopter les premiers décrets antijuifs en septembre, la CGT est dissoute en novembre et le Parlement en décembre. Il a souvent argué de son patriotisme. Est-ce crédible ?
      Roger Martelli. Évidemment Pétain joue sur les mots en confondant patriotisme et nationalisme. À partir de 1789 il existe au moins trois conceptions possibles de la nation : la nation-race, la nation-État et la nation-peuple. La première, de souche contre-révolutionnaire, est celle qui domine la droite vichyste et collaborationniste. La seconde a tenté la gauche dite imparfaitement « jacobine », mais elle a identifié d’abord la droite, et le gaullisme en a été une belle illustration. La troisième est le terrain d’élection de la gauche française ; elle est au coeur des représentations communistes depuis 1935. C’est celle de Guy Môquet. Elle ne se confond pas avec la nation-État, même si la guerre la rapproche d’elle contre la nation-race du fascisme français et européen. Elle est en tout cas aux antipodes du nationalisme maurrassien de Pétain. Celui-là a fait bon ménage avec la Collaboration. En séparant le patriotisme de Guy Môquet de ses déterminants idéologiques progressistes, Nicolas Sarkozy ouvre la porte à des dérives dangereuses, en laissant entendre que la nation finit par effacer les vieux clivages. Mieux vaut y couper court. Il y a patrie et patrie… Il y a des conceptions inclusives de la nation et d’autres qui excluent. Celle de Guy Môquet et de ses amis incluait ; celle de la droite des lois contre l’immigration exclut.
      Outre les communistes et le petit groupe qui se constitue autour de De Gaulle, comment la question de la résistance se pose-t-elle pour les autres forces politiques en cette période de la fin 1940 à fin 1941 ?
      Roger Martelli. Ceux qui, avec Guy
      Môquet, sont arrêtés au début octobre, l’ont été avec la bénédiction de l’occupant et ils seront en tout quelque cinq mille communistes incarcérés jusqu’en juin 1941. L’auraient-ils été si leur action n’apparaissait pas contraire aux intérêts de la puissance occupante ? Sans appeler à la lutte directe, les communistes durcissent dès l’automne leurs critiques des effets de l’occupation et mettent en place les structures qui feront leur force par la suite. Au printemps de 1941, la thématique
      libératrice est solidement en place avec les prémices du Front national de lutte pour l’indépendance de la France. En 1940, pour
      résumer, le système politique d’avant-guerre a complètement éclaté, et la seule formation
      politique pouvant revendiquer une continuité et une cohérence politiques est le Parti communiste. Les autres ont explosé avec la défaite et la mise en place du vichysme qui a provoqué des divergences d’attitude dans toutes ces
      formations . Bien que terriblement affaibli, il reste au Parti communiste une structure, une cohérence et des repères qui feront largement la force de la résistance communiste.
      Le passage à la lutte armée peut-il être considéré comme un seuil, une rupture marquante ?
      Roger Martelli. La question de la lutte armée est plus complexe . Faut-il ou ne faut-il pas se lancer dans les attentats individuels ? Jusqu’à l’automne de 1941, beaucoup ne se résolvent que difficilement dans le PCF à l’idée qu’il y a là une forme pertinente de lutte armée… Ce n’est d’ailleurs pas tout de suite que ce parti va revendiquer les attentats contre les militaires allemands, ce qui rend encore plus détestable et plus significatif le choix fait par Pucheu et ses acolytes. Évidemment, jusqu’en 1941 la perspective d’ensemble reste brouillée, puisque de Gaulle appelle les militaires français à venir le rejoindre pour poursuivre la guerre aux côtés de l’Angleterre, mais n’appelle pas à la résistance directe contre l’occupant à l’intérieur, tandis que le PCF qui n’appelle pas à la résistance contre l’occupant concentre ses coups sur les conséquences de l’occupation et la critique du régime collaborateur de Vichy. Néanmoins, le maintien du front militaire, d’un côté, et du front politique et de la sociabilité politique, de l’autre, participent de la mise en place du mouvement résistant dans une France éclatée par la défaite et en manque de repères. L’entrée en guerre de l’Union soviétique puis des États-Unis va simplifier la donne puisqu’elle redonnera à la guerre la dimension claire d’une lutte de la démocratie contre le fascisme.
      (1) Sur 649 parlementaires ayant pris part
      au vote seuls 80 refusent les pleins pouvoirs (dont 36 socialistes SFIO, 26 radicaux).
      Entretien réalisé par Lucien Degoy

  • Vous êtes en pleine déconnade là les gars !!!!

    Pour réparer une injustice, vous en commettez une autre ?! C’est bizarre votre sens de l’équité... Moi ça ne me tente pas.

    J’ai connu des proches qui ont été dans la Résistance côté gaulliste et c’est pas parce que c’était des petits bourges que c’était des putains de collabos , faut quand même pas mélanger les torchons et les serviettes !

    Reconnaître et faire respecter les actes de résistance des communistes, laver les affronts que ces connards de journallistes vendus au capital nous font en permanence, ça ne peut pas implqiuer qu’on dise qu’ils étaient les seuls, ni les plus purs, ni que les autres étaient tous des salauds.

    Par ailleurs, mélanger Sarkozy et de Gaulle c’est un peu du GRAND n’importe-quoi quand même ! Je sais que de Gaulle était viscéralement anti-communiste et du côté des capitalistes, mais rien à voir avec cette p.... de Sarko.

    Les règlements de compte politiques qui ont pu intervenir une fois posées les armes ne doivent pas faire salir l’honneur des résistant-e-s, quel qu’ait été leur Parti. Jamais je n’ai entendu des résistants communistes et gaullistes, qui ont pu se côtoyer dans les luttes, se prendre la tronche comme vous le faites. Nous on est tout petits à côté de ces gens-là.

    Gaullistes ou communistes, respect pour les gens qui ont donné leur sang pour nous libérer des Allemands. Sur ce point là au moins de Gaulle/Tillon même combat.

    Au-delà de ça, on peut pas aller plus loin, les gaullistes étaient en général des capitalistes bon teint, ça c’est clair et sans doute la source de l’engagement des uns n’était pas la source de l’engagement des autres.

    Alors oui, Guy Moquet était bien communiste, comme tant d’autres morts pour la France, comme on idt, à moins que ce soit morts pour la liberté, tout simplement. Pour rappeler ça on n’a pas besoin de toutes ces horreurs.

    La Louve

  • c’est bien beau, mais je cherche désespérément les noms des 26 autres et nada, il ne doivent pas être important, si quelqu’un à la liste je la voudrait bien. merci

    • y’a un "bouton" recherche en haut...

      ca donne ca :

      Maurice Tenine,Maurice Barthélemey,Charles Delavaquerie,Maximilien Bastard,Julien Lepense,Marc Bourhis,Titus Bartoli,Eugéne Kérivel,Huong Houynk,Claude Lalet,Antoine Pesquier,Edmond Lefebvre,Raymond Tellier,Charles Michel,Jean Poulmarch,Pierre Timbaud,Jules Vercruysse,Désiré Granet,Maurice Gardette,Jean Grandel,Jules Auffret,Pierre Gueguen,Raymons Laforge,Emile David,Guy Môcquet,,Henri Pourchasse,Victor Renel.

      http://bellaciao.org/fr/?page=article&id_article=48587