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Le PS vu du PC

Publie le jeudi 14 septembre 2006 par Open-Publishing
12 commentaires

Le passage ci-dessous entre crochets est un extrait du rapport officiel au Conseil National du PC des 8 et 9 septembre prononcé par Eliane Assassi. Il est suivi de commentaires. Le texte complet est dans l’Huma du 13 septembre.

[Les évolutions au sein du Parti socialiste montrent qu’au travers du débat et des reclassements divers qui préparent la désignation de sa candidature à l’élection présidentielle pourrait bien se dessiner une « nouvelle figure » de ce parti. Bien sûr ici, nous ne pouvons que formuler des hypothèses et tenté de discerner ce qui, dans la campagne de Ségolène Royal, ressort d’un projet global défini dès le départ et d’une logique d’image qui se reprécise jour après jour. Cela semble correspondre à une volonté d’une normalisation du PS au regard des règles du bipartisme et des autres partis socialistes européens au détriment d’une certaine tradition du socialisme français.
La confrontation en cours au sein du PS, car il s’agit bien de cela, est moins sur des individus ou des courants que sur un concept fondamental. Les divers protagonistes de ce débat parfois pathétique véhiculent en fait deux conceptions du Parti socialiste : l’une, celle du parti militant pour forger l’opinion, c’est le fonctionnement de l’outil social démocrate, l’autre un parti de supporteurs forgé par l’opinion, c’est le mouvement vers le social libéralisme. Ce débat n’est pas mineur, il interpelle évidemment les militants socialistes, mais il fait ressurgir l’antique débat Mitterrand/Rocard sur les « deux gauches ». C’est me semble-t-il sur cette césure que va sans doute s’articuler maintenant la campagne de Lionel Jospin et des autres « présidentiables » dans le débat interne d’ici au vote de novembre. C’est d’ailleurs ce que je relève de l’interview de Jospin au Parisien du 6 septembre quand il affirme « préférer la démocratie de débat à une démocratie d’opinion ».]

Il est intéressant d’étudier un peu ce passage sur le PS du rapport officiel adopté par le dernier Conseil National du Parti Communiste.

1 - Ce passage souligne sans la qualifier réellement la dérive du PS vers le blairisme. On peut dire les choses ainsi. La logique d’image serait la manifestation de cette dérive. Cette dérive étant celle de Ségolène Royal.

2 - Il existerait deux conceptions du PS :
- une conception social-démocrate d’un parti militant forgeant l’opinion
(un tel parti ne serait donc pas social-libéral.)
- une conception social-libérale d’un parti de supporters porté par
l’opinion.

 Arrêtons-nous à cette dichotomie : ce n’est pas leur contenu qui permettrait de juger les politiques économiques et sociales du PS et la nature de celui-ci, mais le critère suivant : qui est-ce qui forge l’autre, l’opinion ou le parti ? Si le parti forge l’opinion et ceci au moyen de la démocratie de débat nous sommes en présence d’un parti non social-libéral et pour le contraire nous avons un parti social-libéral. A l’opposition libéralisme /antilibéralisme on susbstitue ici, le débat contre l’opinion, le débateur contre l’opinioniste, le militant contre le supporter, ce qui permet d’avacuer l’essentiel.

 Curieux rapport donc qui évacue la politique et le projet du PS dont il n’est jamais ici question pour nous faire avaler que ce qui fait le contenu de la politique c’est autre chose que la politique. Comme si on ne pouvait pas débattre et forger l’opinion en vue de défendre des thèses libérales.

3 - L’exemple fourni ensuite est celui de Jospin qui incarnerait la démocratie de débat et par la même occasion la conception social-démocrate et donc non social-libérale du PS. Mais que dit Jospin : que, s’il est le candidat, son programme sera celui du PS. Et de quelle nature est le projet du PS ? Social-libéral si je me réfère à ce qu’en disent de nombreux analystes antilibéraux, à ce qu’en disent par exemple Gérard Filoche et Antoine Dolez à l’intérieur même du PS. Mais encore, quelle politique Jospin a-t-il pratiquée durant ses 5 années de chef de gouvernement ? Libérale ou antilibérale ?

En passant ajoutons que laisser entendre que Jospin n’abuse pas un peu des médias c’est faire peu de cas de ses actuelles nombreuses apparitions télévisuelles.

 Mais il y a d’autres candidat. Attardons-nous deux secondes sur DSK. Est-il un débateur ou un opinioniste ? plutôt un débateur. C’est vrai qu’on ne le voit pas excessivement sur nos petits écrans bien que ce ne sois guère de son fait. Pour autant est-il un antilibéral ? Merci de me répondre.

— Nous sommes donc en face d’une de ces analyses de la direction du PC qui escamotent la nature de la politique du PS. D’une de ces analyses qui ne sont pas loin de ressembler à une tromperie sur la marchandise socialiste tant elle gomme ce qu’il faudrait en montrer. Cette prévenance ne prépare-t-elle pas quelque chose ? Si on nous cache la nature de la politique du PS ne nous cache-ton pas autre chose ? Une future mise en ménage électorale des deux partis par exemple ? On est fondé à se poser la question. Réponse dans quelques mois.

Messages

  • Un titre plus exact aurait été :
    Le PS vu du PC vu de la LCR...
    Non ? ;o)))

    Maintenant moins rigolo camarade gl je te cite, de manière tronquée, mais tu ne m’en voudras pas, j’en suis sûr :

    "Curieux rapport donc qui évacue la politique et le projet du PS dont il n’est jamais ici question pour nous faire avaler que ce qui fait le contenu de la politique c’est autre chose que la politique."

    A tous, donc, allez lire le rapport d’Eliane Assassi, c’est là :
     http://www.pcf.fr/docs/telecharger/4070Rappo.rtf
    Ca fait 16 pages.

    Ca commence comme ça :

    "Chers Camarades,

    Tant au plan national qu’international, la vie politique et sociale est marquée par un aiguisement sans précédent du combat de classes.

    Beaucoup sont aujourd’hui celles et ceux qui s’accordent pour dire et dénoncer l’ampleur que prennent les richesses étalées par quelques nantis, issus des milieux d’affaires. Beaucoup expriment des remarques sur l’extension de la pauvreté qui touche maintenant de plus en plus de salariés.

    La bourgeoisie s’est engagée dans un affrontement d’une violence inouïe ; elle frappe aveuglément les plus démunis, les couches moyennes et fragmente, divise, et tente d’opposer celles et ceux qui font la société."

    C’est à la fois plus long et plus intéressant que ce qu’écrit le camarade gl, amha.

    Jean-Michel (PCF)

  • Le PS vu du PC, suite...

    Un peu plus loin (que l’extrait de gl) dans le rapport d’Eliane Assassi on lit :
    "Effectivement, nous ne pouvons laisser planer d’ambiguïté sur ce que pourra être cette réunion des partis de gauche. Il est illusoire de penser que la gauche pourrait se donner une politique commune qu’elle mettrait en oeuvre dans une majorité et un gouvernement à la suite d’une réunion entre délégations dans quelques semaines. D’une part, parce qu’une politique à vocation gouvernementale ne peut pas se réduire à quelques propositions, mais doit définir précisément ses objectifs, les moyens financiers, institutionnels, européens, internationaux de leur réalisation et des éléments de calendrier. D’autre part, et surtout, parce que les projets des uns et des autres (je veux parler des stratégies pour 2007 et du contenu des programmes) témoignent de choix politiques différents au regard de la question fondamentale posée à la gauche pour toute la période que nous vivons : aménagement des politiques libérales ou rupture avec celles-ci ?

    Le ciment du rassemblement de la gauche est et sera une politique de rupture avec le libéralisme et le social libéralisme faisant droit aux exigences populaires majoritaires exprimées par les luttes et par le 29 mai 2005."

    Camarade gl, pourquoi écris-tu donc :
     "Curieux rapport donc qui évacue la politique et le projet du PS dont il n’est jamais ici question " ?

    Claude a peut-être trouvé le mot juste : malhonnêteté. Est-ce pire que la bêtise ? Ca se discute.

    Jean-Michel (PCF)

    • A Jean-Michel.

      Outre les insultes sur lesquelles je passe tu écris :

      [D’autre part, et surtout, parce que les projets des uns et des autres (je veux parler des stratégies pour 2007 et du contenu des programmes) témoignent de choix politiques différents au regard de la question fondamentale posée à la gauche pour toute la période que nous vivons : aménagement des politiques libérales ou rupture avec celles-ci ?

      Le ciment du rassemblement de la gauche est et sera une politique de rupture avec le libéralisme et le social libéralisme ]

      Tu remarquera que dans ta citation, il n’est jamais question du PS. Alors qui sont les uns et les autres ? On peut toujours parler de manière génarale du social-libéralisme sans jamais citer le PS et c’est ce qui est fait ici. On écrit des choses farfelues sur le PS, celles que j’ai racontées plus haut sur les deux conceptions de ce parti et on parle à côté, ailleurs, de manière générale, des politiques socio-libérales sans faire le lien entre elles et le PS, ce qui est une manière d’épargner le PS et de le dédouaner de sa politique. Dans le passage que tu me cites il n’y a aucune référence au PS pas plus que dans celui que je cite. Pourquoi. L’aménagement des politiques libérales elles émanent de qui ? Pourquoi ça n’est jamais dit ?
      Pourquoi, dans ce rapport, il n’est jamais dit que le projet du PS est libéral ?
      A moins que l’on pense que le projet du PS est acceptable.

      Le ciment du rassemblement à gauche, en fait sera ce que voudra le plus fort à gauche s’il y a rassemblement à gauche. Et si dans cette gauche il y a la caste libérale du PS, le ciment sera libéral. Inutile de chercher midi à 14 heures. Tout le reste est du rêve or il faut cesser de rêver.
      Mais bon les faits trancheront.

      Si l’on veut que ce ciment soit antilibéral, il ne faut pas chercher à y inclure les chefs du PS qui pantouflent dans les conseils d’administrations des multinationales entre deux gouvernements dits de gauche. Sinon le ciment va rapidement s’effriter.

      Il faut battre la droite et battrre aussi le libéralisme quel qu’il soit. Cela suppose qu’on ne s’allie pas avec les dirigeants PS mais que l’on va d’abord constituer un pôle antilibéral indépendant dans la constitution duquel le PC doit jouer un rôle central. C’est à partir de ce pôle clairement défini politiquement que le rapport de force changera en notre faveur et que l’on poussera les chefs PS vers leur destination naturelle, le centre vers lequel ils penchent de plus en plus.
      gl

    • Eh Gl, t’as que ça à faire ?
      Va plutot voir dès ce soir la fête populaire de l’Huma, va discutter antilibéralisme, rassemblement majoritaire, construit cette force, met les mains dedans, confronte, agit, mais arrête la mauvaise foi. Avec la mauvaise foi, il n’y a plus de débat, donc plus de construction collective.
      Rémi (PCF).

    • "Tu remarquera que dans ta citation, il n’est jamais question du PS."

      Il n’est question que de ça, mais je n’ai pas le temps de verser dans le commentaire de texte pour un révolutionnaire de bistro qui préfére les chamailleries dans son propre camp plutôt que d’apporter son énergie dans le colossal combat de classes qui fait rage.

      Jean-Michel (PCF)

    • pas forcément d’accord avec tout ce que dit gl, mais pourquoi les militants du pcf ne répondent qu’avec du mépris et de l’agressivité à une argumentation "tranquille" ?

    • Si tu le dis, c’est que cela doit être vrai !

      Jean-Michel (PCF)