Le Tigre et la neige (video)

Projection, samedi’ 24 au Cinéma du Panthéon (13 rue Victor Cousin, M° Cluny ou Luxembourg), du film de ROBERTO BENIGNI "La tigre e la neve" en présence de VINCENZO CERAMI.

POETIQUE, FOU, CHARMANT.

La poésie c’est l’oxymoron, donc le tigre du Bengale peut se retrouver dans la neige de Sibérie. Un poète complètement déjanté démontre au monde entier qu’il est plus performant qu’un rationnaliste hindou, bouddhiste, zen ou même kantien. Il est capable de bouger des montagnes seulement avec un peu de folie neuronique et il utilise ses neurones pour faire autant de nœuds que possible. Son cerveau est une œuvre de macramé en fil d’airain.

Et si sa quête principale est la reconquête de sa femme, de la mère de ses deux filles, dont il a perdu l’amour, il en profite pour faire tomber quelques décors de notre bon sens et de notre normalité. L’université tombe comme un nuage en pluie fine : la poésie devient la bombe distractive dont elle a besoin pour renaître.

Le temps est aussi ruiné que si les forces du visionnaire (ou est-ce voyeur ?) Bush avaient écrasé toutes les horloges atomiques sous les bombes de l’esprit saint retrouvé lors de sa renaissance en Jésus Christ, et comme s’il avait libéré le méridien zéro de tout port d’attache, que ce soit Greenwich, Paris, Washington ou l’Ile de Pâques dédiée à la renaissance de Jésus en Jésus Christ, ou tout ce que l’on a pu vouloir.

Aussi il passe à Baghdad juste au moment où les Américains y débarquent et il constate le désordre que tout cela crée, un désordre qui révèle que la nature humaine, ou plutôt la nature animale de l’homme prend toujours le dessus quand on envoie des chars dans les rues, et le dessus c’est que l’on doit survivre à tout prix, même s’il faut vendre sa mère comme eclave, transformer son père en pâté pour chien, marchander ses enfants à une usine de saucisson, ou tout autre banalité sans morale.

Et il ne reste plus qu’à imaginer l’inimaginable et cela se produit comme de naturel. Film poétique. Ne pas secouer par trop avant de s’en servir, mais éviter toute proximité avec des sources de logique philosophique, religieuse ou scientifique. Cela pourrait entraîner des explosions d’ire et de colère chez nos rationnels.

Jacques COULARDEAU