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Le bilan vu par le bureau politique de la LCR

Publie le dimanche 28 mars 2004 par Open-Publishing

Le gouvernement sanctionné

Le gouvernement Raffarin vient d’être désavoué. Avec 34 % des suffrages, la
droite parlementaire subit un net recul par rapport aux dernières élections
législatives. L’offensive brutale antisociale menée depuis deux ans a été
massivement sanctionnée. L’augmentation du chômage, les privatisations, la
suppression des allocations pour 200 000 chômeurs, les attaques contre
l’Education nationale, la démolition du système de retraites ont été
massivement rejetées. Ces résultats électoraux traduisent aussi la relance
des luttes sociales depuis plus d’une année et particulièrement dans les
dernières semaines. Enfin, moins de deux années après la victoire de Chirac,
les prétentions à construire un système bipartite sont momentanément en
échec.

Avec 16,24 % des voix, le Front national renouvelle et augmente son score
des régionales de 1998. Il confirme les positions acquises lors de la
dernière élection présidentielle. Il s’est enraciné dans une série de
régions et a imposé des triangulaires dans 17 d’entre elles. Même s’il n’est
pas en condition de remporter une (seule) région, le Front national
constitue un vrai danger contre les libertés démocratiques et le mouvement
ouvrier.

La sanction de la politique du gouvernement s’est manifestée par une poussée
électorale du Parti socialiste et de ses alliés. Ces voix ne signifient pas
pour autant une confiance renouvelée de l’électorat populaire dans la
politique de la gauche plurielle. L’abstention reste massive, exprimant le
rejet de la politique qui a été menée par les gouvernements successifs. Mais
rejeté dans l’opposition depuis mai 2002, le PS a principalement bénéficié
du vote utile contre la politique de la droite. Malgré des liens distanciés
avec la gauche, les salariés ont utilisé le vote pour les partis de
l’ex-gauche plurielle pour manifester leur désaveu de la politique
gouvernementale. La gauche n’est pas considérée de la même façon par
l’électorat populaire quand elle est au gouvernement et quand elle est dans
l’opposition. Lorsqu’ils apparaissent de manière autonome vis-à-vis du Parti
socialiste, le PCF et les Verts retrouvent une partie de leur électorat.
Cela risque d’aiguiser les débats au sein de ces formations sur l’attitude à
adopter vis-à-vis du PS, d’autant plus que l’alliance avec le PS reste la
dominante de la politique du PCF, qu’il s’agisse des listes communes de
l’ex-gauche plurielle au premier tour ou des 22 fusions de listes du
deuxième tour.

Nombre d’électeurs, de sympathisants ou de militants de la gauche
révolutionnaire peuvent être aujourd’hui déçus par les résultats des listes
LO-LCR. Il est vrai que nous espérions de meilleurs scores. Mais les 10 %
obtenus à l’élection présidentielle ne pouvaient constituer un point de
référence. Les deux scrutins n’ont rien de comparable. Pourtant, au-delà des
variations de nos résultats depuis 1998, ceux-ci marquent la stabilité et la
consolidation d’un électorat de la gauche révolutionnaire.Le 21 mars
dernier, les listes LO-LCR ont obtenu 1 080 000 voix, soit un peu plus qu’en
1998 (+ 140 310 voix). Mais le mode de scrutin de ces élections a pénalisé
les listes comme les nôtres et favorisé les partis dominants. Ainsi, avec
une augmentation du nombre de leurs voix, les révolutionnaires n’auront
aucune représentation dans les conseils régionaux, alors que c’était le cas
suite aux élections de 1998.

Les 5 % d’électeurs qui ont choisi les listes LCR-LO ont sanctionné le
gouvernement de Chirac et Raffarin tout en marquant leur désaccord avec la
politique du PS. Ils se sont retrouvés dans les objectifs que nous avons
défendus pendant la campagne et l’intérêt qu’ils ont accorde à nos listes
représente un espoir pour les luttes futures. Les meetings communs LCR-LO ou
les réunions publiques LCR ont rassemblé des milliers de participants.
L’accueil réservé à Olivier Besancenot, Arlette Laguiller et aux candidats
régionaux dans des dizaines d’entreprises et dans les manifestations a
montré l’écho rencontré par nos propositions. Celles-ci ont particulièrement
porté sur la défense d’un plan d’urgence social et démocratique, notamment
pour l’interdiction des licenciements dans les entreprises qui font des
profits, le refus des subventions pour le patronat, le contrôle de la
population sur la marche de l’économie.

C’est dans ce sens, d’ailleurs, que nous mènerons ensemble la prochaine
campagne des élections européennes.
Nous ne donnons pas de consigne de vote pour le second tour. Bien entendu,
il est évident que nos électeurs ne voteront ni pour la droite, ni pour
l’extrême droite. Ils se forgeront eux-mêmes leur opinion. Une partie
d’entre eux s’abstiendra, une autre votera pour la gauche.
Si nous faisons la différence entre les électeurs de gauche et ceux de
droite, nous ne voulons pas cautionner la politique du PS. A lui de faire
des propositions pour convaincre les hommes et les femmes qui ont voté pour
nos listes au premier tour.

La LCR, quant à elle, continuera à défendre cette politique qui a trouvé un
écho favorable parmi les travailleuses et les travailleurs, une politique
pour préparer dans l’unité les luttes de demain pour faire reculer le
patronat et le gouvernement.