Le chikungunya mental de la France à haut potentiel

Tout depuis un an fouare en France d’une manière systématique qui dépasse dans l’hilarante horreur nos rêves d’enfant les plus boyeuteux et pervers. Pitié, on n’en peut plus de rire ! on vous remercie, mais à force ça devient très douloureux : ce régime sera un jour regretté, on vous le dit en vérité. Pas seulement ce régime, mais toute la France de ce temps, dont on dira plus tard avec une grande nostalgie que c’était "le con temps".

Comptons, dans ce process lyriquement catastrophique, l’opposition PS qui s’effondre à chaque marche que Ségolène monte, comptons dans ce process la quintessence de nos établissements d’enseignement supérieur et d’excellence, dont l’ENA est le connu fleuron.

On ne va pas reprendre ici les histoires du Clemenceau, du procès d’Outreau, des "tortures" policières supposées de la place Beauvau, de l’interministériel et du canard col vert. Non, on va prendre le Monde. Le Monde lui-même est effondré, malgré une interne et trompeuse gaîté.

Car quatre pouvoirs principaux "tiennent" l’ensemble du bidule en main, qui certes s’opposent incidemment, comme il y paraît quelquefois en surface, mais s’allient en fait pour l’essentiel. les pouvoirs n’ont qu’un souci (pour votre bien... et aussi pour le leur), tenir "le" Pouvoir, dispensateur des honneurs et des richesses. Les pouvoirs politique, administratif, civil (ie économique), médiatique, se conjuguent donc, s’épaulent, et se fayotent dans cette admirable intention. La démocratie devient le gouvernement éclairé des gens super-intelligents. Que voudriez-vous humainement de mieux !?

Pour conduire à bonne fin les choses, on a crée des Grandes Ecoles. L’ENA, on le sait, vient en tête depuis 50 ans dans la quarté-quinté-plus, dans les ambassades inutiles, les préfectures futiles, les cabinets, la primature, la présidence de la république.

Question au Monde et à tous : Comment des ministres, tels que les spécimens au demeurant normaux observés plus haut, peuvent-ils paraître -comment dire ?- démunis, entourés qu’ils sont de gens totalement brillants, informés, à haut potentiel. Disons-le, c’est un mystère.

Des pays-amis dépourvu d’élites à la française se portent plutôt mieux, des pays-amis dotés d’élites supposément supérieures se portent pires mais pas toujours. Va-t-on nous faire dire que dans un pays plus les dirigeants sont bien plus on s’expose au mauvais scénario, plus ils sont thons plus le résultat est positif !

Qui soutiendra cette opinion apparemment insensée ?

Le système français a atteint la perfection, aucun cuistre ne saurait le nier. Il tourne en circuit dûment normalisé, se sert à lui-même de référence, et encore mieux de révérence. Cette garantie de qualité qu’on ne lui conteste pas est sans doute, contre toute attente, la première source cachée du rire. Premier effet, là-haut ils sont rigolos, du simple fait qu’ils ne se parlent plus qu’entre eux.

Deuxième effet : le peuple tenu muet n’a en réaction jamais autant parlé. Il le fait préférentiellement dans le langage des signes : il fait connaître, avec le doigt ou l’avant-bras, ce qu’il pense exactement de l’égalité républicaine, de la "méritocratie" qui nous dirige, de la démocratie française, etc, etc.

Comme dit John Rawls :
– A propos des élites : il n’y a aucun mérite à disposer d’un talent.
– A propos du peuple : quand les pauvres ne reçoivent plus, ils sortent du contrat social.

Il y a quelque chose de très mérité dans le gag, la dérision, le chikungunya mental qui touche à la France dirigeante et à tout ce qui est français en général : elle est vengeance secrète aussi n’en doutons pas.

On vient d’entendre, avec délectation, le discours programmatique de Sarko à l’UMP (nous attendons avec le même plaisir gourmand bien sûr le programme du PS), on vient d’entendre dans la même journée que l’ENA se vouait à la future administration de l’Europe et Science po à la formation de notre presse nationale.

On vous le dit, le processus est merveillement engagé, on n’en espérait plus autant.

Faut rigoler, faut rigoler, pour ne pas empêcher le ciel de tomber.