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Le combat pour humaniser la détention doit se poursuivre
Publie le lundi 7 février 2005 par Open-Publishing1 commentaire

Entretien réalisé par Sophie Bouniot
Vendredi dernier, la sénatrice communiste Nicole Borvo s’est rendue à l’hôpital pénitentiaire de Fresnes. Elle dénonce la réalité carcérale.
Quel était le but de votre visite à l’hôpital pénitentiaire de Fresnes ?
Nicole Borvo. Je veux que l’émotion créée en 2000 par les deux rapports parlementaires dénonçant l’état catastrophique des prisons françaises ne retombe pas. Depuis cinq ans, rien n’a changé. Le regard de la société sur le monde carcéral n’évolue pas. La surpopulation carcérale, les conditions de détention déplorables ni l’état de santé des prisonniers ne préoccupent les politiques.
Peu de parlementaires se battent pour dire que la prison est une situation inacceptable pour nombre de personnes. Un rapport récent a révélé que 40 % des détenus souffrent de troubles mentaux, cela doit interpeller les politiques. Ma visite surprise à l’hôpital de Fresnes s’est faite dans ce cadre. Nous avons un combat à mener pour humaniser les prisons.
Qu’avez-vous constaté ?
Nicole Borvo. L’hôpital de Fresnes, où nous avons été très bien accueillis, fonctionne comme un hôpital public, sans service d’urgences évidemment, avec une équipe qui nous a semblé motivée. Sur 121 lits, 89 étaient occupés. Cet hôpital ne dispose pas d’un plateau technique suffisant, il n’y a pas de cardiologie par exemple. Il manque des infirmiers et des médecins, qui sont souvent peu enclins à venir travailler en prison. L’état de santé des détenus est épouvantable. J’ai croisé un homme qui avait eu une attaque cérébrale, incapable de parler et handicapé moteur. Un autre était aveugle à cause de son diabète. Que va-t-il se passer pour eux ? Ils vont rester à Fresnes, mais retourner en détention - la seule alternative qu’on leur propose - est impensable quand on sait qu’ils seront livrés à la seule surveillance de leurs codétenus ou de personnels pénitentiaires déjà surchargés car en sous-effectif. Fresnes est un peu la fin de course des grands malades. Il faut savoir que sur les 153 suspensions de peine pour raisons médicales accordées, depuis l’entrée en vigueur de la loi Kouchner en mars 2004, les deux tiers l’ont été à Fresnes. Toutefois c’est par manque de volonté politique que cette loi n’est pas appliquée. Dominique Perben en a encore réduit le champ d’application. En plus, cette procédure est très lourde, alors que l’urgence est de mise dans la plupart des cas. Certains détenus ne sont plus en état de faire la demande, elle devrait être déclenchée automatiquement. Beaucoup préfèrent rester en détention, car ils n’ont personne dehors et les structures d’accueil sont quasi inexistantes.
Que faudrait-il faire pour améliorer le système de santé en détention ?
Nicole Borvo. Il faut une étude épidémiologique de l’état des détenus. Le gouvernement a réclamé un projet médical à l’hôpital de Fresnes. Mais sur quelles bases ? Il doit également y avoir une coordination de tutelle entre les ministères de la Justice et de la Santé concernant l’application de la loi Kouchner. Il est également nécessaire de dégager des moyens afin de gérer la sortie des détenus malades. On ne doit pas aménager les prisons en hôpital. Ce n’est ni leur mission ni leur rôle. Il faut que des structures médicalisées soient créées à l’extérieur. Un surveillant me disait qu’il y avait de plus en plus de détenus malades et miséreux en prison. Ils sont indigents et ne peuvent pas travailler, donc pas gagner d’argent pour améliorer leur quotidien. Que leur reste-t-il ? Il faut combattre la surenchère carcérale permanente qui veut que tous ces indésirables dans la société soient envoyés derrière les barreaux.
http://www.humanite.presse.fr/journal/2005-02-07/2005-02-07-456114
Messages
1. > Le combat pour humaniser la détention doit se poursuivre, 8 février 2005, 09:31
Bonjour à tous,
Je me permets de faire remarquer que cet univers carcéral, honte de la Nation des Droits de l’Homme, est devenu très facilement "accessible" à tout un chacun.
En effet la politique du "tout répressif" peut conduire n’importe quel citoyen Français à connaître les cellules surpeuplés des prisons Françaises, il suffit de ne pas respecter le code de la route, ou d’intervenir lors d’une interpellation musclée d’un tiers par des policiers "indélicats".
Les prisons Françaises étant des "usines à récidives", il me semble urgent de REAGIR, nous sommes en 2005, et les premiers rapports alarmistes ont eu lieu en 2000. Depuis la surpopulation n’a fait qu’augmenter.
La prison n’apporte aucune solution, et ne devrait en aucun cas, dans une démocratie, palier à une exclusion toujours plus forte de citoyens ayant tout simplement eu la malchance d’être au mauvais moment, au mauvais endroit !!
L’existence de quartier VIP n’est elle pas l’aveu flagrant de ces conditions de vie inhumaines et stériles pour l’avenir de la société Française ???
Réveillons-nous !
Péka