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Le complot contre la Palestine. Les journaux ignorent les massacres israéliens

Publie le jeudi 29 juin 2006 par Open-Publishing
5 commentaires

de Piero Sansonetti Traduit de l’italien par karl&rosa

Le premier ministre palestinien Ismail Haniyeh a demandé à Israël de suspendre les attaques de missiles sur Gaza, étant donné que ces derniers jours ils ont provoqué la mort de 14 civils, dont nombre d’enfants et une femme enceinte. Le chef de l’aviation israélienne Eliezer Shkedi a répondu en assurant que les attaques aériennes et de missiles vont continuer et augmenter en intensité parce que - a-t-il dit textuellement - « dans les circonstances actuelles il s’agit de la tactique la plus efficace envers les terroristes qui lancent des fusées Qassam contre Israël". Elliezre Shkedi se réfère à l’utilisation fréquente par des perroristes palestiniens de fusées Qassam contre la petite ville de frontière de Sderot. Le lancement de ces missiles dure depuis longtemps et a provoqué ces dernières années cinq morts. Les journaux italiens en ont parlé.

Nous voudrions, au contraire, vous offrir quelques informations plus réservées, parce qu’elles ne trouvent habituellement pas d’espace dans nos journaux. Nous en avons repéré 10.

1. Ces derniers quinze jours les attaques israéliennes ont tué - on l’a déjà dit - 14 civils à Gaza (des chiffres israéliens qui ne tiennent pas compte de la famille exterminée sur la plage de Gaza le 9 juin, unique survivante Huda, une fillette de dix ans dont l’image, en train d’embrasser le cadavre de son père, est devenue le symbole de l’horreur pour le terrorisme israélien).

2. Depuis le début de l’année (des chiffres fournis par Amnesty) les Israéliens ont provoqué par leurs attaques 100 victimes civiles à Gaza, dont 30 sont des enfants. Ces trois dernières années les victimes civiles palestiniennes sont au nombre de 800.

3. Un tiers des enfants hospitalisés à Gaza sont morts et autant risquent de mourir à cause de ce qu’on appelle « basic illness », à savoir de maladies banales mais qu’on ne peut pas soigner (le fait est dénoncé par l’UNICEF) suite à l’absence de médicaments, de médecins, d’appareils sanitaires. L’UNICEF a augmente les fonds affectés en faveur de l’urgence Palestine, en passant de 8,4 millions à 22,7 millions de dollars pour faire face à la crise économique due à la coupe des aides et des financements de la part de l’Europe, des USA et d’Israël (une coupe décidée en polémique avec les résultats électoraux en Palestine). L’UNICEF dit que les sommes affectées sont une aiguille dans une botte de foin.

4. Israël a bloqué les transferts fiscaux. C’est-à-dire qu’il ne restitue plus au gouvernement palestinien les taxes payées par les Palestiniens à travers l’administration israélienne.

5. La plupart des médecins et des enseignants palestiniens ne reçoivent plus leurs salaires depuis trois mois, suite à l’embargo européen, américain, israélien.

6. Selon « Amnesty International » les exécutions extrajudiciaires et les détentions administratives continuent, plus de 600 Palestiniens sont en état de détention sans avoir reçu d’ accusations formelles ni avoir subi de procès. Ils sont gardés dans des camps militaires dans des conditions de vie très dures.

7. Ces derniers mois le processus d’expansion des colonies dans les territoires occupés a continué. En contraste net avec un quelconque plan de retrait. Le gouvernement israélien vient de confirmer le projet de réaliser 3.500 nouvelles habitations à Jérusalem Est.

8. Récemment a été approuvée une mesure - discriminatoire et qui contraste ouvertement avec les droits de l’homme - contre les mariages mixtes. Les citoyens israéliens ne pourront pas épouser des citoyens arabes vivant dans les territoires. La mesure est due à des raisons de sécurité.

9. Hier, les bulldozers israéliens ont démoli la maison de Ali Abu Tair, située dans le district de Jérusalem appelé Em Touba. Des témoins racontent qu’au petit matin les forces armées israéliennes ont entouré la zone, bloqué les passants et commencé ensuite la démolition. On a permis à Abu Abi de sortir de sa maison, pour ne pas rester sous les décombres, mais on l’a empêché d’emporter avec lui quoi que ce soit, même pas un objet lui appartenant.

10. Hier, l’ex premier israélien Netaniyaou a déclaré : « Israeli army could wipe Gaza off this earth ». Traduction littérale : l’armée israélienne pourrait balayer Gaza de cette terre. Disons la faire disparaître d’un seul coup de la surface de la planète.

***

Il s’agit de dix nouvelles très sommaires, des nouvelles que nous avons transcrites, presque toutes copiées de la presse internationale. Des nouvelles terribles, effrayantes, d’une énorme valeur journalistique et d’une signification politique et humaine dévastatrice. Et pourtant vous ne les trouverez pas dans les journaux italiens d’aujourd’hui, ni de hier, ni de demain. Une véritable campagne de toute la presse italienne contre le peuple palestinien est en cours. Une campagne politico journalistique basée sur le silence, sur la censure. Que pouvons-nous faire ?

Presque rien, nous sommes un très petit journal, nous ne pouvons que crier à tue-tête notre indignation, la rage, la préoccupation - à nous seuls - et vous demander à vous, c’est-à-dire à nos lecteurs, de devenir les porte-parole de ces nouvelles, d’alerter sur le risque de désastre humanitaire et d’anéantissement du peuple de la Palestine. Nous voudrions nous adresser aussi à nos confrères, les journalistes, à leurs organisations, à l’Ordre, à la « Fédération de la Presse » : vous semble-t-il digne un journalisme qui remplit quatre pages de journal, tous les jours, avec les écoutes téléphoniques d’argument sexuel, les délations et autres choses semblables qu’il se désintéresse totalement et grossièrement de la crise palestinienne, du comportement terroriste d’un gouvernement ami, des bombardements et des autres illégalités ? Ne conviendrait-il pas de faire quelque chose pour sauver au moins un semblant de sérieux et d’indépendance dans notre métier ?

(Mais nous ne tablons sur aucune réponse)

http://www.liberazione.it/notizia.asp?id=3949

Messages

  • LISEZ L’HUMANITE et vous y trouverz d’excellents articles sur la Palestine.
    Aujourd’hui comme tous les jours.
    Attention quand même à la formule "tous les journaux" !

    Ceci dit, c’est surtout la communauté internationale qui est dramatiquement muette !

    Francesca

  • La communauté internationale et les journaux ne sont pas muets, au contraire.

    Ils demandent prèsque tous à ce que le gouvernement du Hamas(élu DEMOCRATIQUEMENT par le peuple palestinien) se plie aux exigences d’Israel alors que c’est Israel qui a rompu la trève en bombardant cette palage et décimant une famille prèsque entièrement.

    L’administartion américaine dit "amen" à toutes les actions israelienne, aussi illégales, immorales, atroces et dangereuses soient elles, au nom d’une soit disant lutte contre le terrorisme. Mais ces bombardements ne sont-ils pas du terrorisme ?

    Comment la communauté internationale pensait que les choses allaient se passer en appliquant un embargo contre le peuple palestinien ( car c’est le peuple qui en patit) ? Qu’en procédant ainsi, les Palestinien allaient chasser le gouvernement élu et pouvoir discuter avec un représentant plus apprécié par cette communauté internationale ? Ce n’est plus de la Démocratie !!!! Pour faire un parrallèle, Bush a été réélu et personne n’a menacé de boycotter pour le chasser de son poste, malgré l’agression de l’iak et des centaines de milliers de morts qui en découle !!!

    J’ai honte de vivre dans cette société !!! Dire qu’n humoriste français (Dieudonné) s’est fait lynché pour un skètch sur un colon estrémiste israélien, alors qu’il ne faisait que caricaturer ce personnage et parlé d’un axe, de plus en plus visible, qui est l’axe israelo-américain (ou américano-sionniste).

    Un parrallèle encore ; rappelez vous les caricatures sur mahomet...Les musulmans du monde entier on été indigné et ont demandé des excuses aux journaux les ayant publié...On a crié au scandale au nom de la liberté d’expression ...Aurions nous le droit de caricaturer une popûlation et pas une autre ?
    Surtout si cette population est juive ?

    Anonyme.

  • Merci à Bellaciao de permettre cette parole.

    Mais que pouvons nous faire pour que les médias réagissent enfin !!!

  • LE DROIT DES PEUPLES !

    Où est-il défendu ?
    Qui légitime les agressions terroristes d’états contre d’autres ?
    Est-elle civilisatrice la "mission" israélienne de saboter les centrales d’électricité de Gaza, de prendre d’assaut l’aéroport, de dynamiter les quartiers de la misère palestinienne, de rapter le gouvernement élu par le peuple ?
    Que fait l’ONU ?
    Que font les nations puissantes contre l’arbitraire et la violence les plus absolus ?
    Est-ce ce monde dont nous pouvons dire à nos enfants qu’on y assure la justice ?
    Contre le droit du plus fort, on ne peut que dénoncer la tyrannie et s’organiser pour lui résister, qu’on soit chrétien ou musulman ou athée et laïc !

    NOSE DE CHAMPAGNE

  • Crimes de guerre, offensive contre la paix

    « Il est interdit d’utiliser contre les civils la famine comme méthode de guerre (…). Il est interdit d’attaquer, de détruire, d’enlever ou de mettre hors d’usage des biens indispensables à la survie de la population civile. » Les implications de l’article 54 du Protocole additionnel I de 1977 aux conventions de Genève (1) sont claires : le bombardement des centrales électriques à Gaza par l’armée israélienne, le blocus des populations civiles et les punitions collectives contre elles relèvent de crimes de guerre.

    Un autre principe du droit international violé par l’offensive israélienne est précisé par le même Protocole additionnel : celui de proportionnalité. Le texte stipule que des attaques « sont interdites si on peut s’attendre à ce qu’elles causent incidemment des pertes en vies humaines dans la population civile, des blessures aux personnes civiles ou des dommages aux biens de caractère civil qui seraient excessifs par rapport à l’avantage militaire concret et direct attendu (2) ». Qui peut penser un instant que l’objectif affirmé – sauver un soldat – vaille ces multiples destructions ?

    Contrairement à ce qu’ont écrit plusieurs journaux français, dont Libération (3), Israël a négocié plusieurs fois des échanges de prisonniers : ainsi, en 1985, il a libéré 1 150 détenus palestiniens pour récupérer trois de ses soldats qui avaient été capturés par le Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG) ; et en 2004, dans le cadre d’un accord du même type avec le Hezbollah libanais, il a échangé 400 détenus palestiniens contre un colonel israélien et les corps de trois soldats tués. Des négociations ne sont-elles pas mieux à même d’obtenir la libération de Gilad Shalit que les opérations militaires, qui risquent d’aboutir à la mort de l’otage ?

    Comme le remarque l’éditorial (4) du quotidien israélien Haaretz du 30 juin : « Bombarder des ponts que l’on peut contourner à pied ou en voiture ; prendre le contrôle d’un aéroport qui est en ruines depuis des années ; détruire une station électrique, plonger de grandes parties de Gaza dans le noir ; distribuer des tracts pour dire aux gens que l’on est concerné par leur sort ; survoler le palais présidentiel de Bachar El-Assad et arrêter des responsables élus du Hamas. Et le gouvernement veut nous convaincre que tout cela est fait seulement pour libérer le soldat Gilad Shalit. » Et le commentateur de poursuivre : « Olmert devrait savoir qu’arrêter des dirigeants ne fait que les renforcer, eux et leurs partisans. Mais cela n’est pas seulement un raisonnement biaisé : arrêter des gens pour s’en servir comme monnaie d’échange est l’acte d’un gang, pas d’un Etat. »

    En fait, comme l’ont révélé les médias israéliens, cette offensive, y compris l’arrestation des principaux responsables du Hamas, députés élus et ministres en tête, avait été planifiée depuis longtemps. Pour quelles raisons ? Il s’agit d’en finir, non seulement avec le gouvernement palestinien issu du scrutin de janvier 2006, mais avec toute forme d’autorité palestinienne. C’est la logique du « plan de désengagement » décidé par M. Ariel Sharon et repris par M. Ehud Olmert : prétendre qu’il n’existe pas d’interlocuteur palestinien pour pouvoir tracer unilatéralement les frontières d’Israël. Cette stratégie ne date pas de la victoire du Hamas ; durant toute l’année 2005, alors que M. Mahmoud Abbas était à la tête de l’Autorité et gouvernait avec une majorité Fatah, le premier ministre Ariel Sharon a systématiquement refusé de négocier avec lui et a poursuivi, malgré la décision de la Cour international de justice, la construction du mur. Ce choix de l’unilatéralisme représente la mise en cause du dernier acquis des accords d’Oslo : la conviction (confirmée par le document de reconnaissance mutuelle (5) entre Israël et l’OLP, signé le 9 septembre 1993 par Itzhak Rabin et Yasser Arafat) que la solution du conflit israélo-palestinien repose sur une négociation bilatérale entre l’OLP et l’Etat d’Israël.

    La victoire du Hamas aux élections de janvier 2006 (6) a permis au gouvernement israélien d’accentuer sa propagande sur le thème « il n’y a pas d’interlocuteur palestinien ». Les Etats-Unis et l’Union européenne (avec l’aval de la France (7)) ont posé trois conditions au nouveau gouvernement palestinien — reconnaître l’Etat d’Israël ; arrêter toutes les actions armées ; accepter le processus d’Oslo — et ont suspendu l’aide directe, contribuant de manière significative aux souffrances d’une population coupable d’avoir « mal voté ». La complaisance à l’égard d’un gouvernement israélien qui refuse de reconnaître le droit des Palestiniens à un Etat indépendant sur les territoires occupés en 1967, qui utilise le terrorisme contre les civils et qui renie tous les engagements des accords d’Oslo, est sans borne. On a même pu entendre Mme Benita Ferrero-Waldner, commissaire européenne aux affaires étrangères, saluer l’unilatéralisme du gouvernement israélien comme « une décision courageuse ».

    Ce n’est sans doute pas un hasard si l’offensive actuelle a coïncidé avec la signature de la déclaration commune (8) de toutes les organisations palestiniennes (à l’exception du Djihad islamique), qui prévoit l’établissement d’un Etat palestinien indépendant sur tous les territoires occupés en 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale — et représente donc une reconnaissance de facto d’Israël. C’est aussi cette nouvelle perspective de paix qui s’ouvrait que le gouvernement israélien a voulu enrayer. Comme en 2002, quand le sommet arabe de Beyrouth avait entériné un plan qui prévoyait la reconnaissance de l’Etat d’Israël en échange de la création d’un Etat palestinien, et que le gouvernement de M. Sharon avait répondu, prenant prétexte d’un attentat-kamikaze, par une offensive généralisée contre les territoires occupés.

    Pourtant, « Pluie d’été », nom romantique donné à l’offensive israélienne, confirme l’échec de la politique unilatérale : le retrait de l’armée israélienne de la bande de Gaza, sans négociations avec les Palestiniens, ne peut déboucher sur la paix ; appliquée à la Cisjordanie, où l’imbrication des colonies et de la population palestinienne est inextricable, toute évacuation unilatérale ne pourra déboucher que sur de nouvelles violences.
    Alain Gresh