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Le deal nucléaire entre Paris, Washington et TéhéranTurban
Publie le jeudi 1er octobre 2009 par Open-Publishing7 commentaires

de Nicolas Beau, Renaud Chenu
Bakchich Hebdo dévoilait, mercredi, la note du Quai d’Orsay sur les conditions de production par la France du combustible nucléaire iranien. Un scénario accepté, hier soir, par Ahmadinejad, à la stupéfaction générale.
Après les rodomontades à la tribune de l’Onu, à l’occasion de l’assemblée générale extraordinaire du machin, à New York la semaine dernière, les occidentaux et les Iraniens sont passés à une phase de négociation. Et ô surprise, un semblant de sortie de crise se dessine.
Le président iranien Mahmaou Ahmaninejad veut bien confier l’enrichissement de son stock d’uranium à d’autres puissances, a-t-il fait savoir hier mercredi dans la soirée. Et cela dans le cadre d’un accord global. Le chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki, s’est déplacé, le mercredi 30 septembre, aux Etats-Unis pour une visite surprise.
Cette stratégie de la négociation n’a rien d’une surprise… pour les lecteurs de Bakchich Hebdo n°2. L’ensemble du deal nucléaire entre Téhéran et les occidentaux a été décrit dans la note de la direction stratégique du Quai d’Orsay du 14 septembre, que Bakchich a publié en partie dans l’hebdomadaire, mercredi matin, et qui est téléchargeable désormais sur le site.
C’est en effet la France, sur demande de l’administration Obama, qui va produire 1200 kgs de combustible nucléaire à partir des stocks que possède l’Iran. A condition que Téhéran et les mollahs montrent patte blanche quant à leur uranium militaire et leurs installations atomiques. A condition sans doute aussi, de ne pas retenirr trop longtemps l’étudiante française, Clotilde Reiss, confinée à l’ambassade de France.
Bref, un bel et bon accord qui doit être discuté à Genève, lors des négociations entre Téhéran le groupe E3+3 (France, Royaume-Uni, Allemagne, USA, Russie, Chine) , à l’occasion du sommet sur le nucléaire iranien qui s’ouvre aujourd’hui 1er octobre.
Mais qui n’a pas été sans quelques crissements et luttes de pouvoir en France., comme le raconte le dossier qui peut être lu dans Bakchich Hebdo (en vente dans les kiosques pour 1,8 euro)
Bakchich Hebdo publiait en une dans son numéro 2, le 30 septembre, l’article ci dessous
Le 25 septembre à New York, la révélation de l’existence d’un nouveau site d’enrichissement d’uranium près de Qom mettait en transe les occidentaux. Et le bon président Ahmadinejad expliquait que Sarkozy était « peu crédible » et Obama « mal informé ».
Mais il ne faut pas toujours se fier aux effets de tribune. On s’insulte en public, on se parle en privé. Dans les coulisses de l’ONU, les diplomates ont continué, jusqu’à aujourd’hui, à chercher un compromis avec le diable iranien. A Paris, l’ambassadeur d’Iran, Seyed Mehdi Miraboutalebi, a rencontré beaucoup de monde : le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant : l’ancien Premier ministre, Michel Rocard ; mais aussi plusieurs grands patrons français, dont Henri Proglio, qui vient d’être nommé patron d’Edf.
Et ce n’est pas terminé. Ce jeudi 1er octobre à Genève, a lieu une grande première : la rencontre entre les représentants permanents du Conseil de Sécurité, l’Allemagne, et un émissaire de Téhéran. Bakchich s’est procuré une note préparatoire confidentielle, qui témoigne d’une indéniable recherche de compromis avec les méchants mollahs : trois pages, datées du 14 septembre, émanant de la Direction Affaires Stratégiques et de Désarmement du Quai d’Orsay, qui résume l’accord secret passé avec l’Iran, sous le patronage d’Obama.
Double langage
Ce deal, fort imaginatif, le voici : les Iraniens montrent patte blanche en matière d’uranium à usage militaire et, pour ce faire, fixent un calendrier précis pour respecter les résolutions du Conseil de sécurité. En retour, la France enrichit 1200 kilos d’uranium pour l’ancien empire perse. Ce combustible devrait notamment permettre aux Iraniens de faire tourner un réacteur de recherche médicale vendu par la France à Téhéran à l’époque du Shah. « Nous avons donné, sous conditions, notre accord aux Etats Unis pour cette opération » (voir ci contre). Un sacré double langage à l’heure où Sarkozy fouette les mollahs à la tribune de l’ONU !
Notre cher ministre des Affaires Etrangères, Bernard Kouchner et Jean-David Lévitte, sherpa du Président, ont beaucoup trainé des pieds pour se rallier à cette stratégie de compromis. Mais Claude Guéant, le bras droit de Sarko, saisi depuis son arrivée à l’Elysée par l’Orient compliqué, se bat vent debout pour un accord global. « Il est temps, explique un de ses proches, de se mettre à bosser concrètement ». La nécessité de libérer l’étudiante française, Clotilde Reiss, retenue à Téhéran, devrait amener la France à composer.
Cette note confidentielle de la direction des affaires stratégiques, de sécurité et du désarmement (ASD), datée du 14 septembre, prépare la réunion du groupe E3+3 (France, Royaume-Uni, Allemagne, USA, Russie, Chine), sur le nucléaire iranien, avant le sommet du 1er octobre à Genève
Découvrez dans Bakchich Hebdo Papier, disponible
http://www.bakchich.info/Le-cadeau-atomique-de-la-France-a,08836.html
Messages
1. Le deal nucléaire entre Paris, Washington et TéhéranTurban , 1er octobre 2009, 09:30
Le site de QOM, ça fait des MOIS et des MOIS qu’on le connait, et qu’il est même sur WIKIPEDIA !
Donc Ahmadinejad a raison ils sont "mal informés" !
Quand au deal, ne seront surpris-e-s que celles et ceux qui ne connaissent pas cette région du monde, et ne comprennent pas cette culture. Ca fait des mois qu’on vous dit sur tous les tons que l’Iran est un Etat pacifiste qu’il ne veut pas la guerre, qu’il veut négocier et faire respecter les accords qu’il a pris avec l’AEA par exemple...
C’est fou ça.
J’ajoute que perso, je suis contre l’énergie nucléaire, mais je ne suis pas prête à maintenir un pays dans un état arriéré et dépendant alors que moi en tant que petite occidentale j’ai pu bénéficier de certains des avantages de ce combustible. En gros c’est pas à moi de décider que les gros ont droit à l’atome et les petits trinqueraient pour les autres. Non, c’est bien tout le monde qui doit répudier l’atome à moyen terme.
1. Le deal nucléaire entre Paris, Washington et TéhéranTurban , 1er octobre 2009, 09:31
un papier ds le canard idem
2. Le deal nucléaire entre Paris, Washington et TéhéranTurban , 1er octobre 2009, 09:32
oui oui j’ai vu
Mais EURODIFF et le Tricastin c’est tellement une vieille histoire que je comprends pas pourquoi ils l’ont ressorti - c’est moisi ce truc !
3. Le deal nucléaire entre Paris, Washington et TéhéranTurban , 2 octobre 2009, 00:19, par Cop
Té ! un droit de propriété c’est jamais moisi !
2. Le deal nucléaire entre Paris, Washington et TéhéranTurban , 1er octobre 2009, 11:07
Les US c’est 54% des ventes d’armes sur la planète, c’est 10 000 ogives nucléaires, c’est l’appui assuré des bombes nucélaires anglaises, françaises, israéliennes...au cas où il resterait une poussière après la première frappe. Les US c’est actuellement et concrètement l’emploi de la force militaire à l’encontre de l’Afghanistan et de l’Irak, ce dernier pays ayant été ramené après douze ans de guerre à l’âge de pierre, le premier étant devenu le premier producteur de drogue du monde.
3. Iran/centrifugeuses : Faut-il de l’uranium fortement enrichi pour faire des bombes ?, 2 octobre 2009, 14:57, par Infonucléaire
Les centrifugeuses de l’Iran ont envahi les médias : un danger, si l’Iran enrichit l’uranium il va pouvoir faire des bombes à uranium.
C’est un raisonnement aberrant. La France, quand elle a testé sa première bombe n’avait pas d’usine d’enrichissement. Sa bombe était une bombe au plutonium. Plus tard quand l’Inde a fait péter ses bombes elle n’avait pas d’usine d’enrichissement. Quant à l’Irak lorsque Saddam Hussein à la fin des années 70 a voulu sa bombe (la « bombe républicaine » par opposition à la « bombe islamique » voulue par Ali Bhutto au Pakistan) il n’a pas cherché à développer l’enrichissement.
Il est évident scientifiquement que le plus facile pour faire des bombes nucléaires c’est de recourir au plutonium. Et pour en avoir, l’usine d’enrichissement n’est pas nécessaire, le nucléaire civil suffit comme l’a montré l’Inde. Mais il y a une autre possibilité, celle de produire le plutonium à partir de « réacteurs de recherche* ». Ils produisent des neutrons. Si on les met en présence d’uranium (voire d’uranium appauvri qu’on trouve facilement) ils le transformeront en plutonium. L’extraction sera assez facile car il n’y aura pas beaucoup de produits de fission à l’origine d’un rayonnement important. (C’était le but caché d’Osirak, vendu par la France à l’Irak).
Ce qui est curieux c’est qu’on nous abreuve avec les centrifugeuses iraniennes alors que ce n’est certainement pas la voie que les dirigeants iraniens ont choisie (à moins qu’ils ne soient complètement incompétents ce dont je doute fort). Ce qui est dangereux en Iran ce ne sont pas ces centrifugeuses mais les réacteurs de recherche fournis sans conditions et dont on ne parle guère. Bloquer les centrifugeuses en Iran ne changera rien à la menace de prolifération.
Bien sûr il est difficile aux nucléocrates qui veulent se justifier de ne pas être des vecteurs de prolifération, de condamner les réacteurs civils ou les réacteurs de recherche (la recherche scientifique c’est sacré !).
Roger Belbéoch, physiciens,
extrait de la lettre Stop Nogent n°115, octobre/novembre 2007.
*Dans le monde près de 600 réacteurs de recherche et assemblages critiques ont été construits, il en reste 255 en service dans 57 pays et environ 70 % de ces réacteurs ont plus de 25 ans d’âge. (Contrôle n°128, avril 1999)
Pour l’Iran :
- En 1967 les USA ont fourni un petit réacteur de recherche (TRR) de 5 MW près de Téhéran, pouvant produire 600 milligrammes de plutonium par an).
- En 1970 l’Allemagne a démarré un réacteur à Bushehr, arrêté au début de la « révolution islamique », remis en route avec coopération russe en 1995.
- En 2004 construction à Arak d’un réacteur de recherche (IR-40) de 40 MW thermiques qui sera achevé en 2009. (Il pourra fournir 9 kg de plutonium par an).
Les lettres d’information du Comité Stop Nogent-sur-Seine sont presque toutes disponibles sur le site : http://www.dissident-media.org/stop_nogent
http://www.dissident-media.org/infonucleaire
4. Le deal nucléaire entre Paris, Washington et TéhéranTurban , 3 octobre 2009, 12:07
Perplexe après avoir lu cet article :
Iran : Les leçons de Genève 2
Le site d’info Bakchich fonctionne comme le Canard Enchaîné : il diffuse des informations que le Quai d’Orsay et le gouvernement français veulent diffuser sans que cela soit explicitement confirmé officiellement.
L’analyse des documents passe à la trappe.
Ainsi, cette semaine en même temps que Bakchich a diffusé la copie d’un document confidentiel du Quai d’Orsay, son illustre aîné, le Canard Enchaîné, a fait état du scoop du siècle, à savoir les 10% de part de l’Ian dans le projet Eurodif. Derrière les deux informations « non officielles », il y avait un seul objectif : préparer l’opinion pour une future entente avec Téhéran.
02.10.2009