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Le dilemme des syndicats

Publie le mercredi 14 juillet 2004 par Open-Publishing

Pour la CFDT, il ne s’agit pas d’une remise en cause des acquis sociaux.

Par Muriel GREMILLET

C’est le sujet qui fâche. La remise en cause des 35 heures chez Bosch plonge les confédérations syndicales dans l’embarras, notamment la CFDT et la CFE-CGC, signataires de l’accord, alors que la CGT le conteste avec véhémence.

CGC : le risque de « se faire avoir »

Pourtant signataire du passage à 36 heures et des modérations salariales, la CFE-CGC n’est pas sûre d’avoir fait le bon choix. « Si nos délégués sur place ont pensé qu’il fallait signer, ils ont toute liberté de le faire en accord avec leurs adhérents, estime Jean-Luc Cazettes, son secrétaire général. Est-ce que ce n’est pas reculer pour mieux sauter de la part de l’entreprise ? Si, dans deux ans, Bosch décide quand même de délocaliser, on se sera fait avoir. » Pour Jean-Luc Cazettes, l’exemple lyonnais aura au moins le mérite de sensibiliser les élus au chantage à la durée du travail. « Pour les employeurs, ça risque de faire jurisprudence. Nos délégués, eux, seront au moins plus sensibles à ces menaces. » Au-delà de la remise en cause des 35 heures en germe dans cet accord, la CGC s’inquiète de l’attitude des entreprises qui ne comptent plus que sur une suppression des RTT pour faire baisser le coût du travail. « Nous avons proposé des initiatives sur le sujet, mais rien n’avance. Si on ne fait rien, plus aucune entreprise ne restera en France », poursuit le responsable de la CGC. Qui prédit une mobilisation à la rentrée si les 35 heures devaient être enterrées. « Les cadres ont payé cher les 35 heures, par des blocages de salaire, des journées qui font 14 heures. »

CFDT : « préserver l’emploi »

Michel Jalmain, secrétaire national de la CFDT, minimise la portée de l’affaire : « Chez Bosch, il ne s’agit pas d’une remise en cause des acquis sociaux par une idéologie revancharde. Il s’agit d’un accord pour préserver l’emploi en réponse à un problème économique réel. » Le syndicat a toujours déclaré qu’il s’opposerait à une remise en cause de la durée légale du travail. Mais ne voit pas dans l’affaire lyonnaise une quelconque « préfiguration d’une remise en cause générale » de la RTT. Michel Jalmain insiste même : « Il y a des milliers d’entreprises qui renégocient les accords pour préserver des emplois, et, pour cela, augmentent ou baissent le temps de travail. »

CGT : un « accord de régression »

La CGT, elle, voit dans l’accord Bosch un « accord de régression qui menace le monde du travail ». D’autant qu’en Allemagne, un même mouvement est en marche. La fédération de la métallurgie CGT veut organiser la riposte en accord avec les syndicats d’outre-Rhin. Une rencontre est prévue en octobre avec Jürgen Peters, le président du syndicat de la métallurgie IG Metall. Mais la CGT est dans une position difficile, puisque s’opposer à la remise en cause des RTT signifie accepter la suppression des emplois. C’est la grande habileté de la direction de Bosch, qui a réussi à transformer ce qui aurait pu être une négociation avec les partenaires sociaux, en chantage à l’emploi. Dans lequel la question des 35 heures n’est qu’un prétexte.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=223603