Accueil > Le fonctionnement de la monarchie marocaine : Sérail, cour et courtisans
Le fonctionnement de la monarchie marocaine : Sérail, cour et courtisans
Publie le lundi 18 juin 2007 par Open-Publishing3 commentaires
Le fonctionnement de la monarchie marocaine
Sérail, cour et courtisans
Par Khalid Jamaî
Le Maroc est une monarchie exécutive, aux dires même du souverain. Et, comme toute monarchie de droit divin, n’est-il pas l’ombre et le représentant de Dieu sur terre ? N’est-il pas la source première de tous les pouvoirs, ce qui exclut toute séparation de pouvoirs à son niveau. Il règne et gouverne donc.
Une telle forme de gouvernance implique donc une cour, un sérail, des courtisans.
Courroies de transmission de cette gouvernance et viviers qui fournissent ceux et celles qui seront en charge de concrétiser celle-ci, d’en faire la traduction sur le terrain et au quotidien.
Ceux et celles qui vont gérer l’essentiel du pouvoir : les Affaires étrangères, la Justice, les Affaires religieuses et les Habous, l’Intérieur, la Défense, le Secrétariat du gouvernement. Ce qui correspond aux ministères dits de souveraineté, lesquels sont dirigés par les hommes de confiance du monarque, lesquels aussi ne sont affiliés à aucun parti politique, excepté M. Bouzoubaâ, lesquels, enfin ne jouissent d’aucune légitimité populaire et ne doivent leur statut, leur pouvoir qu’au seul bon vouloir du souverain.
Sans oublier les conseillers.
Le sérail, la cour sont de vastes champs de batailles où se livrent des affrontements permanents entre les conseillers du souverain, les courtisans, les hommes de pouvoir.
De vraies guerres où tous les coups sont permis, même les plus bas, les plus mesquins, les plus tordus, où la délation, le dénigrement, la médisance, la jalousie, le mensonge sont pratiques courantes et armes de survie, où la peur de n’être plus dans les bonnes grâces du monarque, voire d’être banni de cet « eldorado », est omniprésente.
Bien entendu, chacun de ces puissants du moment a son clan, ses fidèles, sa clientèle, ses mouchards, ses taupes, ses réseaux dans les milieux des affaires, de la presse, des services de sécurité, etc.
Bien entendu, chacun d’eux essaye de placer les siens dans les différents postes névralgiques.
C’est une guerre de survie où le perdant, le vaincu, le déchu devient un banni, un nobody.
Mais qu’est-ce qu’un homme du sérail, un courtisan ?
Quel en est le profil, quelles en snt les préoccupations majeures ?
« Il ne faut pas seulement qu’ils (l’homme du sérail, le courtisan, le puissant du moment) fassent ce que leur maître ordonne, mais aussi qu’ils pensent ce qu’il veut, et souvent pour le satisfaire, qu’ils préviennent ses propres désirs. Ce n’est pas tout de lui obéir, il faut lui complaire, il faut qu’ils se rompent, se tourmentent, se tuent à traiter ses affaires et puisqu’ils ne se plaisent que de son plaisir, qu’ils sacrifient leur goût au sien, forcent leur tempérament et le dépouillent de leur naturel. Il faut qu’ils soient continuellement attentifs à ses paroles, à sa voix, à ses regards, à ses moindres gestes : que leurs yeux, leurs pieds, leurs mains soient continuellement occupés à suivre ou imiter tous ses mouvements, épier et deviner ses volontés et découvrir ses plus secrètes pensées » (Etienne de la Boétie, Discours de la servitude volontaire ou Contr’Un).
L’homme du sérail et le courtisan ne doivent jamais oublier que le monarque est leur bienfaiteur.
Sans lui, sans sa bénédiction, ils ne sont rien.
Avec elle, ils sont tout ou… presque.
Alors que leur importe le devenir de leurs concitoyens car seul compte le leur car, à chaque instant, ils jouent leur survie.
Ils n’ont de comptes à rendre qu’à leur bienfaiteur ( Waliyou ni3matihim).
Chaque instant, ils tremblent à l’idée qu’il les oublie, qu’il détourne d’eux son regard, signe, peut-être, de leur disgrâce et donc signal d’une curée dont ils seront la victime, curée menée par les « amis » d’il y a quelques instants encore.
Le sérail, la cour, des nids de vipères où le venin coule à flots, où les alliances se nouent et se dénouent à chaque instant, où règne la loi du chacun pour soi, où on étreint pour mieux étouffer, où l’on excelle dans l’art de l’hypocrisie.
Que m’importe donc leurs luttes de clans, leurs guéguerres « fratricides », leurs ascensions vertigineuses, leurs chutes libres et souvent « mortelles » car ils ont choisi de vivre sur un siège éjectable, car peu leur importe mon avenir.
Quand, dans un royaume, il a plus d’avantage à faire sa cour, qu’à faire son devoir, tout est perdu écrivait déjà, au XVIIIème siècle, Montesquieu.
Espérons que nous n’en sommes pas là.
Par Khalid Jamaî
http://www.lejournal-hebdo.com/sommaire/d-cryptage/s-rail-cour-et-courtisans.html
Messages
1. Le fonctionnement de la monarchie marocaine : Sérail, cour et courtisans, 18 juin 2007, 21:56
Écrire pour écrire, c’est exacetement le sens de ce texte. On n’apprend rien en le lisant... Un texte qui sert à faire du remplissage dans un journal en perte de vitesste. A-t-il jamais eu une quelconque vitesse ?
2. Le fonctionnement de la monarchie marocaine : Sérail, cour et courtisans, 20 juin 2007, 17:49
Pourquoi faut-il de la vitesse ? C’est petit à petit que l’oiseau fait son nid n’est-ce pas. Et puis ça ne fait jamais de mal de redire que des enfoirés ( que tu sembles respecter) se gavent quand le peuple crève. Personne ne peut se contenter de se qui se passe au Maroc sauf à être un bourgeois ou un collabo. On voit bien que Mohamed VI tente d’améliorer les choses mais il est entouré d’une quantité impressionnante d’enfoirés qu’il doit prendre avec des pincettes. Les extremistes n’attendent que cela pour foutre le souk.
Pour mettre en marche ce magnifique Maroc il faut balancer 99% des politicards et fonctionnaires. Le roi le peut-il aujourd’hui.
patte
1. Le fonctionnement de la monarchie marocaine : Sérail, cour et courtisans, 22 juin 2007, 20:35
Le souk,on l’a déjà,parfaitement géré,non par les instances officielles (etat major,ministères,parlement,élus locaux,comités et hautes autorités diverses),mais par un cercle restreint d’une centaine de personnes et familles en symbiose directe avec le cabinet royal,réel centre de l’executif marocain.
Notre autocratie,par intéret,par conviction,et par autointoxication a compris combien il etait important de mettre en scene la démocratisation (accompagnée de la privatisation sauvage des biens publics).Cette communication permanente,envahissante,obsédante a le double mérite pour le moment de faire du Maroc l’une des autocraties les plus présentables du Monde ,et d’autre part de faire l’épargne de vraies réformes démocratiques (fiscalité de rapine,corruption galopante et généralisée,justice aux ordres,executif sans pouvoirs,droits réels des femmes bafoués,patriarcat omniprésent,...)
le "coup de gueule" de M.Jamai,s’il stigmatise sans réellement apporter de réponse la logique infernale de l’esprit de cour des courtisans a le mérite de citer ce discours prémonitoire de La Boétie:aucun pouvoir le plus absolu soit il ne peut s’exercer et perdurer sans l’accord tacite de larges franges de la population.
La peur, peur de l’initiative individuelle,peur de l’arbitraire,peur du non conformisme,sont certes omniprésentes dans la société marocaine,malgré les apparences.Les vexations quotidiennes autant que les opérations spectaculaires de repression sont là pour le rappeler à chaque instant.Mais la peur du pire (violences urbaines,jihadisme,islamisme) lie par dessus tout nos maitres à leurs servant(e)s dans le maintien du status quo .Pour le moment,et pour le moment seulement, car se passe dans les centres urbains du Maroc une lente mutation des mentalités qui fait basculer des franges de plus en plus larges de l’acceptation de l’innaceptable à la non collaboration systématique avec les agents de l’autocratie.Cette non collaboration est l’anti chambre de l’opposition quand de crises en crises les perspectives d’un avenir meilleur auront disparues de l’esprit d’une majorité de marocain(e)s.Cette situation est plus proche qu’on ne le croit.