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Le lapsus sur les « yoghourts » révèle le malaise de kouchner

Publie le samedi 11 juillet 2009 par Open-Publishing

france samedi11 juillet 2009
Kouchner accumule les maladresses
Sylvain Besson, le temps ch
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Le lapsus sur les « yoghourts » révèle le malaise du ministre des Affaires étrangères

Il a suffi d’un lapsus malheureux – « yoghourts » au lieu d’« Ouïgours » – pour que les médias français se réintéressent à Bernard Kouchner. Officiellement, c’est parce qu’il est « fatigué » que le ministre des Affaires étrangères a confondu, mercredi sur France-Info, les habitants du Turkestan chinois avec une spécialité laitière.

Cet épisode cocasse fait ressurgir d’autres questions. Bernard Kouchner, conscience morale et symbole de l’ouverture à gauche de l’équipe Sarkozy, sert-il encore à quelque chose ? Il est toujours l’homme le plus populaire du gouvernement, mais on le dit marginalisé, « démonétisé », c’est-à-dire, dans le jargon politique français, usé jusqu’à la corde.

« Larbin de son maître »

La liste de ses maladresses récentes est longue. Cette semaine, alors que Nicolas Sarkozy exigeait la libération immédiate de Clotilde Reiss, une étudiante française détenue en Iran pour espionnage, Bernard Kouchner a d’abord demandé un simple droit de visite en prison, avant de remercier son homologue iranien, Manouchehr Mottaki, de l’avoir accordé.

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En mai, le ministre avait été tourné en ridicule pour ses contorsions à l’approche des élections européennes. Lorsqu’on lui demandait qui recueillerait son vote, l’ancien socialiste avait d’abord répondu qu’il étudierait les programmes avant de se prononcer. Il lui avait ensuite fallu deux communiqués pour apporter son soutien à l’UMP, le parti de Nicolas Sarkozy.

« A partir du moment où il a choisi d’être le larbin de son maître, il est fini, commentait en juin son ancien ami Daniel Cohn-Bendit, dans une interview à Libération. Il est inintéressant. Il dit des conneries inimaginables. » Le leader écologiste faisait allusion au revirement de Bernard Kouchner sur la Turquie. En avril, après avoir soutenu pendant des années son adhésion à l’Union européenne, il avait pris prétexte de l’opposition d’Ankara au nouveau secrétaire général de l’OTAN, le Danois Anders Fogh Rasmussen, pour changer de position.

Au cours des derniers mois, selon des connaisseurs, Bernard Kouchner s’est vu dépouiller de dossiers sensibles – Syrie, Afrique des Grands Lacs –, désormais traités directement par les conseillers de Nicolas Sarkozy. Ce destin de ministre sous tutelle est un classique de la Ve République. « Il a vraiment dû avaler des couleuvres, mais il est fier, avertit un journaliste de télévision qui rappelle ses coups de colère sur les plateaux de France 2 et de France 24. Lorsqu’on lui dit que la politique étrangère française est faite à l’Elysée, il s’emporte. »