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Le non de gauche s’impose dans les urnes et met en difficulté le PS
Publie le mardi 31 mai 2005 par Open-Publishing1 commentaire
de Isabelle Mandraud
Le score est sans appel : 67 % des électeurs de gauche de l’extrême gauche au PCF, en passant par le PS, les Verts et les chevénementistes ont, dimanche 29 mai, voté non à la Constitution européenne. Le premier, le Parti communiste a fait le plein de ses voix, 95 % de ses électeurs ayant décidé de suivre la direction sur son rejet du traité. Viennent ensuite les écologistes (64 %), puis les socialistes (59 %). Pour le PS, les résultats sont particulièrement préoccupants : ses électeurs ont choisi exactement le chemin inverse de celui emprunté par les militants du parti, qui s’étaient prononcés, à 58 %, pour le oui le 1er décembre 2004, lors d’un référendum interne... A l’issue d’une campagne difficile, le non de gauche s’est donc bel et bien imposé dans les urnes.
"Le résultat est d’autant plus net que nos concitoyens ont participé massivement à cette consultation" , est convenu François Hollande, premier secrétaire du PS, pour qui "ce vote traduit surtout l’ampleur de la crise profonde que traverse ce pays" . "Le rejet du traité, c’est d’abord celui du pouvoir, a-t-il insisté. C’est donc à la gauche, à celle qui a voté oui comme à celle qui a voté non, de se retrouver sur un projet crédible et mobilisateur." Place de la Bastille, la secrétaire générale du PCF, Marie-George Buffet, elle, se réjouissait : "On a gagné, le peuple a gagné !"
"Nous vivons sous l’empire de la démocratie punitive" , déplore de son côté le député de Paris Jean-Christophe Cambadélis, proche de Dominique Strauss-Kahn. Au-delà du rejet des "élites" , l’ex-architecte de la gauche plurielle évoque une "gauche en état de sécession" et met en avant le succès des communistes. "C’est le PCF qui fait le lien à gauche" , dit-il, permettant au non de "coaliser" les différentes formations de gauche, d’Attac à la LCR, en passant par ceux que l’on nomme les "dissidents" socialistes. Au point que M. Cambadélis, emporté par son élan, y voit "une victoire posthume de Georges Marchais sur François Mitterrand !"
La déconvenue pour le camp du oui, au PS, est d’autant plus rude que tous les socialistes du non ont gagné leur pari. La Haute-Normandie, fief électoral de Laurent Fabius, s’est prononcée à 64,42 % pour le non et se place au troisième rang des départements du non. L’ancien premier ministre, numéro deux du PS, obtient même l’un des scores les plus hauts dans sa ville du Grand-Quevilly : 81,30 % de non ! Dans les Landes, Henri Emmanuelli, président du conseil régional, l’emporte haut la main : 58,36 % pour le non. En Saône-et-Loire, département d’Arnaud Montebourg, le non s’est imposé avec 59,30 %. Il atteint 66,80 % dans celui la Somme de Vincent Peillon, cofondateur, également, du courant Nouveau Parti socialiste. En Essonne, le sénateur Jean-Luc Mélenchon fait un peu moins bien : 50,76 % pour le non. Mais, ailleurs, la tendance est partout la même. Le président PS de la Lorraine, Jean-Pierre Masseret, également hostile au traité, se trouve conforté par le scrutin, la région transfrontalière s’étant majoritairement ralliée à son point de vue. Et, dans le canton bourguignon de Château-Chinon, ancienne base électorale de François Mitterrand, 66,35 % des suffrages se sont portés sur le non.
Tout au contraire, plusieurs leaders du PS se trouvent contredits par leurs électeurs, à commencer par François Hollande, battu dans sa ville de Tulle, en Corrèze (51,08 % pour le non). Sa compagne, Ségolène Royal, présidente de Poitou-Charentes, subit elle aussi un revers : non seulement la région qu’elle dirige a rejeté le traité, mais c’est dans son département, les Deux-Sèvres, et en particulier dans sa circonscription de Melle, où elle a sa permanence de députée, que le non se distingue (53,79 %)... A Sarcelles, dans le Val-d’Oise, base de Dominique Strauss-Kahn, le non l’a emporté avec 62,51 % des voix. Martine Aubry, maire de Lille, n’a pas été non plus suivie : 50,38 % de ses électeurs ont voté non. A Boulogne-sur-Mer, où est élu député Jack Lang, le non a récolté 66,06 % des voix. Dans ce département, le Pas-de-Calais, première fédération du PS, le oui l’avait emporté lors du référendum interne. Il se place aujourd’hui devant tous les autres avec 64,89 % pour le non...
Les rescapés du PS sont peu nombreux. Trois d’entre eux, néanmoins, se distinguent. A Paris, Bertrand Delanoë s’est réjoui de la victoire du oui, qui a dépassé 65 %, même si elle lui est disputée par la droite. Aucun des vingt arrondissements, en tout cas, n’a choisi le non, même ceux dirigés par des maires fabiusiens. "C’est pour moi une consolation très grande, a déclaré M. Delanoë. J’ai vu la campagne du non, la campagne du oui socialiste, je n’ai pas vu du tout la droite." A Lyon, le maire PS, Gérard Collomb, peut s’appuyer sur les 61,35 % bulletins en faveur du oui. Autre ville où le traité constitutionnel a été majoritairement approuvé, celle de Nantes, dirigée par Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS de l’Assemblée nationale, avec 59,02 % des voix mais, en Bretagne, le oui l’a emporté de justesse.
Pour la gauche, les enseignements de ce scrutin ne sont pas mineurs. Dans l’isoloir, 81 % des ouvriers ont glissé un bulletin non dans l’enveloppe et 60 % des employés ont fait de même. C’est nettement plus que lors du référendum sur Maastricht en 1992. A cette époque, 58 % des ouvriers et 56 % des employés avaient voté non. Même les salariés du privé ont, cette fois, opté pour le non, davantage que les salariés du public. Signe que les discours sur les délocalisations des tenants du non ont porté leurs fruits.
Les fabiusiens n’ont pas perdu de temps. "C’est un succès pour toutes celles et tous ceux qui ont fait campagne pour le non, a affirmé dimanche soir Claude Bartolone, sur TF1, mais c’est vrai que Laurent Fabius a apporté une crédibilité d’homme d’Etat, d’homme de gauche et d’homme européen."
Messages
1. > Tous à l’île de Ré !!, 31 mai 2005, 13:16
Il me semble important et urgent de dire à tous ces gens, qui semblaient plus préoccupés par la présidentielle de 2007 (voir la "gaffe" de Hollande sur France Culture) que nous ne revoterons plus jamais pour un candidat ayant soutenu le oui. Qu’ils fassent leurs méa culpa.
Et puisque Hollande reproche à Fabius de ne pas avoir respecté le vote du PS, qu’il respecte lui le vote des Français de gauche ! Que cherchent les dirigeants du PS ??
Qu’ils aillent tous se faire bronzer à l’île de Ré !!
Lolo