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Edito du Monde
Le pari de Thibault
LE MONDE | 15.11.07 | 14h26 • Mis à jour le 15.11.07 | 14h26
Nicolas Sarkozy n’est pas Maurice Thorez. A la manière du dirigeant communiste qui, en 1936, proclamait qu’"il faut savoir terminer une grève" - "dès que satisfaction a été obtenue", ajoutait-il -, le président de la République a estimé, mercredi 14 novembre dans la soirée, que le conflit de la SNCF sur les retraites des régimes spéciaux "doit s’arrêter le plus vite possible, dans l’intérêt des usagers". Une fois lancée, une grève des cheminots ne s’arrête pas d’un simple claquement de doigts. Mais, à l’évidence, en donnant un délai d’un mois aux entreprises publiques et aux syndicats pour négocier, "dans le respect des principes d’harmonisation" et avec la participation de l’Etat, des propositions visant à "améliorer la situation des agents", Xavier Bertrand, le ministre du travail, a mis sur la table les cartes d’une sortie de crise.
En guise d’amuse-gueule, la SNCF a donné à trois syndicats des assurances sur un complément de salaire pour les années supplémentaires de cotisation qui conduisent François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT, à recommander de "suspendre la grève". Cette ouverture de négociations peut permettre d’éloigner le spectre d’un remake de 1995 et d’arrêter vite la grève reconductible des cheminots - sans exclure, en cours de route, de nouvelles journées d’action. Le mérite en reviendrait à la souplesse de M. Sarkozy, soucieux de réussir sa réforme, et à l’habileté stratégique de Bernard Thibault, désireux d’éviter un piège mortifère pour la mue qu’il veut imprimer à la CGT.
M. Thibault aurait volontiers fait l’économie de ce conflit. Plus que jamais arc-bouté sur la posture interprofessionnelle, le secrétaire général de la CGT a la double obsession de ne pas incarner un immobilisme syndical accroché à ses "places fortes" du secteur public et de ne pas se couper des salariés du privé. On oublie un peu vite qu’au niveau confédéral la CGT n’a jamais repris à son compte l’abrogation de la loi Fillon de 2003 et le retour aux 37,5 annuités. "La question n’est pas de défendre "sa’’ retraite, mais notre système de retraite solidaire", soulignait, dès 2003, Jean-Christophe Le Duigou, le "M. Retraites" de la CGT, qui donne la priorité, comme la CFDT, à la prochaine étape de la réforme, en 2008, qui s’annonce très délicate.
Le pari de M. Thibault est courageux et risqué. Pour la première fois, un secrétaire général de la CGT a proposé et obtenu des négociations d’entreprise sans préalables avant même le début d’un conflit. Si sa tactique réussit, il pourra enfin imposer, huit ans après son élection, sa mutation réformiste. S’il échoue, sa fédération des cheminots, opposée à sa stratégie, n’hésitera pas à jouer la base et à multiplier les embûches. Dans ce cas, sa stratégie serait condamnée. M. Sarkozy a tout intérêt à ce qu’il réussisse.
Article paru dans l’édition du 16.11.07
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L’immonde est, parmi la majorité écrasante des médias aux bottes du système capitaliste , un des meilleurs vecteurs de la pensée mitterandienne qui veut que le peuple et la classe salariée se soumette.
"Nicolas Sarkozy n’est pas Maurice Thorez[...] Il a tout intérêt à ce que Thibault réussisse".
Pfff, on est allé loin dans les hommages du vice à la vertu mais cet édito du Monde est à gerber.
Messages
1. Le pari de Thibault, 16 novembre 2007, 10:42
qui y a t il de faux dans cet article ???
RIEN
les equipes cgt ont bien abandonné la revendication de 37,5ans !!
C’est un fait !!!!
Damien