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Le peuple kurde se révolte : Erdogan paie sa complicité avec Daesh

par Actukurde

Publie le mercredi 8 octobre 2014 par Actukurde - Open-Publishing
6 commentaires

La résistance de Kobané, assiégée par les barbares de Daesh, a gagné toute la Turquie après les promesses non tenues du gouvernement turc et la poursuite de sa complicité avec Daesh. Au moins 15 personnes ont été tuées, tandis que le couvre-feu a été instauré dans onze ville. Des tanks ont été déployés dans des villes kurdes.

Quand les barbares de Daesh sont entré pour la première fois dans la ville de Kobané, dans la nuit de 6 octobre, les Kurdes de Turquie et d’Europe se sont mobilisés, descendant dans les rues et affrontant les forces de l’ordre.

KOBANÉ N’EST PAS TOMBE ET NE TOMBERA PAS

Alors que de nombreux gouvernements occidentaux et le gouvernement AKP attendaient avec impatience la chute de Kobané, la résistance a gagné toute la Turquie. En une nuit, le cours de l’histoire et de la guerre à Kobané a peut-être changé. Rien ne sera comme avant.

La colère grandissante contre la complicité du gouvernement AKP qui humiliait et accusait les Kurdes d’être responsables de ce qui se passe en Syrie a explosé, enflammant toutes les rues.

Déjà depuis plus de deux semaines, les Kurdes étaient dans les rues des villes européennes, appelant la communauté internationale à agir immédiatement pour intensifier des raides aériens et donner des armes aux forces kurdes syriens qui combattent farouchement les barbares disposant des tanks, des obus et des missiles.

La ville de Kobané n’est pas tombée comme prévue. On n’attendait pas que les Kurdes résisteraient aussi longtemps. Il s’agissait pour les Kurdes d’une question de vie ou de mort. C’est pourquoi, les Kurdes ont qualifié Kobané de "Stalingrad kurde".

Face au silence international et l’entrée des barbares dans la ville de Kobané avec des tanks et des armes lourdes, les Kurdes n’ont eu d’autre choix que d’étendre la résistance partout.

Parallèlement aux manifestations, les combattants des Unités de défense du peuple (YPG) ont passé le 7 octobre à l’offensive pour repousser et puis vaincre.

La coalition internationale a également intensifié ses raides après la vague de manifestations en coordination avec les forces sur place, a-t-on appris des sources sur place.

LA TURQUIE N’A PAS TENU SA PROMESSE

Dans les deux dernières semaines, la Turquie avait promis d’ouvrir un corridor pour les combattants kurdes qui voulaient envoyer des renforts à Kobané, car la Turquie est le seul accès de cette ville assiégé complètement depuis 15 septembre. Cette promesse a été donné à Saleh Moslim, le co-président du PYD, lors d’une rencontre avec des services secrets turcs.

Le PKK et Saleh Moslim ont confirmé cette rencontre et les promesses qui n’ont pas été tenues. Les Kurdes ne demandent pas l’intervention de la Turquie comme disent certaines medias occidentaux. Non, ils demandaient seulement un laissez-passer les combattants kurdes depuis la région kurde de Jazira, au Kurdistan syrien. "Nous ne demandons à personne de venir combattre à notre place, mais des armes que nous voulons acheter pour nous défendre. Nous avons dit, ’ouvrez les portes et vendez-nous des armes antitanks et des missiles’, mais ils ne font rien. C’est incompréhensible" a déclaré Saleh Moslim.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan et le premier ministre Ahmet Davutoglu ont même voulu imposé une seule choix aux Kurdes ; l’aide des turcs en contre parti de la dissolution de l’autonomie démocratique mise en œuvre au Kurdistan syrien. Erdogan n’a pas hésité de comparer le PKK au Daesh, alors qu’en même temps il mène des négociations direct avec le mouvement kurde. Tout a été mis en ouvre pour que Kobané tombe et que les oppresseurs deviennent des "sauveurs".

LA RÉSISTANCE GAGNE TOUTE LA TURQUIE : COUVRE-FEU INSTAURÉ

Le gouvernement turc a de nouveau fait son choix en faveur des barbares. Depuis le 6 octobre, les Kurdes sont dans les rues à travers la Turquie, visant tous les bâtiments de l’État, les extensions de Daesh en Turquie et les bâtiment du parti au pouvoir AKP.

Au moins onze manifestants et cinq "collaborateurs" d’État ont été tués entre les 6 et 8 octobre lors des manifestations par des policiers, gardians de village et le groupe paramilitaire Hezbollah en Turquie. Huit personnes tuées à Diyarbakir, deux à Kurtalan, deux à Dargecit, un à Van, un Kiziltepe, un à Batman et un à Varto. Le bilan serait en fait plus lourd, selon des informations obtenues.

Le couvre-feu a été déclaré dans onze villes jusqu’à nouvel ordre. Les villes concernées sont : Diyarbakir, Batman, Dargeçit, Derik, Kiziltepe, Nusaybin, Mazidagi, Omerli, Savur, Ercis, Kurtalan et Varto.

Des tanks ont été déployé dans ces villes. Mais l’initiative du peuple du Kurdistan a défié le régime d’Ankara : "Le couvre-feu instaurée n’est pas valable pour nous (...) Ce ne sont pas les kurdes qui devraient rester chez eux et ne pas sortir, mais ce régime dictatorial. Les rues et les universités sont à nous, mais les prisons, les commissariats et les bâtiments gouvernementaux sont à eux."

LES KURDES N’ABANDONNENT PAS LES RUES

Le PKK a appelé les Kurdes à ne pas abandonner les rues : "Notre peuple doit poursuivre avec détermination cette lutte légitime et juste jusqu’à la victoire."

Dans la nuit de mardi à mercredi, les jeunes kurdes disaient avoir pris le contrôle de la ville de Kiziltepe, dans la province de Mardin. Toutes les banques ont été incendiées dans cette ville, comme dans d’autres villes.

A Ercis, dans la province de Van, les locaux de l’AKP, une banque, les locaux du parti Saadet ont été incendiés par des manifestants. Un magasin d’armes a également été occupé. La police a de son coté incendié les locaux du parti kurde.

Le 7 octobre, un policier turc qui a été filmé par l’agence de presse kurde DIHA criait le slogan "Vive Daish" (Yaşasın İŞİD) lors d’une manifestation de kurdes à Baskale, dans la province de Van.

Dans toutes les villes, de nombreux bâtiments étatiques, des banques, des véhicules, des locaux du parti au pouvoir, ainsi que des partis et associations qui ont dans une complicité ouverte avec Daesh ont été visés et incendiés. Des actes de lynchages racistes contre les manifestants ont également eu lieu dans certaines villes comme Istanbul, par des nationalistes.

http://www.actukurde.fr/actualites/...

Messages

  • En terme de lutte des classes, ça donne quoi l’éventuelle création d’un Kurdistan ?
    Parce qu’en Syrie comme en Irak, comme en Turquie, voire en Iran, c’est bien de cela qu’il s’agit, Non ?

    • Euh... à Kobanê en ce moment, et ailleurs dans toute cette région du monde en guerre à outrance, la "lutte de classes", c’est un peu hors sujet non ?

      Par contre, la gauche kurde n’est certainement pas soutenue par les capitalistes de la région...

      Peut-être parce qu’elle à projet politique et social qui va à l’encontre de leurs intérêts.

    • Ce que cache la « ghazwa » de Kobané

      La Turquie, tout comme les Occidentaux et les monarchies arabes, a joué un rôle important dans la montée des groupes djihadistes en Syrie et en Irak. Elle laisse faire le Daech à Kobané et pose ses conditions. Elle n’interviendra que si une zone tampon et une zone d’exclusion aérienne étaient imposées dans le nord de la Syrie.

      D’un point de vue purement militaire, et si l’on considère que l’objectif est de faire la guerre à Daech, cette exigence n’a pas de sens. Le prétendu « Etat du Daech » n’ayant pas d’aviation, on comprend aisément que « l’ennemi » désigné derrière cette exigence est le gouvernement syrien. La Turquie qui a sommé les Kurdes syriens de rejoindre la rébellion contre le régime d’Al-Assad n’est pas gênée de les voir subir des pertes. Ces combattants kurdes ont pris le contrôle des zones kurdes abandonnées par l’armée régulière et agissent de manière autonome. Ils ont même combattu dans certaines parties de la Syrie aux côtés des forces gouvernementales contre les djihadistes du Daech ou du Front Nosra.

      Le jeu d’Erdogan est très lisible : il a beaucoup investi dans la guerre contre le régime de Damas et cela reste son but. Mener la guerre contre le Daech ne permet pas un retour sur investissement, il faut que la chute du régime d’Al-Assad demeure le but principal. La France s’est rapidement prononcée en faveur d’une telle zone tampon et d’exclusion et ce n’est pas une surprise. Un communiqué de l’Elysée publié après un entretien téléphonique entre les présidents Erdogan et Hollande évoque une « pleine convergence de vues » sur la nécessité « d’aider davantage l’opposition syrienne modérée en lutte à la fois contre Daech et contre le régime de Bachar Al-Assad ».

      On n’est même pas dans un remake du scénario libyen où le but proclamé de « protéger les civils » s’efforçait de masquer l’objectif réel. Ici, on amalgame ouvertement deux objectifs, lutter contre Daech et faire tomber le régime. On martèle dans les médias que Daech est le produit du régime de Damas alors que les faits montrent qu’il est davantage celui des monarchies arabes et des Occidentaux. Les demi-vérités du vice-président américain Joe Biden sont suffisamment claires à cet effet.

      Kobané, défendue par des Kurdes qui ne veulent pas entrer en guerre contre Damas, fait les frais d’une manœuvre dangereuse. Il s’agit très clairement cette fois-ci de sortir de la légalité internationale et d’imposer une zone tampon et une zone d’exclusion aérienne. Les Américains paraissent, pour le moment, peu enthousiastes à cette idée de zone tampon car ils n’ignorent pas qu’il faut une résolution du Conseil de sécurité et qu’immanquablement la Russie et la Chine opposeront leur veto. Ces deux pays n’oublient pas qu’ils ont été grossièrement manœuvrés par les Occidentaux sur la Libye et ils ont déjà montré qu’ils n’accepteront pas de laisser passer une résolution susceptible d’être manipulée par les Occidentaux.

      Ce que propose Erdogan avec le soutien de François Hollande est un coup de force contre le droit international. Et de facto, une confrontation supplémentaire avec la Russie. Une telle mesure, décidée hors du cadre de l’Onu, pousserait à une implication encore plus grande de l’Iran. En réalité, on ne ferait qu’ajouter du feu au gigantesque incendie allumé dans la région depuis l’invasion de l’Irak en 2003. « On nous repasse les mêmes vieux plats », observe un ancien diplomate algérien, « je crois que les Occidentaux voient les populations de là-bas comme des rats de labo et leur propre population comme des bouches d’égout capables de tout avaler... ». Cela explique parfaitement le drame de Kobané, cette « ghazwa » où les fanatiques du Daech jouent le rôle classique de « l’idiot utile ».

    • EXACT !!! Par ailleurs la TURQUIE+ISRAEL+FRANCE sont entrain de "vendre-donner" des armes tactiques très modernes et très meurtrières à l’AZERBAIDJAN... Le prétexte c’est bien-sûr de se protéger contre les méchants iraniens !!!
      Tôt ou tard ces armes-là seront utilisées contre les arméniens.
      Je rappelle que 99 ans après la TURQUIE n’a toujours pas reconnu le génocide des arméniens et continue une diplomatie agressive contre la pseudo occupation illégale du HAUT-KARABACH alors que l’ARMENIE n’a fait que protéger la population à 80% arménienne de ce territoire (la menace était claire : ALIEV et sa clique voulaient expulser les arméniens de leurs terres après les progroms anti-arméniens de BAKOU).

    • Sans oublier effectivement la lutte de classe (ce que les organisations kurdes de gauche et progressistes n’oublient pas, je pense), là, maintenant, ce jour nous sommes dans le cadre d’une lutte de libération nationale du peuple kurde (et des autres de Syrie et d’Irak) contre un ennemi multicéphales dont le plus dangereux, là, maintenant, ce jour est l’islamisme fasciste. C’est cette lutte contre cet ennemi que nous devons soutenir là, maintenant, ce jour ... tout en restant vigilant sur la suite.

    • En terme de lutte des classes, ça donne quoi l’éventuelle création d’un Kurdistan ? }

      Un fer de lance démocratique dans une région passéiste et rétrograde.