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Le " plan Sharon " adopté : Gaza sous contrôle total
Publie le mardi 8 juin 2004 par Open-PublishingLe principe d’un retrait échelonné de la bande de Gaza, d’ici à la fin 2005, a été approuvé par le gouvernement israélien, en proie à de vives tensions.
Le gouvernement israélien, après avoir adopté dimanche 6 juin 2004 un " plan Sharon révisé ", devait affronter lundi 7 juin à la Knesset deux motions de censure déposées par des groupes d’opposition : l’une déposée par le parti Yahad-Meretz, que dirigent Yossi Beilin et Yossi Sarid, l’autre par le parti religieux orthodoxe séfarade Shas. Une troisième motion de censure, déposée par le Parti travailliste, a été retirée lundi matin. Le chef du Parti travailliste, Shimon Peres, et le président du groupe travailliste à la Knesset estiment en effet que l’adoption par le gouvernement du plan Sharon de retrait de la bande de Gaza constitue " une étape décisive et un événement révolutionnaire ", et qu’il ne convient pas, en ces circonstances, de gêner le premier ministre, qui a assez à faire avec la fronde ouverte de l’aile droite de sa coalition.
De l’avis général en Israël, les négociations pour l’entrée des travaillistes dans un nouveau gouvernement d’union nationale sont déjà très avancées, même si Shimon Peres a jugé bon d’affirmer ce lundi 7 juin que " la question n’est pas à l’ordre du jour ". Elle pourrait bien l’être très vite si les menaces brandies par le Parti national religieux de quitter la coalition étaient mises à exécution. Le PNR a six députés, et s’il passe à l’opposition - comme viennent de le faire les sept élus de l’Union nationale après le limogeage de ses deux ministres Lieberman et Elon -, Ariel Sharon ne disposera plus du soutien que de 55 députés sur 120 à la Knesset. Encore près de la moitié des 40 députés Likoud s’opposent-ils au plan de leur chef et certains sont en négociations avec l’extrême droite pour l’obliger à y renoncer.
Le chef du PNR, parti extrémiste qui représente surtout les colons, l’ex-général Effi Eitam est l’un des sept ministres du gouvernement Sharon qui ont voté contre le plan d’évacuation de Gaza dimanche 6 juin. Quatorze ministres ont voté pour, mais il a fallu des négociations ardues jusqu’au dernier moment pour convaincre trois des ministres du Likoud - Netanyahu, Shalom et Livnat - de s’y rallier, au prix de nouvelles concessions. Ainsi le " plan révisé " ne commencera-t-il à être mis en éuvre qu’en mars prochain. L’évacuation prévue d’ici à la fin 2005 des 21 colonies de la bande de Gaza et de 4 autres en Cisjordanie devra en outre s’opérer en quatre étapes, qui seront, à chaque fois, l’objet d’un nouveau vote du gouvernement. Benjamin Netanyahu, principal rival de Sharon au Likoud, a en outre exigé que la lettre d’engagement de George Bush à le soutenir ne figure pas en annexe du texte voté par le gouvernement. Autant de conditions qui affadissent un plan déjà considéré avec une méfiance justifiée par les pacifistes israéliens et les Palestiniens, qui lui reprochent d’abord son caractère unilatéral, sans concertation avec l’Autorité palestinienne, mais surtout de prévoir le maintien de l’occupation quasi totale de la Cisjordanie.
Leïla Shahid, déléguée générale de la Palestine à Paris, souligne que " ce plan d’évacuation n’en est pas vraiment un, car Israël garderait le contrôle des frontières terrestres, maritimes et aériennes de la bande de Gaza, y enfermant une population qui vit déjà dans la misère et n’aurait aucun moyen de reconstruire son économie ".
Cette question du contrôle des frontières était à l’ordre du jour de la visite qu’a effectuée lundi 7 juin au Caire le ministre israélien des Affaires étrangères Silvan Shalom. Une commission israélo-égyptienne a été créée pour en assurer la sécurité et l’Égypte a d’ores et déjà accepté de déployer cent hommes de troupes le long de la ligne de démarcation afin d’empêcher les infiltrations de résistants palestiniens et le passage des armes. On se souvient que c’est le même prétexte qu’a utilisé le mois dernier l’armée israélienne pour saccager la zone frontalière, où des centaines de maisons ont été détruites dans une opération qui a fait 43 morts palestiniens en deux semaines, des dizaines de blessés et des milliers de sans-abri.
http://www.humanite.presse.fr/journal/2004-06-08/2004-06-08-395108