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le prix du steack ! tribune de genève
Un plouc chez les bobos
par Jean-Noël Cuénod
Le pouvoir d’achat à ras le bitume
15 Janvier 2008 | Général
LE POUVOIR D’ACHAT ! C’est la formule qui court sur toutes les lèvres. L’Omniprésident avait eu l’audace d’en faire son thème principal de campagne l’an passé. Voilà le boomerang qui lui revient dans les gencives. Heureusement qu’il y a Cécilia, Carla et tutta quanta pour jeter de l’eau de rose sur ce feu qui se propage. Mais le glamour ne fait oublier le portemonnaie que durant un trop bref moment. Certaines patates se prennent pour des truffes, du moins sur l’étiquette des prix et la morue - oui même la morue - se rêve esturgeon pondant ses oeufs d’or.
Le Parisien de base relève donc le défi. Le marchandage commence à s’étendre transformant en opéra de quatre souks les plus gaulois des marchés. Voici un petit échange enregistré à celui du boulevard Blanqui dans le treizième. Un client arborant une soixantaine intello apostrophe le boucher :
– Eh mais ne jetez pas comme ça mon entrecôte sur la balance ! Elle n’est pas stabilisée et c’est le prix plus haut qui s’affiche.
Le boucher : - Ben non, elle se stabilise tout de suite !
Le client : - Mon oeil, oui !
Le boucher :- Ben, vous me faites pas confiance ?
Le client, résolu : - Non, votre viande est délicieuse, ça je le reconnais, mais votre balance est pourrie.
Le boucher : - Elle est pourrie ma balance ? Non mais des fois ! Alors, je vais vous la repeser, votre entrecôte.
L’homme de lard repèse la barbaque : - Eh bien voyez, ça n’a pas changé de prix !
Le client, agacé : - Mais je n’ai pas eu le temps de voir le prix s’afficher, vous êtes trop rapide !
Le boucher : - Ce n’est pas ce que dit ma femme...
Il repèse une troisième fois. Les autres clients ne s’impatientent pas. Au contraire, ils soutiennent l’irascible. Une voix : "faut lutter pour le pouvoir d’achat. Ben, on lutte, quoi !" devant ce front uni, celui du boucher se fronce : "Bon, mais si vous saviez les taxes qu’on paye... Moi aussi j’ai mon pouvoir d’achat à défendre". Va-t-on vers la guerre civile ?
Jean-Noël Cuénod, correspondant à Paris