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Le printemps, les fleurs, le jardin et l’écosocialisme.

Publie le dimanche 28 mai 2006 par Open-Publishing
2 commentaires

de Christian DELARUE

Disposer d’un jardin, d’un modeste jardin privatif , permet indéniablement une qualité de vie . Tous peuvent aller se ballader en campagne. C’est fort bien mais c’est autre chose . Le jardin permet rien moins que de pouvoir prendre ensemble entre amis le café de 14 H le dimanche ou de prendre l’apéro le soir. Bref il s’agit d’une indéniable possibilité de vivre en toute sobriété des valeurs d’amitié et de convivialité. Sans parler du confort strictement individuel mais tout aussi estimable de celui qui préfère fumer sa cigarette dans son jardin plutôt qu’au bas de sa tour ou à la fenêtre de son appartement.

En effet certain n’ont pas la chance d’avoir un jardin, en propriété ou en location . Ils ignorent les bienfaits individuels et sociaux de cette qualité de vie . Ils sortent du bureau ou de l’usine pour aller vivre dans des appartements sans confort avec de petites pièces et parfois sans balcon.

Certains vont boire un verre au bistrot du coin - les hommes surtout - mais pas dans leur jardin fleuri et ensoleillé . D’autres enfin n’ont même pas de logement, pas même en HLM : ils vivent et couchent dehors .

Voilà qui repositionne la question qualitative ! La qualité de vie prise sous cet angle (le jardin privé )- mais il y en a d’autres - est bien réservée non seulement aux riches mais aussi aux couches sociales aisées, patronales, indépendantes et même salariées. On comprend bien ainsi que le disait brillamment Henri Lefebvre qu’il y a des rapports étroits entre qualité de vie et quantité.

La quantité ici se rattache au pouvoir d’achat si souvent stipendié par les décroissants. Pourtant, dans notre exemple, le pouvoir d’achat est indispensable pour obtenir de la qualité de vie. Or celui-ci est en baisse y compris d’ailleurs pour les couches sociales salariées aisées. Depuis vingt ans le schéma de « l’entonnoir couché » perdure : la ligne des profits monte alors que la ligne des salaires baisse.

En fait, nous ne pouvons oublier que nous vivons en système capitaliste ou l’orientation de la production - du logement comme des autres marchandises - sert à l’accroissement du profit et non à la satisfaction des besoins. Les seuls besoins satisfaits par ce mode de production sont ceux qui passent par le filtre de la rentabilité maximal . Les autres sont ignorés.

Cette question ne se rattache pas à la distribution de l’espace habitable qui est hiérarchisée. Il pourrait certes y avoir une meilleure mixité sociale mais toujours dans une inégalité profonde . Les HLM pourrait côtoyer les résidences confortables . La distribution de l’espace habitable est un réel problème mais qui ne répond pas à toutes les questions, en tout cas pas à la nôtre.

Des sociologues et des économistes se sont penchés sur la segmentation de l‘habitat . Eric MAURIN notamment- développe cet aspect . Il souligne qu’il s’agit plus d’une volonté des couches sociales les plus aisées de se retrouver entre elles que des pauvres à se retrouver entre eux. Je renvoie à son livre le Ghetto français - enquête sur le séparatisme social. Au plan économique, la distribution de l’espace correspond au développement inégal et combiné qui dans le même temps développe une zone et appauvrie une autre .

Pour sortir de cette impasse il n’y a d’autre issue que d’aller vers l’écosocialisme . Pour ce faire il faut réhabiliter la possibilité d’un aménagement urbain et territorial par le politique donc hors logique marchande, financière et rentière. Pour les libéraux c’est impensable : ils ne croient qu’aux vertus du marché... et aux capacités des sociétés immobilières. Pour les sociaux libéraux ils semblent abandonner de plus en plus les politiques urbaines des ZAC - déjà circonscrites à un champ spatial réduit - au profit des lotissements privés. La concentration urbaine avec ses périphéries a encore de beaux jours !

Messages

  • La maison individuelle et son jardin privatif ne se résume pas à un privilège de riches qui eux ne se contentent pas du " modeste pavillon de banlieue "ça m’suffit" raillé par les esprits éclairés. Ce fut longtemps le rêve de nature de nombreux prolétaires, celui des sans-logis et mal logés, une aspiration à une vie stable, paisible ,un besoin de sécurité (et non sécuritaire) : avoir un toit sur la tête d’où personne ne pourra vous expulser. Avoir son jardin pour manger légumes et fruits de saison hors de prix en primeur dans les commerces, profiter de la beauté de la nature . C’est un choix fait de privations chez le petit ouvrier qui se l’est construit" lui-même" qui de plus en plus se fait écarter peu à peu de son quartier ou lotissement devenus trop chers parce "qu’idéalement situé" etc.

    • le jardin préfigure le paradis
      en tant que lieu de quiétude , de beauté
      de repos mais aussi de survie ,jardin pourvoyeur à la fois
      de produits issus de la culture et de bien être, fondement de l’humanisme
      devenu lieu d’appropriation des couches sociales aisées
      espaces dont on a privé les pauvres depuis
      l’avénement de l’urbanisme,déplacement de populations rurales
      venues par force s’enfermer dans les tours de banlieue
      pertes des racines et des moyens essentiels à la survie
      et au repos
      ainsi en est allé le capitalisme sauvage des années 60
      pour nous mener aujourd’hui à ses banlieues sauvageonnes
      manquant terriblement d’herbes folles
      à coté des folies jardinières des riches
      qui s’organisent des journées de leur jardin
      portes ouvertes sur les âmes noires de l’exploitation sociale
      donc antithése du Jardin dans son essence créative
      appropriation honteuse
      réhabiliter les jardins ouvriers sera oeuvre de salut public
      jardin pour lire rire faire griller les cotellettes jardins d’ échanges,
      jardins pour tous ,jardins de liberté ,de jouissance
      jardins de soins et d’herbe aromatiques
      aujourd’hui la terre qui doit rester un jardin nous devons en faire grand cas
      que tous fassent tomber les murs appartements prison ,pourtant la banlieue est appllée souvent jungle mais de plantes où sont elles ?
      plantons plantons gaiement les graines de la révolte et de la liberté
      une vie sans jardins semble une vie trop mortelle
      jardin paradis terrestre
      l’ écologie est une force vitale donc nécessaire
      cultivons le jardin terrestre qui sommeille en nous
      semons les graines de la vie et des salades dans les espaces publiques
      djo68