Accueil > Le réalisateur italien Antonioni est mort

Après Ingmar Bergman et Michel Serrault, le cinéma pleure aujourd’hui un autre grand nom. Michelangelo Antonioni, 94 ans, est décédé lundi soir à son domicile.
Le cinéaste italien Michelangelo Antonioni, âgé de 94 ans, est décédé lundi soir à son domicile romain, a annoncé ce mardi l’agence italienne Ansa, citant son entourage familial. Le réalisateur s’est éteint lundi à 20 heures, "paisiblement, dans son fauteuil, avec à ses côtés son épouse Enrica Fico". La dépêche de l’Ansa indique qu’une chapelle ardente sera ouverte mercredi à la mairie de Rome. Ses obsèques devraient être célébrées jeudi à Ferrare, lieu de sa naissance.
Avec une vingtaine de films, il a connu la consécration internationale : Lion d’or à La Biennale de Venise 1964 pour le Désert rouge, Palme d’or au Festival de Cannes 1967 pour Blow Up, Prix spécial du jury à Cannes en 1982 pour Identification d’une femme. Il a également reçu pour l’ensemble de sa carrière un Oscar à Hollywood en 1995 et un Lion d’or à Venise en 1997.
Né à Ferrare, dans le nord de l’Italie, le 29 septembre 1912, Antonioni était issu d’une famille bourgeoise et avait fait de brillantes études d’économie à l’université de Bologne. Il avait d’abord été critique de cinéma dans une revue locale avant de venir à Rome suivre les cours du Centre expérimental du cinéma et de collaborer à la revue Cinéma considérés comme des centres de résistance au fascisme.
En 1942, à Paris, il est l’assistant de Marcel Carné dans Les Visiteurs du soir. Il devient ensuite le coscénariste d’Un pilote revient de Roberto Rossellini. L’année suivante, en 1943, il tourne son premier documentaire Les gens du Pô et, en 1950, réalise son premier long-métrage : Chronique d’un amour.
Son style s’affirme dans sa trilogie : L’Avventura en 1960, La Nuit en 1961 et L’Eclipse en 1962, interprétée par Monica Vitti, son actrice fétiche, sa compagne et sa muse pendant dix ans.
L’Avventura est considéré comme la naissance d’un cinéma introspectif. Antonioni a choisi de raconter la difficulté des rapports humains et la fragilité des sentiments. Il atteint la consécration avec Blow Up, qui raconte l’histoire d’un photographe de mode qui découvre sur ses clichés qu’il a été témoin d’un assassinat à Londres.
Le public se détournera pourtant peu à peu des films d’Antonioni, considérés comme difficiles d’accès, même s’ils sont parfaitement aboutis sur le plan esthétique.
A demi paralysé par une attaque cérébrale en 1985, Antonioni avait reçu l’hommage de tout le cinéma italien lors d’une soirée à Rome pour ses 90 ans, en septembre 2002. Ces dernières années, très diminué par la maladie, il s’était réfugié dans le monde de la couleur, réalisant des collages et des mobiles qui avaient été exposés à Rome en octobre 2006.
La Libre Belgique
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=76447