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Le référendum redonne des couleurs à l’extrême gauche

Publie le mardi 24 mai 2005 par Open-Publishing
4 commentaires

" Le référendum redonne des couleurs à l’extrême gauche

PARIS (AP) - Après les trois années de vaches maigres qui ont suivi sa poussée électorale du 21 avril 2002, l’extrême gauche se reprend à rêver et envisage déjà avec gourmandise l’après-29 mai.

"On est particulièrement enthousiaste et satisfait" de cette campagne référendaire, résumait mardi matin lors d’une conférence de presse le porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) Olivier Besancenot.

Car, avec quelque 1.000 collectifs pour le "non" organisés sur le terrain, et les meetings communs entre la LCR, le Parti communiste et une frange du Parti socialiste, le "non de gauche", anti-libéral proclamé, a fait mouche au cours de la campagne. C’est lui qui pourrait faire capoter la Constitution européenne, sur fond de contestation sociale.

Cela faisait longtemps que l’extrême gauche n’avait pas rencontré un tel écho : le 21 avril 2002, Lutte ouvrière et la LCR réunissaient à la surprise générale 10% des voix, concourant à l’élimination du candidat socialiste Lionel Jospin.

Mais les deux mouvements d’extrême gauche n’étaient pas parvenus par la suite à transformer l’essai. Bien que se présentant unis aux régionales de 2004, LO et la LCR avaient en effet plafonné à 5% des suffrages. Alors que "2003-2004 ont été des années un petit peu sombres", "2005 peut être l’année de la revanche sociale", veut désormais croire Olivier Besancenot.

De fait, la campagne sur la Constitution européenne -dominée par la peur des délocalisations et d’une Europe jugée trop libérale-, a remis la Ligue communiste révolutionnaire sur le devant de la scène. La LCR a opté pour une "démarche unitaire", multipliant les meetings communs avec le PCF, les partisans du "non" au sein du PS ou les représentants du mouvement altermondialiste.

Mardi soir, le porte-parole de la LCR devait ainsi être à Martigues (Bouches-du-Rhône) avec la secrétaire nationale du PCF Marie-George Buffet, Bernard Cassen (Attac) et Marc Dolez (PS). Le lendemain, il rejoindra à Nantes Patrice Cohen-Seat (PCF), l’ancien porte-parole de la Confédération paysanne José Bové, et Jacques Nikonoff (Attac).

Lutte ouvrière, en revanche, a choisi de dire "non" sans s’associer aux autres formations de gauche. "La gauche anticapitaliste aurait été plus forte si Arlette Laguiller avait participé au cadre unitaire", regrettait mardi Olivier Besancenot.

En cas de victoire du "non" le 29 mai, le peuple de gauche "fera la fête", probablement à la Bastille, selon lui. Mais quel que soit le résultat, "la bataille unitaire doit continuer en France", plaide-t-il.

Reste à savoir quelle forme cela prendra. La direction nationale de la LCR doit se réunir en juin pour réfléchir à l’après-29 mai. Prudemment, elle se contente pour l’heure de proposer que les "collectifs" se réunissent au niveau local, puis départemental pour débattre, avant d’envisager une "réunion nationale". Il faudra alors "définir en positif le contenu d’une politique alternative au libéralisme", estime Olivier Besancenot. Et c’est bien là que les choses risquent de se compliquer.

Car le Parti communiste se verrait bien en leader de ce nouveau mouvement de gauche, alors que la situation au Parti socialiste après le 29 mai est encore incertaine. "Si le ’non’ l’emporte dimanche, ça va booster le débat à gauche", prédisait lundi Marie-George Buffet, en évoquant un rassemblement de gauche en vue des élections de 2007. "Le même débat que nous avons eu sur quelle Europe voulons-nous, il faut qu’à partir du 30 mai nous l’ayons sur quelle politique la gauche va mener en France", a-t-elle plaidé. AP"

Messages

  • "Il faudra alors "définir en positif le contenu d’une politique alternative au libéralisme", estime Olivier Besancenot. Et c’est bien là que les choses risquent de se compliquer".

    En France, la quasi-totalité des béni-oui-ouistes tente de nous vendre le TCE, en affirmant sans peur de ressembler à des arnaqueurs de bonneteau que le TCE n’est pas libéral.

    Si OB continue à ne nous parler que du "libéralisme", il va pouvoir envisager des perspectives unitaires.
    Très larges.
    Trop larges.

  • "Il faudra alors "définir en positif le contenu d’une politique alternative au libéralisme", estime Olivier Besancenot. Et c’est bien là que les choses risquent de se compliquer".

    Bien sur, le discours de l’extreme gauche (en particulier de la LCR) se rapproche de plus en plus du discours politique tradition, c’est à dire qu’il n’envisage le changement qu’au travers d’accords d’appareils. On ne parle plus de combattre la marchandise, mais le libéralisme... autrement dit on glisse vers la "gestion du capitalisme". La référence aux "luttes" n’est qu’un effet de réthorique qui a pour unique but que de rassembler les ... électeurs.

    La LCr est entrain de venu, concernant la stratégie politique, ce qu’est devenu en son temps le PCF.

    On va certainement assister à une nouvelle "union de la gauche" qui bien évidemment ne règlera une nouvelle fois rien.

    Rémi

    • La défense des précaires, des exclus, des salariés aux revenus trop bas ne pourra attendre la Révolution et le Grand Soir, il est temps, il est urgent que la Gauche se retrouve, les sociaux-libéraux sont maintenant identifiés, il serait vraiment dommage que l’on subisse encore les ravages de la droite car le PC, la LCR, les opposants verts et une partie de la Gauche du PS n’arrivent pas à oublier leurs vieilles rancoeurs et que l’ultragauche (LO et autres) refusent toutes compromissions avec le pouvoir politique et rejoue le numéro de la vierge effarouchée, avec le sempiternel discours sur les luttes. Les luttes c’est bien beau mais arrêter une nouvelle législation sociale, orienter la politique nationale et européenne vers plus de social : retrouver le bon sens et le courage politique devrait être plus constructif. Il faut que dans toutes les instances syndicales, et surtout politiques au niveau local, national et européens des décisions de gauche soient prises et de toute urgence. Il faut pour cela des représentants politiques qui exerce un certain pouvoir !!! et pourquoi pas après des victoires électorales : faut-il avoir honte de vouloir gagner des élections ???

      Yannick

    • De toute façon, le problème n’est pas de gagner des élections ou de les perdre. Le problème est de déterminer quelles politiques seront menées et avec qui.
      Il se trouve que la gauche plurielle n’a pas mené une politique favorable aux travaileurs, mais au patronat.
      Il se trouve que l’extrême-gauche, (terme plus intéressant que celui d’ultragauche, mais moins médiatique il est vrai) a refusé de s’associer aux destructions et aux attaques réalisées par le PS et les Verts avec la caution du PCF.
      Il se trouve que l’hostilité à l’égard de l’UE vient depuis des années hélas beaucoup plus de la droite que de la gauche, et que c’est seulement maintenant qu’un nombre important de gens commencent à comprendre vraiment à quoi sert l’UE.

      L’extrême-gauche aurait-elle dû participer à tout cela ?! Mais au nom de quoi ?