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Le rescapé de Clichy-sous-Bois sûr que la police veut "le détruire"

Publie le mercredi 31 mai 2006 par Open-Publishing
8 commentaires

Sept mois après avoir vu mourir ses deux copains dans un transformateur à Clichy-sous-Bois, Muhittin Altun a été interpellé mardi, après le caillassage d’une voiture de police, mais ce jeune homme fragile accuse la police de vouloir le "détruire".

"J’ai jamais eu de pierre en main", assure Muhittin, 18 ans, au pied de son immeuble. Parole contre parole. Des policiers disent l’avoir vu jeter un pavé sur un véhicule de police mardi. Muhittin est convoqué le 31 août devant le tribunal de Bobigny pour répondre des faits de "participation avec armes à un attroupement" et "dégradation volontaire d’un véhicule de police en réunion".

"On nous parle de dégradations commises en réunion, alors pourquoi n’interpellent-ils que lui ?", interroge son avocat, Me Jean-Pierre Mignard.

Muhittin : à Clichy-sous-Bois, ce prénom suffit à évoquer tout un drame. Le jeune homme a été gravement brûlé, le 27 octobre 2005, quand ses copains Zyed Benna et Bouna Traore sont mort électrocutés, dans un transformateur où ils s’étaient cachés, par peur des policiers déployés alentours.

A peine sorti de garde à vue, mercredi, il retrouve ses avocats et ses amis, son cordon protecteur. Il raconte qu’il se trouvait mardi soir devant un petit snack-pizzeria, à 200 mètres de chez lui. Il aidait au chargement des livraisons, ce que confirme Mustafa Ticho, le livreur qui "le forme au métier depuis une semaine" et "ne l’a pas vu avec un pavé à la main, juste avec son portable".

"Les CRS tournaient dans le quartier, dit Muhittin, qui s’exprime avec peine. Je me suis arrêté un moment pour voir des copains. Je suis retourné charger des cannettes dans la voiture quand les CRS sont revenus. Ils ont dit c’est lui. Ils m’ont emmené".

Pour la première fois depuis sa sortie d’hôpital, le 15 décembre, après 50 jours de soins, Muhittin "tentait une première réinsertion", explique Me Mignard qui "ne croit pas au hasard".

L’interpellation a eu lieu la veille d’"un acte judiciaire essentiel" dans l’enquête sur la mort de ses copains, car, selon lui, Muhittin devait participer mercredi, en présence du juge d’instruction, à un "examen des lieux" au transformateur EDF.

L’avocat entend faire reconnaître que les adolescents, qui n’avaient rien à se reprocher, s’étaient réfugiés par affolement dans le transformateur, après une course-poursuite avec la police.

"L’objectif des protagonistes d’en face, le ministère de l’Intérieur et ses réseaux, est de tout faire pour empêcher que Muhittin obtienne le statut de victime", assure l’avocat. Ces gens-là veulent démontrer qu’il ne peut y avoir de victimes innocentes parmi les jeunes des cités".

Pour Muhittin, depuis l’électrocution, la police est devenue "une idée obsessionnelle", selon ses proches. "Avant il n’avait pas la police dans la tête, il jouait au foot, maintenant il pense qu’à eux".

"Depuis ma sortie d’hôpital, les keufs passent souvent devant chez moi en voiture, ils s’arrêtent et ils rigolent", dit le jeune majeur.

Il n’a pas supporté les commentaires de policiers qui lors de sa garde à vue l’auraient appelé "Mr Muhittin". Il assure qu’un gradé lui a lancé : "T’en as pas marre de nous emmerder ?". "J’arrive pas à avancer. J’étais en stage et je suis en train de me faire détruire", conclut-il, regard éteint.

"Muhittin est dans un entre-deux, entre le souvenir, les images difficiles et l’impossibilité de mûrir tant que l’affaire n’aura pas été examinée sur le plan judiciaire", analyse son avocat.

Messages

  • A la république bananière s’ajoute l’Etat (de Droit) policier... Faut-il s’en étonner ? Quand aux graves accusations de racisme (allant jusqu’à l’hommicide) régulièrement portées contre la police française (Amnesty, Commission Européenne des droits de l’Homme...) il n’y a aucune réaction tant au niveau des politiques qu’ à celui des citoyens, il faut en conclure que l’arbitraire policier est assez largement admis dans le "pays des droits de l’homme".
    L’important pour le microcosme politico-médiatique, en matière de lutte contre le racisme, c’est d’anihiler la "tribu KA" qui menace gravement les fondements de la République bananière...
    Tartuffe II futur Roi des français.

    Valère

  • Qui sont les racailles dans cete histoire ? c’est révoltant, écoeurant de voir s’acharner sur un jeune, déjà blessé grièvement et traumatisé par eux, ces mêmes flics.
    Ils viennent en plus le harceler en bas de chez lui, un jeune qui n’a jamais rien fait de mal
    C’est une pauvre victime innocente des ambitions présidentielles d’un démagogue médiocre qui s’appelle Sarkozy.

    • La gauche accuse Nicolas Sarkozy de "provocation" à des fins électoralistes à la suite des affrontements du début de semaine entre jeunes et policiers en Seine-Saint-Denis, sept mois après l’explosion des banlieues françaises.

      Treize personnes ont été interpellées dans la nuit de mardi à mercredi à Montfermeil et Clichy-sous-Bois, dont trois placées en garde à vue, après de nouvelles violences dans ce département au nord de Paris. Six policiers ont été légèrement blessés.

      Parmi les personnes placées en garde à vue figure Muhittin Altun, 18 ans, grièvement blessé l’automne dernier en se réfugiant dans un transformateur électrique de Clichy-sous-Bois. Deux de ses camarades avaient trouvé la mort et ce drame avait déclenché des semaines de violences dans les banlieues.

      "Le ministre de l’Intérieur porte la responsabilité des actes de violence qui sont aujourd’hui commis", a estimé mercredi le premier secrétaire du PS, François Hollande, sur France 2.

      "Quelques mois après la crise des banlieues, on a le sentiment pénible que rien n’est réglé et on a toujours la même gesticulation de la part du ministre de l’Intérieur. Il vient sur les lieux et annonce des engagements de l’Etat qui ne viennent jamais", a-t-il déploré.

      Nicolas Sarkozy s’est rendu mardi soir au commissariat de Gagny, en Seine-Saint-Denis. Il a de nouveau plaidé pour la révision de l’ordonnance de 1945 sur la délinquance des mineurs et estimé qu’il y avait eu "préméditation" de la part des jeunes émeutiers de Montfermeil lundi soir.

      Pour le porte-parole du PS, Julien Dray, le ministre, également président de l’UMP, se sert des banlieues dans l’optique de la présidentielle de 2007.

      "STRATEGIE DE TENSION"

      "Nicolas Sarkozy a délibérément pris le parti d’une stratégie de tension et d’affrontement au service de l’image de fermeté qu’il entend incarner à l’horizon 2007", estime-t-il dans un communiqué.

      Le secrétaire national du PS chargé de la Solidarité urbaine, Vincent Léna, a dénoncé la "véritable provocation organisée" par le ministre de l’Intérieur - "mobiliser devant les caméras et en sa présence six compagnies de CRS et une compagnie de gardes mobiles, sur les lieux mêmes de l’explosion de violence de l’automne dernier".

      Le PS "dénonce le cynisme du ministre de l’Intérieur, qui veut faire croire que l’ordre public peut répondre au désordre social".

      Le Parti communiste, dans un communiqué, estime que "depuis novembre rien n’a été fait pour tenter d’apporter un minimum de réponses" à la crise des banlieues et il dénonce "le populisme habituel et insupportable" de Nicolas Sarkozy.

      "Le candidat Sarkozy sacrifie la prévention de la délinquance et la justice sur l’autel de ses ambitions", ajoute le PCF.

      Marie-George Buffet, secrétaire nationale du Parti, a demandé la mobilisation de tous pour forcer le gouvernement à tenir ses promesses sur le dossier des banlieues.

      Lors des incidents de la nuit de mardi à mercredi, une douzaine de véhicules ont été incendiés, dont une voiture de police à Montfermeil, où un poste de police a été lapidé par une trentaine d’assaillants.

      Le député-maire UMP du Raincy, Eric Raoult, dont la circonscription englobe Montfermeil, n’a pas exclu une nouvelle crise des banlieues "si on ne fait rien".

      Les violences urbaines ont été évoquées mercredi matin en conseil des ministres à la demande de Jacques Chirac, qui a demandé à Nicolas Sarkozy un point de la situation.

  • Ce qui est désolant, c’est ce reportage passé en boucle où on voit Sarkosy, avec 3 ou 4 CRS derrière lui, et je ne sais pas combien devant, qui recite son plan de guerre.
    Ce type, cela se voit, espère que cela dégènère à nouveau.
    Cela justifiera encore un déploiement de flics, et des hélicos qui volent au dessus des banlieues prétenduement hors de tout contrôle.
    Tout cela est nul.
    ça ressemble à un très mauvais téléfilm américain ; "S’ils veulent la guerre, ils l’auront".
    Sarko super-flic contre la banlieue en furie, c’est comme une pub, ça permet de plus refléchir.

    • une réponse .... une vue de la presse suisse (24H) :

      Quatre policiers ont été légèrement blessés, une dizaine de voitures brûlées et cinq personnes interpellées, dont le jeune rescapé du transformateur de Clichy-sous-Bois en octobre dernier, dans la nuit de mardi à mercredi à Montfermeil et Clichy-sous-Bois (Seine-saint-Denis), a-t-on appris de source policière.

      Quatre fonctionnaires de police ont été légèrement blessés mardi soir alors qu’ils tentaient de riposter à des personnes qui jetaient des pierres sur le commissariat de la rue d’Utrillo à Montfermeil, selon la police.

      A Clichy-sous-Bois et Montfermeil, deux villes voisines qui avaient été le berceau des émeutes urbaines de l’automne, cinq personnes ont été placées en garde à vue dans la nuit de mardi à mercredi, majoritairement pour des jets de projectiles, selon la même source.

      Une dizaine de voitures ont été brûlées dans ces deux villes.

      Muhittin Altun (D), le rescapé de l’électrocution de Clichy-sous-Bois, accueilli par des amis après sa sortie de l’hôpital, à Clichy-sous-Bois, le 27 octobre 2005

      Muhittin Altun, qui avait été gravement brûlé dans le transformateur où deux de ses camarades, Zyed Bena et Bouna Traore, avaient trouvé la mort le 27 octobre 2005 à Clichy-sous-Bois (Seine-saint-Denis), compte parmi les personnes placées en garde en vue mardi soir à l’hôtel de police de Bobigny, a-t-on appris de sources concordantes.

      Agé de 18 ans, Muhittin a été interpellé mardi vers 22H00 à Clichy-sous-Bois pour dégradation volontaire de biens publics en réunion lors d’incidents entre forces de l’ordre et jeunes du quartier, a-t-on appris de source policière.

      Il aurait, selon la police, jeté des pierres sur un de leurs véhicules.
      "Muhittin Altun a été placé en garde à vue pour des faits dérisoires, un jet de pierre qu’il nie avec la dernière énergie. Nous sommes convaincus de son innocence" a indiqué dans la nuit de mardi à mercredi l’un des deux avocats de M. Altun, Jean-Pierre Mignard.

      Selon l’avocat, Muhittin devait participer mercredi en présence d’un juge d’i1nstruction à un "examen des lieux" dans le transformateur de Clichy-sous-Bois où Zyed Bena et Bouna Traore ont été tués.

      A la limite de Montfermeil et Clichy-sous-Bois, devant les tours de la cité des Bosquets, vers 23H30, des journalistes de l’AFP ont vu brûler un véhicule de police, dont sont sortis quatre policiers, visiblement choqués.

      Un hélicoptère, muni d’un projecteur, survolait les deux villes mardi soir.

      Lundi soir, les échauffourées qui avaient opposé à Montfermeil les forces de l’ordre à une centaine de jeunes cagoulés, dont certains avaient caillassé le domicile du maire, auteur en avril d’un arrêté anti-bandes, blessant sept policiers.

      Le 27 octobre 2005, pensant être poursuivi par la police, Muhittin Altun, Zyed Bena et Bouna Traore s’étaient réfugiés dans un transformateur électrique où ces deux derniers ont été électrocutés. Leur décès avait déclenché les émeutes urbaines de novembre. Gravement brûlé, Muhittin Altun avait été hospitalisé pendant cinquante jours.

      "Quelque mois après crise des banlieues, on a le sentiment pénible que rien n’est réglé, et on a toujours la même gesticulation du ministre de l’intérieur", a commenté mercredi matin sur France 2 le premier secrétaire du PS, François Hollande.

      "Il vient sur les lieux et annonce des engagements de l’Etat qui ne viennent jamais", a-t-il ajouté, soulignant également les responsabilités du Premier ministre Dominique de Villepin et du Président de la République Jacques Chirac.

  • Y’a des slogans qui disent : " Aide la police, tapes toi dessus"......Eh ben ça y est nous y sommes.
    Les belles paroles des politiciens ou sont elles ? Il me semblait que le gouvernement luttait contre le racisme, visiblement pas dans ses rangs. C’est une honte pour moi d’etre français a l’heure actuelle. Je ne vois pas la différence entre Sarko et H*****r, si nous laissons faire, les camps seront bientot réouverts.
    Les médias et les politiciens font tous pour que nous ayons la sensation de vivre dans un pays ou il faut avoir peur de son voisin.....
    La violence est le dernier refuge des incompétents.