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Le sinistre des transports Robien démenti par l’Inspection du Travail : reprise de la grève ?
Publie le jeudi 24 février 2005 par Open-Publishing2 commentaires
Il n’était plus possible de dissimuler indéfiniment le rapport de l’Inspection du Travail mettant clairement hors de cause les personnels tant dans l’accident ayant conduit au décès de l’hôtesse d’Air France que dans les autres "incidents" survenus en raison du non-respect de la sécurité des personnels.
Le principal responsable de cet "accident mortel du travail" est la recherche du profit dont Air France-KLM, compagnie privée désormais, a fait son objectif premier afin de servir à ses actionnaires la rémunération de leur capital.
Mais on est dans ce cas de figure comme dans d’autres dans le déni du réel.
L’évidence, c’est l’examen du rapport de forces salariés-patronat :
pour que les salariés se lancent dans une grève comme celle-d’Orly, il faut en 2005, hélas, que les raisons soient sérieuses, et même très sérieuses.
L’évidence c’est que Robien n’a pas à prendre partie de manière aussi scandaleuse contre les travailleurs.
L’évidence, c’est que les médias font de même, et qu’il faut boycotter notamment le paiement de la redevance audiovisuelle, mais aussi rechercher activement des sources d’information alternatives à ces médias serviles.
Pour que le salarié ne soit pas injustement sanctionné, il faudra probablement que la grève reparte. Il faudra amplifier le soutien aux salariés, contre l’ordre social dominant.
Messages
1. Défense de la grève, 24 février 2005, 23:19
Monsieur Barrot (Jacques) n’est pas n’importe qui. Ancien ministre, il est aujourd’hui commissaire européen. C’est donc, on l’admettra, une personnalité qualifiée pour parler des choses de l’Europe et de sa prétendue Constitution.
S’exprimant à propos de la grève des salariés d’Air France, il a déclaré, ce 20 février (dans les colonnes du Parisien) : « Ce qui s’est passé à Orly n’est en rien conforme à l’esprit de la future Constitution européenne, qui veut prévenir de tels débordements préjudiciables à l’image du syndicalisme, aux droits des passagers, aux intérêts économiques des compagnies. »
Ce qui s’est passé à Orly ? Une grève, tout simplement. Une grève de travailleurs pour des revendications. On lira dans ce journal ce qu’il en est des circonstances de la grève et des raisons qui ont conduit à cette situation (raisons dans lesquelles intervient, chacun pourra le vérifier, l’Union européenne elle-même).
Mais les propos de M. Barrot vont au-delà. A-t-il raison de dire que la grève d’Orly « va à l’encontre de l’esprit de la Constitution européenne » ? Oui, il a raison. Et cela ne concerne pas seulement la grève d’Orly. Cela concerne la grève en général. Les mêmes arguments ne nous ont-ils pas été servis lors de précédentes grèves de cheminots, de routiers… ?
C’est la grève qui est contraire à l’esprit de la « Constitution » européenne. En fait d’« esprit », celui-ci se limite à ces mots : « L’Union offre à ses citoyennes et à ses citoyens un marché intérieur où la concurrence est libre et non faussée » (article I-3).
On le conçoit : pour les patrons et pour les gouvernements, une grève, parce qu’elle fait entrave à la production et à la circulation des marchandises, « fausse la concurrence ».
Moyennant quoi, Barrot a raison de dire que « Constitution européenne » rime avec remise en cause du droit de grève.
Mais qu’est-ce que la grève ? C’est la classe ouvrière qui se dresse comme classe, avec ses intérêts spécifiques, contre la classe des patrons et-ou contre les gouvernants. La grève, c’est le moyen par lequel les travailleurs peuvent se défendre comme travailleurs. Sans droit de grève, la classe ouvrière est condamnée au silence ou à la protestation impuissante. C’est pourquoi les premières grandes luttes de classe en France, comme dans tous les pays, ont toujours cherché à imposer dans un même mouvement la reconnaissance du droit de grève et la reconnaissance de la liberté syndicale. Seules de brèves périodes de totalitarisme, comme par exemple le régime de Vichy de 1940 à 1944, ont remis en cause dans notre pays droit de grève et droit syndical.
Le droit de grève, c’est la reconnaissance de la classe ouvrière comme classe ayant des intérêts distincts à défendre, des droits et des organisations distincts. Le droit de grève, comme l’existence des syndicats indépendants, c’est l’essence de la démocratie. En décrétant la grève « contraire à l’esprit de la Constitution européenne », Barrot dit l’exacte vérité.
On nous objectera : Barrot est un réactionnaire, ses propos n’engagent que lui. Mais que penser de cette déclaration d’une femme « de gauche », Ségolène Royal, dirigeante du PS, qui se dit, toujours à propos de la grève d’Orly, « indignée » par « une explosion sauvage d’un mouvement de grève qui n’est pas bon pour le service public et pour les usagers » ?
On nous dira qu’il y a « un oui de gauche et un oui de droite » ? Les faits le prouvent : il n’y a qu’un oui à la « Constitution », c’est le oui de la réaction contre les acquis démocratiques et les droits des travailleurs.
Parce que les travailleurs ont plus que jamais besoin du droit de grève pour se défendre, et du droit de s’organiser pour exister comme classe, ils ont besoin aujourd’hui plus que jamais de la démocratie.
Démocratie, droit de grève, droit syndical : trois raisons pour faire triompher le vote non à la « Constitution » européenne.
Daniel Gluckstein
Informations ouvrières - Semaine du 24 février au 2 mars 2005 -
1. > Défense de la grève, 25 février 2005, 14:10
Barrot, Robien et Royal appartiennent au même parti : l’UEMPS, le parti des actionnaires.