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Le témoignage poignant et édifiant de Joêlle, une des responsables du DAL Orléans

Publie le mardi 26 octobre 2004 par Open-Publishing
1 commentaire


de Joëlle du DAL Orléans

Ce soir à 17 heures 30, j’ai été appelé par des copains en urgence à
la Préfecture. Quand je suis arrivée deux hommes s’étaient enchaînés
aux grilles avec chacun une bouteille d’acide chlorhydrique dans la
main. Le quartier était cerné par la police, des pompiers en nombre
étaient également présents. J’ai essayé de discuter avec ces deux
personnes, dont un que nous connaissons au DAL et l’autre qui m’a
appelé il y a deux jours. J’ai réussi à discuter avec ces deux hommes
qui hurlaient leur douleur. La douleur d’avoir été expulsés de leur
logement, pour l’un il y a quelques mois maintenant, pour l’autre il y
a quelques jours.

Aucune solution d’hébergement ne leur a été proposée
et pour cause, ils ont des chiens.

Comme dirait la SPA : "ne faites
pas comme eux, ne les abandonnez pas" !! Les pompiers sont intervenus
en combinaison spéciale pour faire tomber les bouteilles d’acide par
terre, d’autres pompiers sont intervenus pour arroser tout le monde
d’eau pour diluer l’acide. Cela n’a pas empêché l’un des deux hommes
de se verser de l’acide sur la tête. Leurs compagnes qui étaient avec
moi n’ont eu aucune information, personne ne leur a parlé, personne ne
leur a dit dans quel état étaient leurs compagnons, personne ne les a
écoutées, personne ne leur a rien proposé pour dormir. Ils ont été
emmenés au CHRO, et iront ensuite au CHD Daumezon d’après la police,
hospitalisés d’office par le Préfet.

Un fait divers ?

Non la
souffrance de personnes fragiles qui ne comprennent pas ce qui leur
arrive et que l’on vire brutalement de leur logement sans même
respecter leurs droits. Les chiens pleuraient, moi j’avais envie
d’hurler . Leur idée de départ c’était de s’imbiber d’essence et de
se faire brûler, ils ont préféré l’acide, moins facile à neutraliser.
Si les deux hommes vont être hébergés par obligation, leurs compagnes
sont toujours dehors. Elles menacent de se transformer en torches
vivantes et elles sont capables de le faire !! Mettre les gens à la
rue c’est tellement facile, surtout quand ils ne peuvent pas se
défendre.

J’en ai assez !

Pour ceux qui n’ont pas encore compris, nous
vivons dans une société où les plus fragiles et les plus pauvres sont
laminés et les plus riches plastronnent, même quand ils passent en
justice pour avoir détourner de l’argent. Je n’ai pas perdu mon temps
rue de Bourgogne, derrière les barrages de police, j’ai rencontré des
familles qui vivent sans electricité parce qu’elle leur a été coupée
ou qui ne vont pas tarder à ne plus avoir d’électricité ou qui sont
menacées d’expulsion.

La rêve hivernale commence le 1er novembre,
presque tous les jours, des familles nous appellent au DAL, parce
qu’elles vont être expulsées très prochainement. Nous avons empêché
l’expulsion de plusieurs familles depuis le mois de juillet. Nous ne
voulons pas que des enfants connaissent le traumatisme d’une
expulsion, traumatisme qu’ils garderont à vie.

Que faut-il faire ?

Céer un comité de vigilance expulsions et coupures de courant ?

Rétablir le courant à ceux qui n’en ont plus, qui s’éclairent à la
bougie et se chauffent au pétrole !!

Ca s’appelle de la désobéissance
civile, nous avons l’habitude au DAL, nous la pratiquons depuis
plusieurs années. Nous allons passé un cran au dessus avec peut être
l’aide de tous ceux à qui j’envoie ce mail, rétablir le courant,
empêcher les expulsions physiquement s’il le faut !!

Je crois que nous n’avons plus le choix !!

Joëlle - dal orléans

Commentaire :

Malgré les déclaration fracassantes de Borloo, les expulsions se
sont intensifiées, encore cette année. Que peuvent faire quelques
déclarations d’intention et des mesures marginales face à la flambée
des loyers, la généralisation de la spéculation, la progression de la
précarité.

Plus dure est la chute, quand on a cru en lisant la une du parisien
de cet été que les expulsions étaient terminées, avec une interview de
Borloo à la clef. La lutte contre l’exclusion et la misère est depuis
des années caractérisée par des politiques de communications et de
replatrage, à défaut de mesures réellement efficaces.

Les ministres et
gouvernements ont tous utilisé la même grosse ficelle, souvenez vous
les premiers plan d’hiver précarité, à la fin des années 80... Plus
les années passent, plus la ficelle est grosse, plus elle convient à
ceux et celles qui n’ont besoin que de ça , un peu de bla bla pour
continuer à participer à la production de la misère.

Des actions sont prévues dans les prochaines semaines pour faire
connaître ces gros mensonges, à commencer un rendez-vous demain,
mercredi à 14h au Sénat avec entre autres les associations de
chômeurs, contre le projet de loi de cohésion sociale.
Amitiés

Pour DAL fédé JB Eyraud .

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