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Le temps est venu de mettre le Traité de Non-Prolifération nucléaire à la poubelle

Publie le dimanche 5 février 2006 par Open-Publishing
5 commentaires

par Mike Whitney

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« Aucune disposition du présent Traité ne sera interprétée comme portant atteinte au droit inaliénable de toutes les Parties au Traité de développer la recherche, la production et l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, sans discrimination » Article 4 du Traité de Non-Prolifération Nucléaire (TNP) établi en 1968.

Il n’y a qu’un seul pays qui a jamais utilisé l’arme nucléaire.

Il n’y a qu’un seul pays ayant utilisé l’arme nucléaire contre des populations civiles.

Il n’y a qu’un seul pays qui a jamais menacé d’utiliser l’arme nucléaire contre des pays non nucléaires.

Il n’y a qu’un seul pays qui possède 10.000 ogives nucléaires, beaucoup d’entre elles étant en alerte immédiate contre des ennemis réels ou imaginaires.

Il n’y a qu’un seul pays qui a développé un arsenal d’armes nucléaires anti-bunkers de faible puissance « utilisables », suggérant qu’elles pourraient être légitimement utilisées, pas pour dissuader d’une agression ou pour prévenir une menace imminente, mais simplement pour éliminer la « suspicion » d’un programme d’armement.

Il n’y a qu’un seul pays qui justifie une agression non provoquée (préemption) par sa doctrine de « Sécurité Nationale”, l’autorisant à attaquer tout obstacle potentiel à ses velléités de domination globale.

Il n’y a qu’un seul pays qui actuellement occupe une nation musulmane de 25 millions d’habitants sans la moindre de preuve de menace imminente, de la présence d’armes de destruction massive ou d’agression territoriale.

Le Traité de Non-Prolifération Nucléaire (TNP)

L’objet du TNP (Traité de Non-Prolifération nucléaire) est de réduire ou d’éliminer le développement d’armements nucléaires. S’il doit avoir une portée réelle, il doit s’adresser aux nations qui non seulement ont des armes mais qui démontrent un mépris flagrant des lois internationales condamnant leur utilisation. L’AIEA devrait focaliser son attention sur ces états qui ont un passif établi d’agressions territoriales, d’interventions militaires ou qui violent régulièrement les résolutions des Nations-Unies.

Dans leur forme actuelle, l’AIEA et le TNP sont complètement vides de sens. Plutôt que de conduire le monde vers le désarmement nucléaire, l’agence et le traité ont simplement ignoré leur non-respect par les nations les plus puissantes et ont humilié les états non nucléaires avec des accusations douteuses et une rhétorique menaçante.

Le TNP n’a jamais été conçu comme un bâton pour battre les nations plus faibles, pas plus qu’il n’a été établi de facto comme un système d’apartheid par lequel la superpuissance et ses alliés peuvent se conduire en seigneurs face aux états plus faibles, les forçant à agir selon leurs diktats. Il a été conçu pour infléchir le développement des armes les plus mortelles au monde, pour finalement les éliminer totalement.

Les manoeuvres politiques entourant les supposés programmes d’armes nucléaires iraniens démontrent l’inapplicabilité et l’hypocrisie du système actuel. Jusqu’à maintenant, il n’y a aucune preuve concrète démontrant que l’Iran ne respecte pas les termes du traité. Cela n’a pas dissuadé l’administration Bush d’intimider aussi bien ses alliés que ses adversaires pour les pousser à traduire l’Iran devant le Conseil de Sécurité. L’administration Bush demande au Conseil de Sécurité d’appliquer “des protocoles supplémentaires” qui empêcheront l’Iran d’enrichir l’uranium pour un usage dans ses centrales nucléaires civiles, un droit qui est très clairement exprimé dans le TNP.

L’article 4 de la section 2 affirme :
« Toutes les Parties au Traité s’engagent à faciliter un échange aussi large que possible d’équipement, de matières et de renseignements scientifiques et technologiques, en vue des utilisations de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, et ont le droit d’y participer ».

La volonté de l’Iran d’enrichir l’uranium est protégée par la loi internationale et ne devrait pas être stoppée pour satisfaire les ambitions régionales des Etats-Unis. Concéder leurs droits légitimes porterait un coup au principe des accords internationaux, impliquant que l’administration Bush a, elle seule, le dernier mot pour les questions d’intérêt global.

Pourquoi l’Iran accepterait un standard pour lui-même qui serait différent de celui de tout autre signataire du TNP ?

Aucune nation ne devrait volontairement accepter d’être traitée comme paria sans preuve d’infraction.

Le fait que les Etats-Unis occupent le pays voisin alors qu’ils doivent encore prouver une justification cohérente à leur invasion est un rappel amer de l’inconsistance aussi bien des Nations Unies que de l’AIEA. Ces deux organisations sont restées résolument silencieuses quant aux faits incontestables de non-respect des droits de l’homme, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Pendant que l’Iran est rondement condamné par les chefs d’états et les grands médias, le plus grand crime de notre génération se poursuit depuis plus de trois années sans reproche de la part des instances mondiales. La communauté internationale effrayée détourne simplement son regard.

Ces faits à eux seuls illustrent l’inefficacité des institutions qui sont créées pour maintenir la paix.

Si les responsables de l’AIEA étaient un tant soit peu consistants, ils devraient porter leur attention vers les vraies menaces de prolifération nucléaire posées par ces nations qui considèrent l’arme nucléaire comme un privilège qui devrait être limité à un certain groupe d’états dominants. Si l’AIEA ne peut accomplir son devoir d’une manière neutre qui respecte les droits de toutes les nations de manière équitable, elle doit se dissoudre et abolir le TNP sans délai.

Si l’AIEA est dans l’incertitude quant aux réelles menaces à une paix régionale, elle devrait prendre note des nombreux rapports récents qui invariablement listent les mêmes nations belligérantes comme étant les premiers agresseurs. Ce sont ces pays qui devraient être examinés le plus soigneusement.

Il n’est pas dans les compétences de l’AIEA de maintenir les nations plus faibles hors du club fermé des nations nucléaires. Cela permet simplement aux états plus puissants de brimer leurs ennemis avec la menace d’utiliser leurs armes de destruction massive. En fait, il est évident de constater que la disparité actuelle des puissances militaires a créé un déséquilibre périlleux entre nations, qui est en train de propager la guerre dans le monde entier.

Il suffit seulement de regarder Haïti, l’Afghanistan, l’Iraq ou le Kosovo pour voir les échecs scandaleux du modèle unipolaire, où les prouesses militaires d’un pays sont si grandes qu’il s’enhardit à arbitrer ses désaccords par la force. Le TNP n’a pas été créé pour faciliter les ambitions impérialistes de la superpuissance, mais pour protéger les innocents de la probabilité grandissante d’un holocauste nucléaire.

Si le TNP ne peut réduire la menace d’une guerre nucléaire de la part de nations manifestement hostiles, il doit être abandonné complètement.

Mike Whitney vit dans l’état de Washington. Il peut être joint à : fergiewhitney@msn.com

Messages

  • VOUS AVEZ BIEN RAISON !

    Et que tous les petits tyrans de la terre s’occupe de se procurer la bombe , cela rendra sans doute le monde plus sur .

  • Merci NoMoreW pour ce texte on ne peut plus clair et merveilleusement argumenté.
    La maîtrise de l’énergie nucléaire pacifique est un droit pour tous les peuples.
    L’hystérie contre l’Iran est le fait des puissances atomiques qui prétendent conserver ce privilège.

    Et si l’Iran utilisait l’énergie nucléaire dans un but militaire (au mieux de dissuasion) ? Quel est le problème en fait ? Regardons les voisins de l’Iran : Pakistan et Inde (possédant la BA), Israël (possédant la BA et largement colonialiste et hégémoniste), l’Irak et l’Afghanistan sous contrôle US (qui ont bombardé Nagasaki et Hiroshima), la Russie ( et ses BA), la Turquie contactée par C. Rice pour servir de base d’attaque de l’Iran. Ne serait-il pas suicidaire de la part de l’Iran de renoncer à se doter de la BA elle-aussi sauf à s’en remettre à la "protection" des Etats-Unis ? Un dilemme qui n’en est réellement pas un, évidemment.

    Jimmy Carter interviewé sur CNN par Larry King le 1er février 2006 :
    « Je ne crois pas que nous ayons actuellement en tête de leur remettre [au peuple irakien] la responsabilité de l’approvisionnement en pétrole et de les laisser décider qui gère le pétrole, comme par exemple la France et la Russie, et j’espère que nous ferons marche arrière et les laisserons mener leurs propres affaires politiques. Ce que je crois, c’est qu’il y a des gens à Washington actuellement, certains de nos dirigeants les plus haut-placés, qui n’ont aucunement l’intention de retirer les forces militaires d’Irak et ils se projettent 10, 20, 50 ans dans l’avenir avec cette forte présence militaire. (…) La raison pour laquelle nous sommes allés en Irak était d’établir une base militaire permanente dans la région du Golfe et je n’ai jamais entendu un seul de nos dirigeants dire qu’il s’engageait auprès du peuple irakien sur le fait que dans dix ans il n’y aurait pas de base militaire états-unienne en Irak. »

    Toutes ces gesticulations autour du nucléaire iranien ne sont que les prémisses à une tentative américaine de réaliser ce "nouveau Proche-orient" rêvé par les faucons et les pétroliers du grand capital, soucieux de se ménager le contrôle d’une région riche en pétrole et de préserver la dictature du dollar dans le commerce mondial. Ces 2 éléments sont en fait critiques pour la survie des EU en tant que puissance suprématiste mondiale, et même pour leur survie tout court.

    Le TPN est instrumentalisé par les états atomiques et l’impérialisme états-unien et de ce fait totalement inefficace dans la non-prolifération nucléaire. Ce n’est qu’une arme pour propager l’hégémonie américaniste. Il sera pour toujours impossible, parce que injuste, de freiner le développement de nouvelles armes atomiques sans désarmer au préalable toutes les puissances atomiques actuelles.

    L’utilisation de l’arme atomique par des groupuscules terroristes est totalement fantaisiste. Cette crainte avait été agitée lors de l’effondrement de l’URSS et rien ne s’est produit. Les techniques des groupes terroristes sont bien différentes, utilisant des actions certes meurtrières mais ponctuelles, de faible coût et permettant plus de discrétion. Seuls des états hégémonistes seraient (et ont déclaré être) prêts à utiliser la BA (même contre des groupes terroristes : quelle absurdité dans la disproportion !).

    Aussi les mouvements pour la paix qui réclameraient de mettre un frein au développement du nucléaire en Iran se rendraient ipso facto complices des EU et d’Israël, puissances atomiques, qui se déclarent prêtes à utiliser l’arme nucléaire contre l’Iran.

    Il n’y aura jamais de monde dénucléarisé sans dénucléarisation préalable des états qui possèdent déjà la BA. Ne nous trompons pas d’ennemi !

    Kermit (pacifiste mais pas aveugle)