Accueil > Le traité constitutionnel : un révélateur
Tout d’abord, je voudrais faire remarquer un petit rectificatif, car j’ai employé à dessein le terme traité et non pas directement constitution. Ce qui est présentée comme une constitution n’est en fait qu’un traité écononomique et juridique que je considère comme un simple contrat. On nous demande de cautionner un nouveau contrat libéral. C’est une pseudo constitution et j’y reviendrais ultérieurement.
Je voudrais davantage focaliser l’attention sur l’aspect périphérique induit, aux yeux du simple citoyen, du voile qui se déchire, des masques qui s’abaissent et des comportements mis à nus, une fois n’est pas coutume.
Nous assistons, pour certains, une deuxième fois, à l’abandon des forces vives au profit des intérêts partisans. Toutes les institutions et tous les appareils sensés nous représenter n’étaient que de la poudre aux yeux. Ils se montrent peu ou prou, en réalité bien petits et biens médiocres. Ce n’est que la répétition micro-historique des accords de Grenelles en 1968, lorsque tout le monde est rentré dans le rang. Pourtant pendant un instant, le balancier du temps avait penché en faveur d’un monde plus équitable, plus social et plus humain. Les forces populaires par manque d’un grand projet, par manque de maturité autonome, bercées par l’état providence, étaient retournées au travail et au silence.
Ainsi, il se confirme que ce qui est le plus utile au simple citoyen, c’est le simple citoyen lui-même. Nous pourrions traduire cette aspiration utilitaire citoyenne par la mise en place de comité think thank, la coordination de toutes les expériences de sociétés anticapitalistes et antispéculatives. Etudier les expériences de partage et d’échange, en profiter pour introduire la notion de sagesse. Chez les indiens Iroquois, quand les anciens débutaient un conseil, les premières paroles étaient : nous devons penser et peser gravement nos décisions pour ne pas mettre en difficulté et en péril la septième de nos générations.
Plus le débat sur la pseudo-constitution avance et agite les esprits, plus nous nous aperçevons que le chantier du référendum est une aubaine pour le citoyen. Il est le révélateur de la position des pièces sur l’échiquer. Sans doute pas les pièces principales mais celle des pions qui les couvrent. Nous devons être très attentifs à ce qui se passe sous nos yeux et savoir rapidement en tirer les conclusions et les leçons qui s’imposent. Il est très rare que les gardes s’abaissent laissant entrevoir des vérités bien cachées. Nous sommes à un moment privilégié du balancier, saurons-nous en tirer parti cette fois-ci ? Je suis curieux de savoir si le citoyen de 2005 est différent de celui de 1968.