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"Le tsunami de faillites et de pertes d’emplois que nous sommes sur le point de voir"
Publie le mercredi 12 novembre 2008 par Open-PublishingMardi 11 novembre 2008, The Telegraph :
« Pour ceux d’entre nous qui voudraient croire que nous avons presque touché le fond de cette crise, un rapport de Standard & Poor’s publié mardi 11 novembre 2008 constitue un désagréable rappel sur les difficultés à venir.
Intitulé « Assurer les flux de refinancement en Europe », il avertit que 2 100 milliards de dollars de dette viendront à échéance en Europe de l’Ouest et en Grande-Bretagne au cours des trois prochaines années.
Comme on peut le voir dans le tableau ci-dessous, une grande partie de cette dette devra être remboursée au cours des douze prochains mois.
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2339
Étant donné que les marchés du crédit sont encore défaillants en Europe (plus encore qu’aux USA, où certaines obligations spéculatives trouvent toujours preneurs), cette échéance sera au mieux très coûteuse à refinancer.
Le coût moyen des emprunts a augmenté de 2,25 % depuis le mois d’août 2007 - pour ceux qui peuvent encore emprunter.
« Étant donné la montée en flèche du coût du capital, l’important flux de dette arrivant à échéance suggère l’existence d’un risque de refinancement substantiel », avertissent les auteurs du rapport.
L’Allemagne mène le peloton, avec 696 milliards de dollars (soit 40 % du total). Mais la Suède et les Pays-Bas ont une dette plus lourde, relativement à la taille de leurs économies.
Les banques et établissements financiers totalisent 72 % des émissions de dette venant à échéance. Pour les autres secteurs ce montant s’élève à 586 milliards de dollars, et c’est là que se trouvent les véritables difficultés. Ils devront rembourser 41 % (243 milliards de dollars) d’ici la fin de l’année prochaine.
Ces difficultés de refinancement mettront à l’épreuve les opérations de sauvetages des banques européennes. Ce qui se dit dans le quartier des affaires, c’est que certains États verront leur signature soumise à l’épreuve du feu. L’Irlande, la Belgique, l’Autriche, la Grèce sont sur la liste, mais la Grande-Bretagne n’est absolument pas sûre de son sort.
Mon point de vue - que les lecteurs connaissent - c’est que la Banque centrale européenne, la Banque d’Angleterre, et la Banque de Suède ont été trop lentes à apprécier le danger dans cette crise. Même si aujourd’hui la Banque d’Angleterre est en phase de rattrapage accélérée.
Ces banques centrales se sont fixées sur les parallèles avec la situation d’inflation des années 1970, confondant l’envol des prix de l’alimentation et du pétrole auquel on a assisté cette année avec l’apparition d’une inflation systémique, alors que le principal danger était la déflation de la dette.
Notez que la Banque du Japon a fait la même erreur à la fin 1990, date à laquelle elle a augmenté ses taux de 6 % lors du mini-pic inflationniste dans les pays d’Asie.
La bulle du Nikkei avait déjà explosé - et vous connaissez la suite de l’histoire. Ce resserrement tardif de la politique monétaire avait provoqué des ravages dans l’économie japonaise.
Il est également clair à présent que la BCE - qui a nié durant des mois jusqu’à l’effondrement de Hypo Real, Fortis, Dexia, en septembre 2008 qu’il y ait eu resserrement du crédit en Europe - ne savait pas que les banques européennes étaient plus exposées à l’effet de levier que les banques américaines - et de loin plus exposées sur les bulles des marchés émergentes (à hauteur de 3 500 milliards de dollars, selon les données de la Banque des Règlements Internationaux).
Si les banquiers centraux d’Europe avaient accordé plus d’attention à l’ensemble du système mondial - avec toutes ses pièces en mouvement - au lieu des données limitées qu’ils utilisent de façon routinière, ils auraient peut-être pu éviter ces écueils.
Mais maintenant, le mal est fait. Il faut dix-huit mois environ à une politique monétaire pour produire ses effets, de sorte que la dernière baisse des taux n’arrivera pas à temps pour éviter une véritable récession grave en Grande-Bretagne et en Europe. Je ne doute pas que le tsunami de faillites et de pertes d’emplois que nous sommes sur le point de voir aurait pu être évité dans une large mesure.
Ce sont les banques centrales qui ont à l’origine donné naissance à cette grande bulle de la dette, en maintenant le prix du crédit trop bas durant trop longtemps. Elles ont ensuite viré vers l’autre extrême, en une tentative avortée de réparer les dégâts qu’elles avaient causés elles-mêmes, ne parvenant qu’à rendre la situation encore pire.
Il faudra à tout coup punir les banquiers d’affaire qui faisaient de la retape pour le crédit structuré. Mais nous ne devons pas non plus oublier le rôle que les banques centrales et les gouvernements ont joué à cette occasion.
Article original en langue anglaise :
Traduction : Contre Info.