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Les GI de plus en plus agressifs avec les journalistes

Publie le vendredi 14 novembre 2003 par Open-Publishing

Alors que les attaques de la guérilla irakienne se multiplient, les soldats américains sont de plus en plus agressifs avec les journalistes en Irak : arrestations, confiscations de matériel, violences physiques et verbales... le nombre d’incidents est difficile à évaluer mais il semble en forte augmentation depuis deux mois.

A Washington, les représentants de 30 entreprises de presse ont écrit au Pentagone pour exprimer leur consternation. Dans une lettre adressée au secrétaire adjoint par intérim à la Défense, ils rappellent des recommandations du ministère américain de la Défense aux GI selon lesquelles "les produits des médias ne seront pas confisqués ou saisis."

Le président des Directeurs de la rédaction de l’Associated Press (AP), une association regroupant des responsables de plus de 1.700 journaux américains et canadiens abonnés à l’agence AP, ont envoyé mercredi une lettre de protestation au Pentagone. En octobre, la Fédération internationale des journalistes, basée en Belgique, a dénoncé le harcèlement croissant des reporters en Irak, certains ayant même été battus, depuis la chute de Saddam Hussein.

"Des recommandations transmises aux unités de la coalition affirment explicitement que l’on ne doit pas interférer avec le travail des journalistes et que leurs caméras et leurs films ne doivent pas être saisis", souligne le commandant américain William Thurmond, au Centre d’information et de presse de la coalition. Mais "nous sommes conscients que des éléments individuels ne suivent pas ces consignes", ajoute-t-il.

Un certain nombre de journalistes, notamment des Irakiens et d’autres Arabes travaillant pour des médias étrangers, affirment être souvent menacés lorsqu’ils tentent de filmer les lieux d’une attaque de la guérilla irakienne. Certains ont été arrêtés et détenus durant de brèves périodes.

Al-Jazira, la chaîne d’information basée au Qatar, a été accusée à plusieurs reprises par les autorités américaines de reportages tendancieux en Irak, ce que la chaîne dément. Il y a deux semaines, les forces de la coalition ont arrêté deux employés d’Al-Jazira sur la base d’allégations selon lesquelles ils étaient au courant de la préparation d’un attentat. Al-Jazira a jugé ces accusations ridicules et les deux hommes ont finalement été libérés.

Un journaliste travaillant pour une grande chaîne américaine de télévision a raconté que son équipe avait été menacée de se voir confisquer son matériel à au moins dix reprises ces dernières semaines.

Des reporters ont essuyé des tirs américains. En août, le caméramen de l’agence Reuters Television Mazen Dana a ainsi été tué à Bagdad alors qu’il filmait sur les lieux où s’était déroulé une attaque au mortier.

Le photographe de l’AP Karim Kadim et son chauffeur irakien ont essuyé des tirs de mitrailleuse de la part des Américains il y a deux mois. Lors du même incident, un char américain a également tiré à la mitrailleuse sur un correspondant de l’AP, Tarek al-Issawi, qui assistait à la scène. Les trois hommes n’ont heureusement pas été atteints. BAGDAD (AP)