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Les Maghrébins indésirables au Cap-d’Agde

Publie le dimanche 14 août 2005 par Open-Publishing

de Nicolas Genthial

SOS Racisme dénonce un système de discrimination à la location estivale dans la commune héraultaise. Nouvelle manifestation hier.

Jeudi 11 août, SOS Racisme a accroché une banderole devant l’office de tourisme du Cap-d’Agde. Dessus : « Vacances interdites aux Arabes ». Puis, l’association a distribué des tracts aux touristes, plutôt surpris. Depuis le 5 août 2003, SOS Racisme ferraille contre l’office municipal de tourisme (OMT) de cette commune de l’Hérault. Motif : des discriminations raciales seraient commises par des professionnels de l’immobilier, associés à des membres du personnel de l’OMT.

Saisi par l’association, le procureur de la République de Béziers a décidé du classement sans suite de cette plainte. Pour SOS Racisme, qui affirme que les preuves matérielles existent et que des personnels de l’OMT ont reconnu l’existence du système, rien ne va plus. L’association, indignée, a délivré une citation directe devant le tribunal correctionnel de Béziers à l’encontre de la responsable des réservations à l’OMT du Cap-d’Agde ainsi qu’à l’encontre de l’OMT, en tant que personne morale.

Selon Dominique Sopo, président de SOS Racisme, les fichiers découverts par la police à l’OMT contenaient une liste d’agences immobilières qui mentionnaient : « Ne pas envoyer de personnes M ». « M » signifiant... « Maghrébin ». Des recommandations qui continueraient d’avoir cours. « Puisque l’affaire a été classée sans suite, poursuit Dominique Sopo, pourquoi les agences arrêteraient aujourd’hui de discriminer ? » SOS Racisme a donc décidé de durcir le ton. Après l’accrochage des banderoles et des tracts, Dominique Sopo s’est adressé aux caméras qui suivaient l’action et a interpellé le ministre de la Justice ainsi que le ministre du Tourisme en demandant que soit retiré le label Pavillon bleu, qui intègre aussi des qualités d’accueil, à la commune du Cap-d’Agde.

Le directeur de l’office de tourisme, absent au moment des faits, n’a pu répondre de l’accusation portée par l’association. Seule une employée est sortie pour tenter d’enlever la banderole... avant de s’esquiver à la vue des caméras. La police s’est contentée d’observer le déroulement de cette action coup de poing. La mairie, soupçonnée par SOS Racisme de couvrir l’affaire et de s’en faire complice, ne s’est pas manifestée. Avant de quitter les lieux, Dominique Sopo a affirmé qu’il existait là un authentique cas de dysfonctionnement de la justice et une réelle complicité de sa part. « Nous n’avons pas affaire à un cas isolé, mais bien à un cas qui implique les notables d’une ville. Avec les preuves matérielles aussi évidentes, avec l’aveu des personnels, il est inadmissible que la justice classe sans suite cette affaire. »

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