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L’attentat de la gare de Madrid vient de faire deux cents morts tout en mutilant et traumatisant à jamais des centaines d’autres personnes innocentes. C’est une nouvelle fois l’occasion d’affirmer qu’aucune cause, aussi juste soit-elle, ne peut justifier les actes terroristes ni la violence armée.
Et je doute fort que parmi les 21.000 signataires de la pétition hébergée par Mauvais genres, il y ait beaucoup d’avis contraire. Cela donne d’autant plus de force à notre exigence commune : Cesare Battisti et tous ses camarades italiens exilés en France doivent continuer à bénéficier de l’asile politique tel qu’il leur a été garanti par le président Mitterrand et par tous les gouvernements de gauche comme de droite qui se sont succédés durant presque vingt ans.
Je ne suis pas sourd et j’entends comme chacun d’entre nous monter cette rumeur qui affirme que nous défendons un assassin. Ces appels à la haine ont déjà fait des petits. Notre collègue Lilian Bathelot nous a fait savoir que samedi 6 mars au matin, un petit groupe d’hommes bottés et cagoulés a fait irruption dans la mairie de Frontignan. Après avoir intimidé le personnel municipal présent, ces hommes ont affiché des tracts dans le hall de la mairie qui dénonçaient le soutien du maire et du conseil municipal de la ville à Cesare Battisti. De cet événement, chaque lecteur tirera des enseignements. Notamment le fait que certains de nos détracteurs qui prétendent condamner la violence, l’utilisent pour tenter d’intimider ceux qui ne pensent pas comme eux.
Aux autres, à tous ceux qui, dans les forums sur le Net ou ailleurs, se complaisent à réciter la liste détaillée des homicides dont est accusé Battisti (liste publiée à plusieurs reprises dans certains journaux) et se moquent de nous qui avons signé. Je pense qu’on peut légitimement demander à ces personnes s’il leur arrive parfois de douter. Et si le fait que Battisti nie ce dont on l’accuse ne les amène pas à s’interroger. Car tout de même, le ministre de la justice a menti dès le départ. Il nous a raconté un gros mensonge en expliquant que la police avait découvert que Battisti était sous le coup d’une demande d’extradition, à l’occasion d’une dispute avec un voisin qu’il avait menacé de mort. Le document que nous publierons dans notre prochaine gazette démontre que rien de tout cela n’est vrai. Personne ne s’est disputé avec Battisti. Son arrestation était préméditée de longue date. Mais ce gros mensonge ne semble pas troubler nos détracteurs que la tentative du ministre de faire rejuger une chose déjà jugée laisse inertes. Le comble c’est que cet homme dont la fonction consiste à faire respecter la loi, semble décidé à la s’asseoir dessus tout en reniant la parole de la France.
Je suis allé questionner Cesare Battisti pour savoir comment il vivait ces moments difficiles. Il m’a confié une information intéressante. Dans sa prison, il a reçu de nombreuses lettres dont plusieurs dizaines (une centaine environ) commençaient ainsi : « Monsieur, je ne suis pas de votre camp ; je vote à droite mais j’ai signé la pétition vous concernant dans la mesure où j’estime qu’une parole donnée doit être respectée. »