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Les SDF entrent dans la campagne électorale
Publie le lundi 1er janvier 2007 par Open-Publishing1 commentaire

de Mina Kaci
Exclusion . À quatre mois du scrutin présidentiel, les sans-abri se sont imposés dans le débat politique. L’exclusion, la misère et le logement sont venus au premier rang des préoccupations.
Qui peut contester le plan gouvernemental en faveur des sans-abri ? Chiffré à 70 millions d’euros, il devrait permettre un meilleur accueil, notamment avec l’extension des plages horaires dans les centres d’hébergement et la transformation de quelque 80 % des places d’urgence en structures à long terme.
Mais si la plupart des associations se déclarent satisfaites par les mesures annoncées par Catherine Vautrin, ministre déléguée à la Cohésion sociale, elles estiment aussi que le plan gouvernemental, impulsé par le président Jacques Chirac, est loin de tendre vers un règlement de cette crise sociale.
Action spectaculaire
« Il faut une solution globale à un problème global. Si on ne règle pas le problème du logement, on ne règle pas le problème des SDF », tranche Jean-Baptiste Legrand, porte-parole des Enfants de Don Quichotte. Nouveau collectif de défense des sans-abri, il a su remettre ces personnes pauvres sur le devant de l’actualité en installant un campement de 250 tentes sur les rives du canal Saint-Martin, à Paris. Une action spectaculaire qui a mis en lumière le travail qu’effectuent depuis plusieurs années des associations telles que le DAL, la Fondation Abbé Pierre, Emmaüs ou Médecins du monde. L’initiative des Enfants de Don Quichotte a également permis de faire sortir le gouvernement de son silence et d’interpeller les responsables politiques sur cette question.
Mais cette question ne s’impose-t-elle pas aussi parce que le nombre de SDF ne cesse de croître ? Devenu un phénomène de société, ce dossier ne peut plus laisser personne indifférent à l’approche de l’élection présidentielle. Selon l’INSEE, 86 000 personnes sont privées de domicile propre, dont 8 % vivent dehors. Une estimation partielle, sans doute, puisque seules les personnes ayant fréquenté les services d’aide ont pu être recensées. Autre révélation de l’institut : 29 % des SDF ont un travail, essentiellement précaire.
À eux seuls ces chiffres permettent de mieux comprendre pourquoi les associations restent sceptiques à l’égard du plan gouvernemental. La Fondation Abbé Pierre souligne qu’il faudrait « vraiment construire 120 000 logements sociaux par an ». « Les Enfants de Don Quichotte ont obtenu une première avancée, mais ce qu’il faut, c’est trouver des logements stables », note le DAL. Amnesty International n’hésite pas à accuser la France de violer le « droit à un logement suffisant » qu’elle s’est engagée, par un traité international, à garantir à ses habitants. « Il faut que cesse le SDF show pour s’attaquer aux problèmes de fond que sont le chômage de masse, le manque de logements sociaux, le coût excessif des loyers, la progression de la pauvreté », s’exclame France Terre d’asile.
Un projet cohérent
Autant de réactions d’associations auxquelles se sont ajoutées celles de responsables politiques. Le PS regrette qu’« il ait fallu attendre la mobilisation de ces derniers jours pour que le gouvernement et le président de la République prennent enfin la mesure de la crise et décident d’élargir le temps d’ouverture des centres d’hébergement d’urgence et d’augmenter le nombre de places ». Le PCF préconise « la réquisition des logements vides et la construction massive de logements publics ». Les deux partis disent s’associer à la charte des Enfants de Don Quichotte, qui, en six articles, dessine un projet cohérent d’accès « de tous à un logement ». Le PCF la compare « à un plan d’action citoyen, un appel à la révolte utile contre l’indifférence ». Le PS affirme que les « objectifs » fixés par l’association « recoupent » nombre de ses propositions. François Hollande, le premier secrétaire, n’hésite pas à inviter les responsables des Enfants de Don Quichotte, « au moment où ils en décideront, à participer sur cette base à une réunion de travail dans le cadre du projet des socialistes pour l’élection présidentielle ». Il faut dire que la charte que cette association a rédigée, le 25 décembre, rencontre un écho certain. Chaque jour, environ trois cents personnes la signent (1).
À quatre mois du scrutin présidentiel, le logement en général, celui des sans-abri en particulier, revient au premier plan sur la scène politique. La mort d’un septième SDF, une femme de cinquante-huit ans demeurant sous une tente, à la Rochelle, a sans doute poussé le gouvernement à réagir. Ce dossier s’imposera-t-il tout au long de la campagne électorale ?
Messages
1. Les SDF entrent dans la campagne électorale, 4 janvier 2007, 08:16
Comme l’a dit Augustin Legrand, sur France 2 hier vers 13h30 : il veut empêcher la montée des "extrêmes" pour ces élections. JdesP