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Les droits de l’homme contre les droits du peuple cubain

Publie le lundi 30 juillet 2007 par Open-Publishing
4 commentaires

La philosophie des droits de l’homme se veut un point de référence universel, transculturel et apolitique. Ce concept idéologique est sujet à caution moins par les différences de perspective culturelles que par le maniement politique dont il fait l’objet. Comme le démontre Marx, l’idéologie des droits de l’homme est un des fondements du système capitaliste qui oppose l’homme in abstracto à l’homme réel. Supposée protéger l’individu, cette philosophie s’impose comme un nouveau levier d’ingérence et d’asservissement. Elle permet tout à la fois de légitimer le réel et de définir ce qui devrait être selon le point de vue et les intérêts du pouvoir en place. Elle est configurée par un moment et des intérêts particuliers. En déniant cette subjectivité, cette philosophie devient un dogme. La falsification consiste à faire passer une représentation idéologique en vérité absolue conforme aux intérêts de tous.

La conception étasunienne des droits de l’homme escamote l’émancipation politique de l’individu au bénéfice de son développement personnel. Ces droits consacrent le droit de l’individu égoïste et détaché de la communauté à disposer de ses biens. Les gouvernants bourgeois ont donc pour fonction principale de garantir les conditions de la libre jouissance : la sécurité des personnes et des biens. L’universalisation des droits de l’homme favorise ainsi même l’expansion du système capitaliste. Ceux qui violent les droits de l’homme sont ceux qui ne respectent pas les principes de l’ordre capitaliste. Il s’agit dès lors de les mettre à l’index pour non-respect des règles de l’ordre bourgeois.

Les intérêts économiques et politiques priment sur les valeurs humaines. Le degré d’exigence vis-à-vis de son effectivité est fonction du pays concerné, de son orientation politique et des intérêts économiques en jeu. L’ascendant de certains États sur les organisations internationales entache leur neutralité. Les Etats-Unis ont noyauté très clairement la Commission des Droits de l’Homme pour tenter d’isoler Cuba et porter atteinte à son prestige. Le nouveau Conseil des droits de l’homme vient d’interrompre le rituel de condamnation annuel contre Cuba. La base matérielle pour pointer Cuba en particulier est inconsistante en regard des graves violations commises par les alliés des Etats-Unis si ce n’est par les Etats-Unis eux-mêmes. Il n’y à Cuba ni torture ni assassinat d’opposants politiques mais des mesures de sauvegarde contre des opposants en cheville avec des gouvernements étrangers pour renverser le pouvoir en place.

Pour la révolution, l’autodétermination et la souveraineté nationale constituent le socle des droits de l’homme. Cuba estime que seule l’indépendance économique et politique est apte à garantir les droits des personnes. Chaque pays devrait avoir le droit de choisir en conscience ses propres orientations. La matérialité des droits est une préoccupation constante de la révolution cubaine. Malgré des ressources limitées, Cuba cherche à concrétiser des droits que les pays capitalistes se contentent de proclamer. Les taux d’accès à l’éducation, à la santé, au logement, à la culture y sont remarquables compte tenu de la réalité historique et économique (voir http://www.unicef.org/infobycountry...).
Les Etats-Unis instrumentalisent de leur côté l’idéologie des droits de l’homme pour interférer dans les affaires politiques de Cuba. La violation des libertés individuelles est devenue l’ultima ratio pour violer la souveraineté des peuples. Et c’est cette menace perpétuelle qui entrave la dialectique libertaire de la révolution. On ne peut dissocier le contexte politique de l’évaluation des libertés. Les droits individuels qui sont susceptibles de compromettre les intérêts collectifs subissent effectivement des restrictions. Au vu des visées impérialistes, il est en effet impossible d’accorder des libertés civiques (droit de réunion, d’association, pluralisme des médias) illimitées sous peine de sceller le retour des prédateurs capitalistes.

Depuis le triomphe de la révolution, une campagne de diffamation sans pareille a été mise en œuvre pour déstabiliser la révolution cubaine. Il s’agit de créer une donnée immédiate de conscience imperméable aux faits. Dans l’imaginaire collectif, Cuba est devenue en dépit de la réalité factuelle synonyme de dictature comme Fidel Castro de dictateur.

La crédibilité d’une accusation dépend pour une grande part de la crédibilité de l’accusateur. Les Etats-Unis et leurs laquais ont perdu à Abu Ghraib, Guantanamo, Bagram toute légitimité pour juger un pays qui a choisi courageusement sa voie vers l’émancipation réelle de son peuple.

Emrah KAYNAK

Messages

  • Je ne connais aucun texte de Marx sur "l’idéologie des droits de l’homme", par contre Marx parle, indirectement des droits "des" hommes. "Le libre développement de chacun comme condition du libre développement de tous" (le Manifeste....)

    CN46400

  • Les droits des hommes, comme les droits de l’homme, sont une revendication essentielle pour l’exercice du socialisme, réel pouvoir des travailleurs,.... Sans droits de l’homme et droits des hommes (et des femmes) le socialisme peine et se déforme.

    Les absences de ces droits sont les conséquences de l’idéologie inégalitaire dans les sociétés , idéologie qui considère que les travailleurs doivent être infantilisés et n’ont pas le droit de décider , pas le droit de libertés que d’autres s’octroient.

    L’utilisation, par la bourgeoisie, de l’espérance que constitue la bataille pour les droits de l’homme, n’y change rien. Ce n’est pas sa bataille et elle l’utilise , non comme un principe, mais comme machine de guerre contre tout ce qui lui résiste.

    Pourtant la bataille sur les droits de l’homme est une bataille essentielle et libératrice. Elle signifie par exemple qu’au rythme du "totalitarisme castriste", il faudra 10 000 années de manquement aux droits de l’homme par la direction cubaine pour tuer autant de gens que Busch en a fait en Irak en un an .

    Les droits des Cubains, leurs droits d’expression, libertés fondamentales, de réunion, d’exercer collectivement et démocratiquement le socialisme, sont le moteur des droits du peuple cubain. Quand les premiers s’affaiblissent, le peuple cubain se retrouve dans un coin du ring sous les coups de l’impérialisme américain, le même qui rêve de retrouver droit de propriété , cinquante ans après, sur ce que furent les bordels et casinos de front de mer à Cuba.

    Les droits de l’homme ne peuvent être contre les droits du peuple cubain, ils sont au contraire ce qui peut garantir l’exercice du pouvoir des travailleurs et incidemment donc les droits du peuple cubain, face aux tentatives de domination de l’impérialisme américain.

    Ce qui pose problème est donc deux choses :

    1) L’utilisation de l’espérance révolutionnaire et libératrice en des droits de l’homme (et de la femme) par des gens qui se taisent sur des manquements infiniment plus graves (le probable million de morts en Irak) et qui visent sur le fond à aider l’impérialisme américain à abattre les formidables conquêtes sociales du peuple cubain pour instaurer un régime qui se foutra comme de l’an 40 des droits des hommes et des femmes à Cuba déjà obtenus (santé, droit au logement, etc).

    2) L’insuffisance de droits des cubains et des cubaines , sous formes de libertés d’expression, d’organisation et de gestion directe, indépendante, des entreprises par une démocratie des travailleurs. Ces insuffisances sont facteurs d’affaiblissement des droits du peuple cubain y compris facteur d’affaiblissement face aux tentatives permanentes de déstabilisation de l’impérialisme américain.

    On se trompe quand on essaye d’opposer droits de l’homme et droits des peuples, on affaiblit en fait, et les uns et les autres. Et incidemment on donne justifications aux gigantesques exactions permanentes qu’opèrent le règne du capital et de ses états sur la planète.

    L’espérance socialiste est une espérance de libération de la plupart des jougs qui accablent les êtres humains, ce qui entrave leurs libertés au concret (du moins les libertés qui ne sont pas des libertés d’opprimer ou d’exploiter autrui), est ce qui contrecarre cette espérance dans une société. C’est (ces entraves) ce qui reste du groin de l’ancien temps, ces habitudes d’oppression, ces fondements du capitalisme...

    Copas