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Les fonds de pension à l’assaut des hôpitaux publics

Publie le jeudi 16 février 2006 par Open-Publishing
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Les fonds de pension à l’assaut des hôpitaux publics

Cela semble incroyable. Et pourtant, un communiqué commun entre l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, la Deutsche Bank et le groupe financier Dexia annonce le lancement d’un programme de financement d’un milliard d’euros ! Le communiqué (lire page 5) précise que, « dotée de cet instrument, l’AP-HP pourra venir régulièrement sur les marchés ».

Précisons : le groupe Dexia est contrôlé à 53,3 % par ce que l’on appelle pudiquement du « capital flottant », c’est-à-dire, pour l’essentiel, les fonds de pension.

En clair : l’AP-HP est livrée aux fonds spéculatifs, principalement nord-américains.

Pourquoi Dexia « investit-il » dans AP-HP ? Une dépêche (AOF, 13 janvier) nous apprend que Dexia « vise une croissance du bénéfice par actions et du dividende de 10 % l’an ». Et son administrateur-délégué précise que, pour 2006, il y aura une « croissance très forte ».

Croissance très forte ?

La société d’analyse et de notation financière Fitch Ratings a été sollicitée par des banques pour prévoir les conséquences de l’endettement croissant des hôpitaux publics français. Dans cette étude rendue publique le mois dernier (dépêche APM, 20 janvier), Fitch Ratings met en garde : « Les prêteurs s’interrogent sur la solvabilité de long terme (...). A long terme, il y a une vraie question. »

Les fonds de pension spéculatifs, qu’ils investissent dans l’acier ou dans les hôpitaux, n’ont qu’un objectif : le retour sur investissement, le profit immédiat.

Livrés à la spéculation, les hôpitaux publics subiront le sort d’Arcelor, de Moulinex, du textile : on dégraisse, on ferme, on liquide tout ce qui n’est pas rentable ou pas assez rentable, on accroît jusqu’à l’intolérable la productivité du travail, on licencie, on augmente les tarifs des activités conservées. Dehors les mal-portants, les pauvres, les nécessiteux, dehors les travailleurs... Mais au fait, s’agit-il même « d’investir » dans l’hôpital ? Ne s’agit-il pas plutôt d’un simple pillage, d’une pure spéculation ? Même le responsable de Fitch Ratings - dont le métier est pourtant la spéculation en Bourse - résume la situation en ces termes : « Finalement, l’exposé des motifs du plan Hôpital 2007, c’est en quelque sorte “il faut investir et on va vous aider à vous endetter”. »

Il s’agit donc de fabriquer une dette comme on l’a fait en Afrique, en Asie..., et, ensuite, pour rembourser la dette, pour payer les intérêts..., il faudra liquider, liquider, liquider.

Au fait, comment tout cela est-il possible ? Au point de départ : le pacte de stabilité du traité de Maastricht, qui enjoint à l’Etat de réduire ses dépenses publiques, de se désengager des services publics et de tourner ceux-ci vers le financement privé. En application de quoi, une ordonnance de 2003, dans le cadre du plan Hôpital 2007, instaure les partenariats public-privé (PPP), salués par un Livre vert de l’Union européenne à la même époque.

Et voilà pourquoi les profits réalisés sur le CAC 40 à la Bourse de Paris (CAC 40 dont fait partie Dexia) n’ont jamais été aussi élevés.

Et voilà pourquoi, demain, ce fleuron de l’hospitalisation publique de la région parisienne devrait être démantelé et liquidé ! Qui peut l’accepter ? Cette question, nous vous la posons particulièrement à vous, MM. Delanoë, président (PS), et Lhostis, vice-président (PCF) du conseil d’administration de l’AP-HP ! Est-il possible que vous laissiez faire ?

La privatisation, c’est la destruction !

L’hospitalisation publique est un outil de civilisation.

Non à la privatisation !

Rupture avec Maastricht et l’Union européenne !

Daniel Gluckstein

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